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samedi 16 juin 2018

Social : Macron se refuse à tout changement de cap


15 juin 2018

Social : Macron se refuse à tout changement de cap

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 Le chef de l'Etat a opposé, mercredi, une fin de non-recevoir à ceux qui, dans la majorité, réclament " un rééquilibrage social " de la politique menée
" Je n'ai pas l'impression que, lorsqu'on redresse l'économie, l'on soit contre le modèle social ", a-t-il indiqué devant le congrès de la Mutualité
M. Macron a dit vouloir " bâtir " un nouvel " Etat-providence de la dignité et de l'émancipation ", mais sans dépenses supplémentaires
 La veille, dans une vidéo, il avait estimé que " le pognon de dingue " mis dans les minima sociaux n'empêchait pas " les pauvres de rester pauvres "
 Par ailleurs, la réforme du financement de la dépendance passera par une loi votée d'ici à la fin de 2019
Pages 6-7 et débats page 19


15 juin 2018

Ferme sur sa ligne, Macron refuse tout virage social

Malgré la pression de certains proches, le président a assumé sa politique, mercredi au congrès de la Mutualité française, en critiquant le niveau des dépenses sociales et la " promesse républicaine déçue "

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Qu'importent les multiples enquêtes d'opinion où les Français jugent sa politique comme étant de droite. Qu'importe cette note de Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean -Pisani-Ferry, trois économistes importants, dans l'élaboration de son programme, et qui aujourd'hui prônent " un rééquilibrage social ", regrettant notamment que " la lutte contre les inégalités d'accès " ne soit pas plus apparente dans l'action du gouvernement. C'est une fin de non-recevoir qu'Emmanuel Macron a signifiée à ceux qui, au sein de sa majorité ou ailleurs, lui demandent de donner un coup de barre à gauche pour rectifier le cap de son projet.
S'il s'est efforcé, devant le congrès de la Mutualité française, mercredi 13  juin, de redonner de la cohérence et du sens à son action, le président de la République n'a en rien dévié de sa route. " C'est le malentendu que je voudrais lever. J'entendais des commentateurs dire il va aller devant les mutuelles et faire un grand tournant social”.  Mais je n'ai pas l'impression que lorsqu'on redresse l'économie, on soit contre le modèle social ", a-t-il rappelé pour justifier ses mesures pro-entreprises, " mettre un plafond à la réussite n'a jamais réglé le problème de l'exclusion ".
A ceux qui en doutaient encore, le président avait fait parvenir le message quelques heures plus tôt sous la forme d'une vidéo, filmée dans le salon vert de l'Elysée et tweetée dans la nuit de mardi à mercredi par sa communicante Sibeth Ndiaye. On y voit Emmanuel Macron réfléchir à haute voix au discours qu'il tiendra le lendemain à Montpellier. " On met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif "dans le système de santé. Quant au " pognon de dingue " qu'on met dans les minima sociaux, il n'empêche pas " les pauvres de rester pauvres ". Dans les deux cas, conclut-il, il faut " prévenir et responsabiliser ". Et de se féliciter : " Là on a un fil directeur, avant (…) c'était de la lasagne faite avec de la paella. "
Une " Révolution profonde "Devant les mutualistes, Emmanuel Macron a eu des mots plus châtiés, mais il n'a pas dit autre chose. " C'est une refondation radicale dont nous avons besoin ", a-t-il lancé avant de délivrer son diagnostic sur le système de protection sociale français. Un système inefficace, coûteux et injuste, selon lui. " Tous les jours, nombre de nos concitoyens constatent que l'universalité - des droits - est mitée d'exceptions, de disparités, d'impasses, des situations où les droits promis ne sont pas des droits réels ",a-t-il développé. " Nous vivons dans un pays où la promesse républicaine est souvent déçue car nous avons maintenu les droits formels qui souvent n'existent que sur le papier, c'est ça