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Lu sur le site du Dauphiné libéré ce lundi 1 er octobre 2018
CHARAVINESLa page se tourne définitivement pour Arjowiggins
À Charavines, les premiers signes du changement d’ère sont déjà visibles : une remorque siglée “Global Hygiène” est positionnée devant les bâtiments de l’ancienne usine d’Arjowiggins. Photo Le DL/Michel THOMAS
Il aura fallu attendre quatre ans et demi pour que les choses avancent de façon décisive : en avril 2014, Sequana, maison mère d’Arjowiggins, annonçait sa décision de céder ses deux usines spécialisées dans les activités “graphiques” et “papiers de création”, sises à Wizernes (Pas-de-Calais) et Charavines. Dans quelques jours, les premiers coups de pelle débuteront pour que Global Hygiène, un groupe bourguignon spécialisé dans l’hygiène et l’essuyage à usage unique, puisse faire redémarrer une activité de production de ouate de cellulose dans la vallée de la Fure. Luc Brami, qui en est le directeur général, a accepté de lever le voile sur son projet.
Luc Brami, en octobre 2016, vous avez signé une promesse de vente avec le groupe Sequana, pour racheter le site d’Arjowiggins à Charavines. Quand la vente a-t-elle été officialisée ?
Nous avons obtenu une autorisation d’exploiter début 2017. Et la vente a été finalisée avec Arjowiggins en juin 2017.
Pour quel montant ?
C’est évidemment confidentiel. Mais je peux vous dire que mon projet de reprise s’élève à 20 millions d’euros, pour l’immobilier, l’ingénierie et la machine. Et que l’immobilier (site, bâtiments) ne dépasse pas 20 % de cet investissement, ce qui représente 4 millions d’euros.
Pourquoi les choses ont-elles pris tant de temps pour se concrétiser ?
Parce qu’il a fallu boucler le plan de financement. Je savais que ce serait un travail de longue haleine. J’ai été d’une constance totale depuis le début pour trouver l’argent. Jusqu’au bout. Et j’y suis parvenu.
Le groupe Global Hygiène est spécialisé dans la production de papier toilette, d’essuie-tout, de mouchoirs… Pouvez-vous repréciser le futur rôle du site de Charavines, dans tout cela ?
Nous y produirons de la ouate de cellulose, la matière première qui entre dans la composition de nos produits finis. Cela va nous permettre d’intégrer verticalement notre activité, au lieu de nous approvisionner à l’étranger.
Quel est le calendrier qui a été retenu ?
Les travaux vont démarrer dans quelques jours, pour démolir le bâtiment, datant de début 1900, qui abritait l’ancienne machine à papier d’Arjowiggins. Nous construirons un nouvel édifice qui accueillera notre outil de production début 2019. La machine y sera implantée à l’été 2019 et lancée début 2020.
Pourquoi démolir ce bâtiment plutôt que de le conserver ?
La machine pour produire de la ouate est plus courte que l’ancienne, mais beaucoup plus haute. Pour l’installer dans le bâtiment existant, il aurait fallu démolir le plancher entre les niveaux 1 et 2, ainsi que 30 % du plancher du niveau 3. Or, il s’avère que ce site est en zone sismique de niveau 3 : ce scénario était donc trop aléatoire, car sans ses planchers, nous n’avions aucune certitude que ce bâtiment puisse résister aux contraintes sismiques. Le détruire pour en construire un nouveau n’est pas la solution la moins coûteuse, mais c’est la moins soumise aux aléas.
Quelles sont les caractéristiques techniques de cette nouvelle machine ?
Elle fait 12 mètres de haut, 30 mètres de long et dispose d’un cylindre central de 6 mètres de diamètre.
Comment la mettrez-vous en place ?
De façon presque concomitante avec le nouveau bâtiment. En fait, nous allons construire son écrin et nous ne fermerons la toiture que lorsque la machine y sera installée. Pour l’heure, des phases de calculs sont en cours pour positionner correctement cette machine, en prenant en compte ses charges et ses contraintes. Une fois que nous aurons tout récupéré de la part du fabricant, la démolition du bâtiment existant sera lancée.
Allez-vous faire travailler les entreprises locales pour ces travaux ?
C’est prévu, en effet. Une entreprise de Saint-Égrève, GBR (Générale de bâtiment et de rénovation), en est chargée.
La page Arjowiggins se tourne… Quel est votre état d’esprit ?
Je reste concentré plus que jamais. Je veux faire quelque chose de propre, être fidèle à mes engagements.
Comment cette nouvelle usine va-t-elle s’appeler ?
Fregata Hygiène, papeterie de la Montgolfière. Je souhaitais rendre hommage à la famille de Montgolfier, qui a créé l’industrie papetière sur ce site charavinois, en 1850.
Et Fregata ?
C’est le nom d’un oiseau, en latin.
Comme une envolée, en somme, pour ce site. Une nouvelle aventure…
Oui, l’idée me plaît bien.
Une réunion publique a lieu ce lundi soir à Charavines Ce lundi 1er octobre, à 19 h 30 dans la salle de réunion du centre de Charavines, Luc Brami, directeur général de Global Hygiène, vient à la rencontre des habitants. Cette réunion publique, prévue dans un créneau d’une heure, se fera en amont de la séance du conseil municipal. Il déclare « venir détailler le projet, le calendrier et le contexte », tout en étant ouvert pour répondre aux questions de la salle. Qui est Global Hygiène ? Sis à Auxonne (Côte-d’Or), Global Hygiène annonce (via son site web) un chiffre d’affaires de 47 millions d’euros, un effectif de plus de 130 salariés et près de 35 lignes de production. Ce groupe est spécialisé dans l’hygiène et l’essuyage à usage unique.
Entre 35 et 40 emplois vont être créés sur le site, avec un recrutement local
« Le site d’Arjowiggins a été arrêté proprement par les anciens salariés. Je leur en suis reconnaissant, car cela va contribuer à faire redémarrer l’usine sans trop tarder », explique Luc Brami, directeur général de Global Hygiène. Photo Le DL/Michel THOMAS
C’était l’une des questions centrales, lors de la rude bataille sociale qui a opposé les salariés à la direction d’Arjowiggins : qu’allaient devenir les 158 personnes licenciées par le groupe ?
Depuis le 30 juin 2015, date officielle de la fermeture du site à Charavines, de l’eau est passée dans la vallée de la Fure. Mais cette question de l’emploi, aussi bien des anciens “Arjo” que des nouveaux salariés recrutés par Global Hygiène, reste une préoccupation majeure du territoire
Par Propos recueillis par A. S. | Publié le 01/10/2018 à 06:00 |Mis à jour il y a environ 1 heures | Vu 42 fois
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