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mardi 31 juillet 2018

Le casse-tête de l'hébergement des SDF en été......


31 juillet 2018

Le casse-tête de l'hébergement des SDF en été

Partout en France, la situation pour les sans-abri est critique

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L'été est toujours une -période pénible pour les sans-abri, quand beaucoup de structures d'accueil, de restauration ou d'approvisionnement ferment. La situation en  2018 ne déroge pas à cette habitude. Sur le plan de l'hébergement, celle-ci -s'annonce même pire que l'an passé en dépit de la promesse d'Emmanuel Macron, faite il y a un an, le 27  juillet 2017, à Orléans, et réitérée lors de ses vœux du 31  décembre : " La première bataille, c'est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d'ici la fin de l'année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, perdus. C'est une question de dignité. C'est une question d'humanité et d'efficacité là aussi. " Le Collectif Les Morts de la rue déplorait, le 24  juillet, 212  décès depuis le début de l'année, un chiffre de la même ampleur qu'en  2017.
Depuis fin mars, les places ouvertes en hiver par le gouvernement pour cause de grand froid ferment progressivement, obligeant les services départementaux du 115 (numéro d'urgence pour les sans-abri) à remettre des milliers de familles à la rue, leur signifier la fin de leur prise en charge en hôtel, sans autre solution. " Le gouvernement a bien pérennisé 5 000 places, ce qui est un minimum, reconnaît Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Mais les chiffres du 115 sont inquiétants : à Paris, de 500 à 600  familles avec enfants appellent et n'obtiennent pas de réponse ; en Seine-Saint-Denis, elles sont entre 150 et 200. Les personnes isolées n'appellent même plus, sachant qu'elles n'ont aucune chance. Dans plusieurs départements, les services d'orientation sont obligés de faire un tri, mettant à l'abri les femmes enceintes de plus de sept ou huit mois ou les enfants de moins de 3  ans, ce qui, en creux, signifie qu'on tolère, dans une certaine indifférence, que tous les autres restent dehors. "
C'est le cas dans les Hauts-de-Seine, à Marseille, Lyon ou Toulouse, où la situation est critique. Des campements de rue se reconstituent, comme à Nantes où 400  personnes, des migrants, ont été délogées le 23  juillet, avec une proposition de relogement pour la moitié d'entre eux seulement.
Le collectif des 36  associations unies dénonce, lui, les restrictions budgétaires, la réduction des crédits pour les nuits d'hôtel et des dotations de fonctionnement des centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). En mai, le gouvernement a publié un arrêté plafonnant le tarif journalier des CHRS, espérant une économie de 20  millions d'euros dès 2018 et de 57  millions d'euros en quatre ans. " Nous combattrons jusqu'au bout et comptons attaquer devant le Conseil d'Etat cet arrêté qui contrevient au principe d'accueil inconditionnel inscrit dans le code de l'action sociale ", prévient M.  Gueguen.
La situation est aussi rendue -critique par l'engorgement des centres d'hébergement, les sorties vers un logement pérenne ne concernant qu'à peine 3 % des personnes accueillies. " La moitié des familles ont des problèmes de papiers et ne sont ni expulsables ni régularisables. Le vrai courage politique serait de les régulariser et ne pas le faire est très contre-productif ", estime Bruno Morel, -directeur d'Emmaüs Solidarité.
Performances socialesSortir les familles des hôtels où -elles s'entassent parfois depuis des années est le défi lancé aux gestionnaires des centres d'accueil. Adoma (ex-Sonacotra), filiale de la Caisse des dépôts, a ainsi répondu à un appel d'offres lancé en  2017 par le précédent gouvernement pour racheter à la chaîne Accor 59 hôtels commerciaux et les transformer en 7 500 places d'hébergement. Le montage est original puisque la rémunération du gestionnaire dépend en partie de ses performances sociales, notamment du taux de sortie vers un -logement, du taux de scolarité des enfants, de l'ouverture de droits sociaux et de l'élaboration d'un projet d'intégration personnalisé.
L'achat des hôtels et leur rénovation ont été financés, pour 130  millions d'euros, par le fonds d'investissement à impact social Hémisphère, créé avec les grands assureurs français qui recevront, en retour, une rémunération d'environ 3 %. Un ancien hôtel Formule  1 près de Cergy (Val-d'Oise), planté le long d'une nationale dans une zone commerciale un peu déclinante, accueille ainsi, depuis juin  2017, près de 90  personnes. A chaque étage ont été aménagées une lingerie et deux cuisines qui permettent la préparation des repas, impossible dans un établissement ordinaire. " Le plus dur est de convaincre certaines collectivités locales d'accepter cette population mais, là où nous sommes, cette coopération se passe très bien ", affirme Jean-Paul Clément, directeur général d'Adoma.
Isabelle Rey-Lefebvre
© Le Monde