l'indignation française contemporaine. Pourtant nous consacrons toujours davantage de notre richesse à la protection sociale. " S'il s'est montré intraitable sur le cap de son action, le chef de l'Etat s'est en revanche attaché à expliquer sa vision de la protection sociale, à en faire la pédagogie. Les remèdes qu'il veut prescrire à la société française, a-t-il martelé, relèvent bel et bien du volet " protéger " qu'il a promis aux côtés des réformes destinées à " libérer " le pays de ce qui l'entrave, selon le logiciel macroniste. Faisant appel à l'esprit du Conseil national de la Résistance, qui a créé la Sécurité sociale en  1945, le président a dit vouloir " bâtir " un nouvel " Etat-providence de la dignité et de l'émancipation " par une " révolution profonde qui redonne aux Français leurs droits ".
Une révolution, a tenu à préciser Emmanuel Macron, qui se fera sans dépenses supplémentaires. " Il ne faut pas considérer qu'il y aurait d'un côté ceux qui croient dans la transformation sociale et qui aligneraient les lignes de crédit et ceux qui n'y croient pas et qui seraient forcément pour réduire les dépenses. Mauvaise nouvelle : les dépenses sociales, vous les payez, nous les payons ", a estimé le chef de l'Etat, comme pour mieux souligner que le budget consacré à la protection sociale en France représente près du tiers du produit intérieur brut.
Dans ce discours de près d'une heure et demie, le chef de l'Etat n'a pas fait de nouvelles annonces. A l'exception d'une loi sur la dépendance, qui sera votée avant fin 2019, alors que la France comptera 5  millions de personnes âgées de plus de 85 ans d'ici à 2050. " Il nous faut construire un nouveau risque ", a-t-il déclaré, estimant entre 9 et 10  milliards d'euros le besoin de financement.
" Sortir d'une logique de guichet "Pour le reste, il a rappelé ses promesses de campagne et les chantiers sur lesquels travaille le gouvernement. A commencer par une loi sur les retraites, " qui sera votée au premier semestre de l'année 2019 " et permettra " que 1  euro cotisé donne le même montant de droits ", la mise en place, d'ici à 2021, du reste à charge zéro pour certaines lunettes, prothèses dentaires et audioprothèses. Ou encore, un plan contre la pauvreté et l'exclusion cet été. C'est sur ce sujet qu'Emmanuel Macron s'est le plus longuement apesanti. Après un début de cacophonie au sein de son gouvernement sur la réforme des aides sociales, notamment entre le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, et celui de l'économie, Bruno Le  Maire, le président espère avoir ainsi mis fin aux dissonances. " L'ensemble du gouvernement est mobilisé pour repenser la solidarité nationale ", a-t-il affirmé.
Pour Emmanuel Macron, " la première bataille, c'est l'école ", c'est par elle que commence " la fin de l'assignation à résidence ". Voilà pour l'aspect prévention, sur lequel l'exécutif a déjà mis des moyens (scolarisation à trois ans, dédoublement des classes de CP dans les quartiers défavorisés, fin du tirage au sort dans les universités). Pour le reste, a-t-il poursuivi, " il nous faut sortir d'une logique de guichet pour une logique d'accompagnement " vers le travail. Et faire, dans cette optique, exactement l'inverse de ce qui a été fait pour le RSA dont les dépenses ont depuis dix ans " augmenté de 80  % " quand les dépenses d'accompagnement pour ses allocataires ont chuté de 40  %. " On a créé un système qui, pour ce qui est de l'Etat, s'est déshumanisé ", a-t-il conclu, et " qui ne permet pas de s'en sortir " puisque la moitié des bénéficiaires du RSA le sont depuis plus de quatre ans.
Le chef de l'Etat reviendra sans doute plus précisément sur ces problématiques lors de son discours devant le Congrès, qui devrait être réuni à Versailles, le 9  juillet. Mais il faudra attendre l'été, et les arbitrages budgétaires qui accompagneront les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale 2019 pour en savoir plus sur ses intentions réelles.
Virginie Malingre
© Le Monde

