Bougival : indignation après la descente de police chez Emmaüs
||27 juillet 2018, 18h53
Le responsable de la communauté et ses soutiens dénoncent une « démonstration de force » après le contrôle pour « travail dissimulé » effectué par la police et de l’administration.
La colère ne retombe pas. Au contraire, quatre jours après la descente de police chez Emmaüs Port-Marly - Bougival, le collectif des 30 associations du réseau Accueil des Migrants en Yvelines (Ramy) s’interroge dans un communiqué sur « l’objectif de cette manifestation de force », tandis que les 20 organismes d’Initiatives Solidarité et Environnement s’indignent d’« une intrusion insupportable ».
Lundi matin, « d’un seul coup, une dizaine de voitures de police et une trentaine de fonctionnaires ont débarqué dans la cour pour une opération coup de poing », décrit Jacky, le responsable de cette communauté hébergeant une centaine de personnes qui travaillent aussi sur le site. « Au départ, la police refuse de présenter un document officiel. Finalement, elle montre un papier où je retiens qu’un procureur demande une investigation pour travail dissimulé, écrit-il sur le site de la communauté. Bizarre quand même : personne ne demande le registre du personnel, personne ne demande les déclarations Urssaf. Cela ressemble bien à une excuse. »
L’homme soupçonne « une instrumentalisation de l’Urssaf pour mettre la pression sur les organismes qui accueillent des étrangers ». « Il y avait une espèce de sanctuarisation d’Emmaüs. C’est la première fois qu’on voit ça depuis 1954, accuse-t-il. Mon rôle à moi est d’accueillir les gens à la rue, quelle que soit leur origine. Et ils en ont profité pour aller contrôler des gens, y compris en frappant aux portes des compagnons retraités et les faisaient sortir, alors que clairement, ils n’étaient pas au travail. »
Bougival, jeudi. Une centaine de compagnons vivent en communauté et travaillent sur le site. LP/Aurélie Foulon.
« Usant de la discrimination au faciès, ils ont emmené 4 compagnons d’origine étrangère et les ont conduits au centre de la Police de l’Air et des Frontières (PAF) de Saint-Cyr l’Ecole, dont ils sont ressortis le même jour. Tous ont retrouvé la Communauté », s’indigne encore le Ramy.
Il s’agissait seulement d’« une opération du Comité opérationnel départemental anti-fraude, sur réquisition du procureur », précise une source proche de l’enquête. Le Codaf, qui réunit les services de l’Etat (police, gendarmerie, administrations préfectorale, fiscale, douanière et du travail) et les organismes de protection sociale (Pôle emploi, Urssaf, caisses d’allocations familiales, d’assurance maladie et de retraite, le régime social des indépendants, la MSA) contrôlent régulièrement les « restaurants, coiffeurs, chantiers ou les marchés pour s’assurer que les règles sont respectées » explique un policier. A l’entendre, il s’agirait donc d’un contrôle de routine, sans aucune volonté de mettre la pression sur Emmaüs.
Contactés, les services du procureur de Versailles et de la préfecture des Yvelines n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
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