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mercredi 4 juillet 2018

A l'approche des européennes, les socialistes " insoumis " prennent leurs distances avec LFI


4 juillet 2018

A l'approche des européennes, les socialistes " insoumis " prennent leurs distances avec LFI

Les cofondateurs du mouvement dénoncent un verrouillage de la liste qui doit être dévoilée jeudi

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C'est une annonce qui tombe au plus mal pour La France insoumise (LFI). A trois jours de l'annonce de la liste pour les élections européennes de 2019, les  socialistes " insoumis ", emmenés par l'économiste Liêm Hoang Ngoc, ont décidé de " suspendre " leur participation au mouvement populiste de gauche. En cause : " Les choix politiques opérés aujourd'hui par La France insoumise pour les élections européennes. " Ces socialistes avaient quitté le Parti socialiste (PS) en  2015 et ont participé à la fondation de LFI un an plus tard.
Dans un communiqué envoyé lundi 2  juillet au matin, ils se montrent très critiques envers le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Selon eux, il y a une volonté de verrouillage de la liste qui doit être rendue publique ce jeudi.
" La liste de candidats éligibles en voie d'être proposée écarte les candidats les plus compétents pour mener le très dur combat qui s'annonce sur le terrain (…) de la politique économique. Or, la défense de nos positions ambitieuses sur l'articulation plan A - sortie concertée des traités européens et négociation d'autres règles - /plan B - sortie des traités européens unilatérale par la France en cas d'échec de la première méthode - nécessite qu'elles puissent être portées au plus haut niveau de sérieux et de crédibilité ", estiment-ils.
Ils ajoutent : " La mise à l'écart de Liêm Hoang Ngoc, rapporteur sur la “troïka” au Parlement européen en  2014, dont chacun s'accorde à dire qu'il est la plus forte voix de La France insoumise pour porter ces propositions (…) est une grossière erreur politique. " Ils demandent donc à LFI de " reconsidérer cette liste " et suspendent leur participation à " l'espace politique ", structure censée être le lieu des débats entre les différentes structures politiques des " insoumis ".
" Pas une histoire de place "" Nous savons déjà que nous n'avons pas la place que l'on mérite, explique Olivier Spinelli, l'un des socialistes “insoumis”. Cette décision montre que LFI a renoncé, voire capitulé, à mener la bataille sur le terrain économique. " Il ajoute, mordant : " On va partir de LFI, on ne se reconnaît plus dans ce mouvement que nous avons fondé. Ils ont une approche politicienne et tambouillarde. " Ambiance.
M.  Hoang Ngoc, lui, utilise des termes plus policés. " Ce n'est pas une histoire de place, je suis économiste, je ne vis pas de la politique… C'est le moment de montrer la diversité du mouvement, mais sur les douze premières places, c'est le Parti de gauche- parti fondé par Jean-Luc Mélenchon en  2008 et qui a donné naissance à LFI - qui a tout ", estime le coauteur du programme économique de M. Mélenchon.
Si les socialistes " insoumis " ne représentent pas numériquement une grande force, le fait de voir l'économiste en chef claquer la porte de LFI arrive au plus mauvais moment pour les " insoumis " qui veulent rapidement lancer leur campagne. Jean-Luc Mélenchon travaille à élargir et à consolider son alliance avec d'autres mouvements européens dans le cadre de " Maintenant le peuple ". Une stratégie qu'il détaille dans un long entretien à Mediapart, lundi.
Trois nouvelles formations (danoise, suédoise et finlandaise) ont rejoint le 27  juin les trois cofondateurs : LFI, les Espagnols de Podemos et les Portugais du Bloco. Le député des Bouches-du-Rhône était ainsi à Madrid, lundi, où il intervenait à l'université Complutense et tenait un meeting le soir avec Pablo Iglesias, le chef de file de Podemos.
LFI doit aussi donner sa liste pour les élections européennes jeudi 5  juillet. Une liste provisoire et non ordonnancée de 70 noms ? où figure M. Hoang Ngoc ? a déjà été publiée le 5  juin. Ce n'est plus un secret que la liste devrait être conduite par Charlotte Girard, coresponsable du programme de La France insoumise, et par Manuel Bompard, l'homme fort du mouvement, même si on ne sait qui d'entre eux sera en première position. Le député européen sortant Younous Omarjee devrait aussi jouer un rôle majeur dans la campagne européenne.
Parmi les personnes connues présentes sur la future liste, figurent Sergio Coronado, ancien député Vert, William Martinet, ancien président de l'UNEF, le politologue Thomas Guénolé, Gabriel Amard, un proche de M. Mélenchon, ou encore Djordje Kuzmanovic, son conseiller sur les questions internationales. Neuf places sont réservées à des alliés potentiels. Certains " insoumis " souhaitent, par exemple, que le chef de file de l'aile gauche du PS, Emmanuel Maurel, les rejoigne.
Une chose est sûre : du côté de LFI, on veut temporiser. Manuel Bompard se refuse à tout commentaire. Charlotte Girard explique que si M. Hoang Ngoc ne fait pas partie des douze premiers candidats (qui ont de grandes chances d'être élus), ce n'est pas une mise à l'écart : " On a suivi une règle simple qui était de ne pas prendre des gens déjà élus. Liêm est conseiller régional - en Occitanie - , comme Corinne Morel Darleux - membre du PG, élue en Auvergne-Rhône-Alpes - . Tous les deux sont dans la même situation.  Il faut qu'on se parle. "
Abel Mestre
© Le Monde

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