15 juin 2018

L'hommage à Clemenceau après le " coup de com " vidéo

M. Macron s'est rendu sur la tombe du Tigre. Un moment solennel à l'opposé de ses propos triviaux tenus quelques heures plus tôt

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Ah ! Jésus arrive ! " Dans le petit village de Mouilleron-Saint-Germain (Vendée), c'est un peu jour de fête nationale. Retenues derrière des barrières métalliques, quelques centaines de personnes patientent sous le soleil. Emmanuel -Macron est attendu depuis une heure à la maison natale de Georges Clemenceau, où il doit inaugurer, ce mercredi 13  juin, un musée retraçant la vie du Père la victoire, l'homme qui a sauvé la France en lui faisant gagner la première guerre mondiale, en  1918. Mais pas question pour le chef de l'Etat de bouder le bain de foule.
" Vous allez bien ? "," Ça me fait plaisir d'être là ! "," Vous êtes adorable… " Encore plus que d'habitude, le président serre les mains, attrape les bras, enserre les épaules, souvent longuement. Chaque enfant a droit à un baiser sur la tête, les deux mains posées sur le crâne. " Accrochez-vous ! ", lui lance un retraité. " Ne vous inquiétez pas ", rassure Emmanuel -Macron, derrière lequel la ministre de la culture, Françoise Nyssen, et la secrétaire d'Etat aux armées, Geneviève Darrieussecq, tentent de se frayer un passage.
La séquence tombe à point nommé pour le président de la République. Attaqué par certains proches sur le déséquilibre de sa politique sociale, critiqué par une partie de sa majorité pour son absence d'humanité dans l'affaire de l'Aquarius, Emmanuel Macron sait qu'il traverse une passe délicate. Quoi de mieux qu'une immersion de deux jours, en Vendée et en Charente-Maritime, où le président devait visiter, jeudi, la base aérienne 721 de Rochefort, puis la maison de l'écrivain Pierre Loti pour mesurer sa popularité et faire taire ceux qui pensent l'énarque déconnecté du pays.
" Ces visites sont importantes, reconnaît Bruno Roger-Petit, le porte-parole de l'Elysée.Cela permet au chef de l'Etat de vérifier que le pays profond n'est pas crispé. " Malgré les difficultés, la cote de popularité d'Emmanuel Macron reste à un niveau élevé comparée à celle de ses prédécesseurs au bout d'un an de mandat. Selon le baromètre Elabe publié le 7  juin, 40  % des Français disent avoir toujours confiance dans l'action du président de la République. Surtout, fait-on remarquer avec satisfaction à l'Elysée, " le socle ne se fissure pas ". Toujours selon Elabe, " seulement " 19  % des électeurs du premier tour de M. Macron se disent déçus de son action.
" Rester ancré dans le réel "A écouter son entourage, ces " immersions " sont aussi " un moment de détente "bienvenu au milieu des polémiques. " Il apprécie d'être avec les gens. Ces interactions avec la vie de tous les jours, c'est ce qui permet au président de rester ancré dans le réel alors qu'il est en lévitation au palais " de l'Elysée, assure un proche. Emmanuel Macron a d'ailleurs demandé à ses équipes de lui organiser davantage de ces visites sur le terrain, malgré un agenda international très chargé.
Quelques heures plus tôt, le chef de l'Etat s'était recueilli sur la tombe de Georges Clemenceau, à Mouchamps (Vendée), où il s'était rendu une première fois en août  2016, lorsqu'il était encore ministre de François Hollande. " Savoir se dresser et retrouver (…) la force, la fierté de la République et la force d'âme qui a toujours fait le peuple français, c'est en ça qu'il m'inspire ", a déclaré M. Macron, avant de se recueillir devant le carré de terre entouré d'une simple grille de fer forgé où repose le Tigre. " L'esprit de défaite peut saisir tout un peuple ", a aussi mis en garde le président en référence à l'année 1917, où la France était prête à lâcher face aux offensives allemandes, avant que Clemenceau ne prenne les rênes du pays.
Un moment solennel à l'opposé de la trivialité de la vidéo postée, la veille, par l'Elysée, où l'on voit Emmanuel Macron s'insurger contre " le pognon de dingue " dépensé dans les aides sociales, sans mettre pour autant un terme à la pauvreté. Durant la première journée de son périple, le président n'a pas été interpellé sur le sujet. Son entourage se montrait d'ailleurs très satisfait du " coup de com " dénoncé par Bruno Retailleau, sénateur LR de Vendée, qui avait accueilli le chef de l'Etat à Mouchamps. " Cette vidéo synthétise en très peu de temps la conception des politiques sociales d'Emmanuel Macron. La publier nous a semblé utile, car beaucoup de gens s'informent aujourd'hui par les réseaux sociaux ", assumait un conseiller. A son époque, Georges Clemenceau avait lui aussi voulu parler directement au plus grand nombre. C'était dans le journalL'Aurore, pour défendre Alfred Dreyfus.
Cédric Pietralunga
© Le Monde


