29.juillet.2018
Afghanistan : « Les talibans sont bien plus forts qu’avant l’intervention américaine »
Source : Le Figaro, Julien Licourt, 11/03/2018
INTERVIEW – Les attentats sanglants rythment le quotidien des Afghans. Karim Pakzad, chercheur à l’Iris et spécialiste du pays, estime que les talibans ont radicalisé leurs méthodes à cause de la concurrence imposée par Daech.
LE FIGARO. – Pendant longtemps, les talibans avaient pour coutume de cesser les combats pendant l’hiver et de déclencher, entre mars et avril, une traditionnelle «offensive de printemps». Cela sera-t-il encore le cas cette année?
Karim PAKZAD. – Dans certaines parties d’Afghanistan, l’hiver est rude. Il y neige abondamment. Lorsque l’influence des talibans étaient limitées à ces zones, il était impossible pour eux de braver les éléments. Leur action militaire devait attendre les bons jours. Cette offensive de printemps, telle qu’elle était pratiquée, n’a plus lieu: les talibans se sont considérablement renforcés. Ils contrôlent aujourd’hui 40% du territoire afghan, agissent en plusieurs entités parfois indépendantes et recrutent au-delà de la seule ethnie pachtoune, qui composait traditionnellement leurs troupes. Ils sont capable de lancer des offensives à n’importe quel moment de l’année.
Les talibans sont aujourd’hui bien plus puissants qu’il y a 17 ans, au début de l’intervention américaine. À l’époque, ils se sont réfugiés dans leurs bases après avoir été chassés de Kaboul. Il a fallu attendre un à deux ans pour qu’ils puissent mettre en place leur guérilla. Et encore, les Occidentaux expliquaient au même moment que Kaboul était la ville la plus sûre du monde. Aujourd’hui, à cause des attaques, les habitants de la capitale ne savent pas s’ils vont rentrer vivants chez eux à chaque fois qu’ils sortent.
Outre la multiplication des attaques au cours de l’année, les méthodes des talibans ont changé. Il y a quelques années, ils prenaient pour cible les forces armées étrangères ou les positions du gouvernement afghan. Aujourd’hui, leurs attentats font des centaines de morts dans la population civile. Faut-il y voir l’influence de Daech?
L’implantation de Daech est récente en Afghanistan. Elle date de décembre 2014, et leur action a réellement commencé en 2015. Il y a une concurrence entre les deux groupes. Il y a eu des combats très violents entre eux. Quand Daech a coupé des têtes de talibans, ces derniers se sont mis à faire la même chose et à les aligner au bord des routes. La rivalité a radicalisé les talibans qui, aujourd’hui, ne se soucient plus des pertes civiles et que l’on peine parfois à distinguer le commanditaire de tel ou tel attentat.
Il existe cependant toujours une différence importante entre les deux. Si les talibans sont des extrémistes religieux, leur lutte comporte une dimension nationaliste: il s’agit à leurs yeux de lutter contre une invasion étrangère. À l’inverse, la stratégie de Daech est internationaliste. Le groupe ne souhaite s’implanter dans le pays que pour en faire une base arrière afin de s’en prendre à d’autres régions du monde. Son but est de provoquer une guerre civile interreligieuse et interethnique. Il prend donc pour cible des mosquées et des lieux de prière chiites.
Une conférence pour la paix réunissant une vingtaine de pays et d’organisations internationales s’est déroulée la semaine passée à Kaboul. Le président afghan, Ashraf Ghani, a proposé de reconnaître les talibans comme une force politique en échange d’une reconnaissance de la Constitution par ces derniers. L’offre a été déclinée, au motif qu’elle s’apparentait à une reddition. Cette conférence n’aura-t-elle donc servi à rien?
Elle aura au moins permis aux pays présents de discuter de l’ensemble des problématiques. Mais cette conférence s’est déroulée dans un moment assez délicat pour le gouvernement afghan. Face à des talibans plus que jamais actifs, un durcissement avait été annoncé: il n’y aurait plus de trêve avec l’ennemi, la paix irait se chercher sur les champs de bataille. Seulement, lors de la conférence, il a bien fallu annoncer quelque chose. Le Président a fait mine de lancer une proposition aux talibans. Ces derniers, qui contrôlent presque la moitié du pays, qui ne reconnaissent pas le pouvoir de Kaboul, qui ne souhaitent que discuter avec les Américains, ne pouvaient que décliner cette offre.
Où en est l’Afghanistan finalement?
Le pays est dans une impasse militaire. Aucune partie n’arrive à l’emporter sur l’autre. Le gouvernement est incapable d’assurer la sécurité, notamment dans les rues de Kaboul. Les talibans, eux, n’arrivent qu’à contrôler des petites villes, mais pas les grandes. Ces deux parties devront finir par se parler. Encore faudrait-il qu’elles se reconnaissent un jour.
Source : Le Figaro, Julien Licourt, 11/03/2018
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]
Haricophile // 29.07.2018 à 07h28
Il y a un petit air de ressemblance entre les incendies en Grèce et les talibans. En Grèce on a foutu des petits feux pour des raison immobilières, sauf que ça a dégénéré de manière incontrôlable.
En Afghanistan, les amerloques ont foutu le feu avec les Talibans pour piéger les Russes, ça a excellement marché au début mais ça a dégénéré de manière incontrôlable.
Depuis pas mal d’année déjà, les amerloques se comportent comme des pompiers incendiaires, sauf qu’il sont des pompiers exécrables. S’ils continuent, c’est parce que leur hallucinante industrie de l’armement est incontrôlable et incontrôlé même par le sénat, et engrange des profit pharaoniques au détriment de tout le monde y compris d’eux-même. Actuellement ils se font dévorer de l’intérieur par le coût colossal de cette industrie et la rencontre Trump-Poutine sur ce sujet me fait dire que quelque part Trump est certainement fou, mais pas si idiot. En tout cas beaucoup moins idiot et psychopathe que le “deep-state” quoique on en dise et malgré qu’il soit très instable.
Les gens pleins de bonnes intentions comme les socialistes des USA devraient faire attention de ne pas ce tromper de cible, ce n’est pas Trump qu’il faut destituer, c’est le deep-state qu’il faut éradiquer. Sinon le seul effet sera de remplacer Trump par pire encore.