C'est un nom qui surprend. Thomas Guénolé, politologue coresponsable de l'école de La France insoumise (LFI), apparaît au sommaire du numéro 48 de la revue Krisis, consacrée à la " nouvelle économie ". Fondée en 1988 et toujours dirigée par Alain de Benoist,la publication est née dans le creuset de la nouvelle droite (école de pensée qui se situe entre droite et extrême droite, et qui voulait lier combat politique et combat culturel). L'une de ses spécificités est d'ouvrir ses colonnes à des intellectuels de gauche pour sortir de son isolement.
La présence de M. Guénolé, qui a toujours développé des positions aux antipodes de la Nouvelle droite, interroge. Et pourrait brouiller l'image du mouvement puisque M. Guénolé devrait être candidat sur la liste de LFI aux européennes. Pas sûr, en tout cas, que LFI, qui n'a pas été prévenue, selon M. Guénolé, apprécie. Contacté, Manuel Bompard, homme fort du mouvement populiste de gauche, n'a pas donné suite. Thomas Guénolé justifie sa présence au nom du débat.
" Soit on ne parle pas à l'extrême droite, soit on débat pour lui porter la contradiction. Je n'ai aucune connivence intellectuelle avec la Nouvelle droite, mon parcours en atteste. J'apporte la contradiction à la pensée d'extrême droite ", insiste-t-il.
Le texte de l'" insoumis ", intitulé " Peut-on sortir de la mondialisation ? ", est tiré de son livre
La Mondialisation malheureuse (First, 2016). C'est une critique en règle de
" l'identitarisme " politique de l'extrême droite à laquelle M. Guénolé préfère les forces
" altersystèmes ", incarnées notamment par les gauches alternatives.
" L'identitarisme ne résout aucun des problèmes politiques prioritaires de notre temps (…).
Il détourne l'attention des véritables enjeux ; ainsi conforte-t-il le système qu'il prétend dénoncer ", peut-on lire. Thibault Isabel, rédacteur en chef de
Krisis, explique que c'est lui qui a proposé à Thomas Guénolé de le publier, il y a de cela un an quand il n'était pas encore officiellement " insoumis ".
" Je ne suis pas un homme de droite, je défends des positions tolérantes, rappelle M. Isabel, spécialiste de Pierre-Joseph Proudhon
. On n'est pas d'accord sur tout avec Alain de Benoist, qui est jugé plus à droite et peut avoir des positions vues par certains comme identitaires. " Il n'est pas sûr que tout le monde entende ces subtilités.
A. Me
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