15 juin 2018

" Il vaut mieux prévenir que guérir, mais il n'existe pas de vaccin contre la pauvreté "

Pour l'économiste Louis Maurin, les inégalités sont fortes en France, mais grâce au système de redistribution, les pauvres le sont plutôt moins que dans les grands pays européens

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UNE LOI SUR LA DÉPENDANCE AVANT FIN 2019
La réforme du financement de la dépendance, déjà annoncée par Emmanuel Macron, passera par une loi votée avant la fin 2019, a-t-il promis mercredi 13 juin. Il ne s'agit pas " simplement d'un engagement financier  il sera au rendez-vous car il nous faut investir sur ce sujet –, mais il nous faut construire un nouveau risque ", a-t-il ajouté. Cette mesure fait suite à la mobilisation des personnels des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, en grève à deux reprises depuis janvier.La loi sera précédée d'une concertation nationale qui doit aboutir début 2019. Le financement de la dépendance est d'environ 24 milliards d'euros de dépenses publiques. Les besoins supplémentaires sont estimés à 10 milliards d'euros par l'Association des directeurs au service des personnes âgées. La seule piste de financement évoquée jusqu'à présent par le gouvernement est la possibilité de travailler un jour férié supplémentaire, à laquelle les syndicats sont opposés.
Louis Maurin est économiste, directeur de l'Observatoire des inégalités et auteur, à ce titre, de l'ouvrage Comprendre les inégalités(Observatoire des inégalités, 128 p., 9  €).


Le président de la République remet en cause l'efficacité du système des aides sociales qui n'aideraient " pas les gens à sortir de la pauvreté ", selon ses termes. Est-ce exact ? Notre pays est-il très inégalitaire ?

Evidemment, les inégalités sont fortes en France : les riches y sont très riches et de plus en plus… et plus qu'ailleurs. Les 1  % les plus riches vivent avec 7 600  euros par mois et par personne, ce qui situe la France en deuxième position, derrière la Norvège, très nettement en tête (9 500  euros par mois), devant le Danemark (7 300  euros), le Royaume-Uni (6 600  euros) et l'Allemagne (6 000  euros). Mais grâce à notre système forgé dans l'après-guerre, qui redistribue 50  % de la richesse nationale, les pauvres le sont plutôt moins que dans les grands pays européens, grâce aux allocations familiales, aux aides au logement…
Sur le plan des inégalités de revenus, la France se situe au milieu du tableau européen, derrière les pays d'Europe du Nord mais devant les Anglo-Saxons. Ce n'est ni catastrophique ni glorieux. Si l'on retient le critère de la population qui vit avec moins de 50  % du niveau de vie médian, la France est dans le peloton de tête avec 6,5  % de gens pauvres, juste derrière la Norvège (6  %) ou les Pays-Bas (5,8  %). Mais l'Allemagne, avec le développement des emplois à bas salaire hyperflexibles, en compte 10,2  % et a même dépassé le Royaume-Uni (9,7  %) : l'écart est énorme. La France a choisi de collectiviser nombre de dépenses, la santé, la scolarité, les études et surtout les retraites. Notre pays a aussi une politique familiale généreuse qui compense les inégalités.