31 juillet 2018

Des petits déjeuners et de l'eau pendant les fortes chaleurs

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Le soleiln'a pas encore pointé son premier rayon, mais l'air est déjà tiède, épais, et annonce la journée à venir, la plus chaude de la semaine. Devant le parvis de la gare de l'Est, vendredi 27  juillet, la Kangoo grise siglée " Armée du salut " s'est garée dès 6 h 20 dans la rue quasi déserte. Quelques habitués s'approchent. C'est l'heure du petit déjeuner.
C'est en avril  2017 que l'association a lancé l'initiative. Elle est toujours seule à occuper ce créneau. " C'est un repas que les personnes sans-abri ont l'habitude de sauter, alors qu'il y a un vrai besoin ", explique David Germain, responsable de la communication. Chaque jour, 150  petits déjeuners sont prêts à être distribués sur un parcours à plusieurs étapes, avec la gare comme départ et arrivée.
A chaque arrêt, on se presse autour du coffre grand ouvert et plein à craquer : café, thé, chocolat chaud, gâteaux en tout genre, et surtout de l'eau, en quantité, pour faire face aux températures caniculaires, qui devraient avoisiner ce jour-là les 37 0C. " On a augmenté le stock aujourd'hui, affirme Joël, 47 ans, salarié depuis dix ans à l'Armée du salut. J'ai mis trois packs au lieu de deux habituellement. " Au total, ce sont 72 bouteilles d'eau qui seront données dans la rue. C'est peu, si l'on en croit l'ampleur de la demande. " Mais on ne peut pas trop en prendre, justifie Joël, sinon on doit enlever autre chose. "
Debrouillardise" La chaleur, c'est mortel ", reconnaît Mary, 70 ans, appuyée sur le manche de son cabas à roulettes. Elle y range précieusement la bouteille de 33  cl qu'on vient de lui donner. Ces derniers jours plus que d'ordinaire, boire et se rafraîchir est devenu la priorité pour les personnes sans-abri, qui sont les plus exposées à la chaleur, et donc aux risques. Pour Mary et les autres, c'est la débrouillardise qui prime. " Je peux boire aux fontaines, dans les parcs ou ailleurs, explique René, 60 ans. Il y a aussi les douches et toilettes publiques. " D'autres demandent des verres d'eau dans les bars et les restaurants, avec plus ou moins de succès. " Parfois ils refusent, pour pas qu'on dérange les clients ", dit un homme d'une trentaine d'années.
La ville de Paris dispose de nombreuses fontaines, et a multiplié les points de rafraîchissement depuis le début de l'été, si bien qu'il y a " toujours moyen de trouver de l'eau ", comme le fait remarquer Zina, installée au pied des marches de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul. Encore faut-il savoir où elle se trouve. " On manque d'information, déplore René. Souvent, on doit chercher nous-mêmes, alors que ce serait plus simple s'il y avait des panneaux d'affichage dans la ville. "" Hier, on leur a distribué les cartes des fontaines de Paris, mises à disposition par la Mairie ", précise Joël.
A la fin de la matinée, le stock de bouteilles est déjà épuisé. Cent quatre-vingts personnes se sont présentées ce jour-là. " C'est vingt de plus que ces deux derniers jours ", constate David Germain. Le coffre se referme. Une poignée de main, un sourire, et une promesse : celle de revenir demain matin, avec plus d'eau cette fois.
A.Pa.
© Le Monde

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