Dépense-t-on trop d'argent dans le traitement curatif et pas assez dans la prévention ? Les minima sociaux confortent-ils leurs bénéficiaires dans la pauvreté ?

Il vaut, bien sûr, mieux prévenir que guérir mais il n'existe pas de vaccin contre la pauvreté. Il est impossible de distinguer les dépenses curatives des préventives, dont il est également difficile de mesurer l'impact. Quand on met plus de policiers dans la rue qui vont poursuivre des délinquants mais sans doute en dissuader d'autres, est-ce préventif ou -curatif ? Edifier des logements sociaux, investir dans l'école sont bien sûr des réponses à la pauvreté. Mais attention aux discours qui promettent beaucoup, car ils suscitent de fortes attentes, donc des déceptions si les -mesures ne sont pas à la hauteur, et la sanction est immédiate dans les urnes.
Ainsi, le dédoublement des CP dans les zones d'éducation prioritaires (ZEP) ne touche que 8  % des élèves et moins de 25  % des plus défavorisés, qui n'habitent pas tous dans ces ZEP. On ne développe sans doute pas assez le volet " réinsertion vers le travail " du revenu de solidarité active (RSA), mais ce n'est pas toujours possible : les handicapés, les personnes âgées comme les jeunes privés de toute aide jusqu'à 25 ans ont tous besoin d'un revenu décent.


L'ascenseur social est-il en panne ?

Non, il y a de la mobilité avec le développement des emplois de cadres. Notre école s'est certes démocratisée mais sans moderniser ses méthodes, elle reste rigide, sélective, produisant des individus formatés, tirant vers le haut une poignée d'élèves mais en laissant beaucoup sur le bas-côté. La religion du diplôme, fortement ancrée dans notre société, entraîne des blocages profonds. Elle ne considère pas les réussites de ceux qui n'en ont pas et survalorise le passé scolaire. Cela cimente d'une certaine manière les inégalités, voire les légitime.


Hormis l'école, tout ne va donc pas si mal ?

Oui, il ne faut pas noircir la situation : le modèle social français, bien que perfectible, fonctionne. Les associations qui défendent les plus pauvres ont tendance à être alarmistes et je comprends leur colère, mais le risque est de dévaloriser l'action publique qui apparaît alors coûteuse et inefficace. Cela décourage les jeunes et suscite un fatalisme les conduisant à accepter l'inégalité. De même, il est faux de dire que la " pauvrophobie " ou une certaine fatigue compassionnelle s'installent en France. Le Crédoc a certes décelé une telle tendance après la crise de 2008, mais dès 2014, ce sentiment est revenu à son niveau habituel : ce n'était qu'un soubresaut.
Selon les enquêtes récurrentes du barème de l'opinion, menées depuis quinze ans par le ministère des affaires sociales, 59  % des Français pensent que les pouvoirs publics n'en font pas assez pour les plus pauvres, 32  % qu'on fait ce qu'il faut et seulement 8  % qu'on en fait trop. Mais ce discours pessimiste, bien que minoritaire, infuse chez les politiques, créant une spirale négative. Une telle dramatisation conduit à une remise en cause des politiques de lutte contre la pauvreté, conduisant à un raisonnement dont on entend l'écho dans la parole publique : " Alors que l'Etat dépense autant, si les pauvres sont pauvres, c'est qu'ils n'ont pas fait ce qu'il faut pour s'en sortir. A force d'aide, la société ne les incite pas assez à reprendre le travail. " Bref, on renvoie les pauvres à leur sort d'assistés.
propos recueillis par Isabelle Rey-Lefebvre
© Le Monde

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