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samedi 16 juin 2018

Assurance-chômage : un retour à l'équilibre des comptes plus rapide que prévu


15 juin 2018

Assurance-chômage : un retour à l'équilibre des comptes plus rapide que prévu

Les données publiées, mercredi 13 juin, par l'Unédic prévoient une situation de quasi-équilibre en 2019 et un excédent de 1,6 milliard en 2020

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Après la " Sécu ", c'est l'assurance-chômage qui voit ses comptes s'améliorer plus rapidement que prévu. Dans le rouge depuis 2009, avec un déficit de 3,4  milliards d'euros pour la seule année 2017, le dispositif d'indemnisation des demandeurs d'emploi pourrait se retrouver dans une situation de quasi-équilibre dès 2019, selon les -données publiées, mercredi 13  juin, par l'Unédic – l'association paritaire qui pilote le régime.
Une amélioration spectaculaire : les précédentes prévisions, livrées en février, tablaient encore sur un déficit de près de 600  millions d'euros pour l'an prochain. S'agissant des exercices suivants, les voyants sont au vert : en 2020, l'assurance-chômage dégagerait un excédent de 1,6  milliard d'euros et de 3,6  milliards l'année d'après. Un redressement qui permettrait de ramener à 29,8  milliards la dette de l'Unédic en 2021 (celle-ci devant atteindre son point le plus haut en 2019, à 35  milliards).
" Nous voyons un peu le bout du tunnel, c'est un temps important pour nous ", s'est réjouie, mercredi, Patricia Ferrand, la présidente (CFDT) de l'Unédic, lors d'une conférence de presse. Plusieurs facteurs expliquent ce retour à meilleure fortune. Le dynamisme de la croissance stimule la création d'emplois, ce qui produit un double effet : moins de chômeurs à indemniser et plus de recettes – celles-ci étant issues de cotisations sociales assises sur la masse salariale, dont le volume s'accroît. En outre, le patronat et les syndicats ont conclu en 2017 une convention, qui a modifié les règles applicables au régime et induit des économies, estimées à 930  millions d'euros par an en vitesse de croisière.
Forte incertitudeTous ces chiffres montrent " que nous avons eu une gestion responsable ", a souligné, mercredi, Jean-Michel Pottier, de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Ils prouvent aussi, aux yeux des partenaires sociaux, l'efficience du système en place. Celui-ci a joué un rôle d'amortisseur, lorsque le chômage a flambé à partir de 2008, en accordant une aide financière aux personnes privées d'emploi : elles étaient 2,7  millions, fin 2017, à être couvertes chaque mois (contre un peu moins de deux millions, neuf ans plus tôt). Du coup, les dépenses se sont accrues et le déficit, ainsi que la dette, se sont creusés. C'est dans la logique même du dispositif, a justifié, mercredi, Mme  Ferrand : " Nous avons assumé le choix de maintenir des droits de bon niveau durant la crise ", a-t-elle affirmé.
Aujourd'hui, l'économie est en bonne santé, ce qui laisse entrevoir un rétablissement durable des comptes du régime. Pour que sa pérennité soit préservée, les déficits accumulés en période de conjoncture défavorable doivent désormais être comblés par les -excédents à venir. Si l'Unédic reste dans le vert durant dix ans, elle pourrait réduire son endettement à un niveau comparable à celui qui prévalait en 2008 (5  milliards d'euros à l'époque).
Mais les prévisions dévoilées mercredi sont entachées d'une forte incertitude puisqu'elles ne tiennent pas compte de la réforme de l'assurance-chômage, inscrite dans la loi " avenir professionnel "que les députés exa-minent depuis lundi 11 juin. Or ce texte modifie profondément la donne. Il octroie, à certaines -conditions, une allocation aux travailleurs indépendants et aux salariés démissionnaires qui ont un " projet professionnel ". Résultat : des dépenses supplémentaires, susceptibles d'osciller entre 370 et 630  millions d'euros par an.
En outre, cette même réforme change le financement du régime en supprimant les cotisations salariales, qui lui sont allouées aujourd'hui, et en les remplaçant par une fraction de contribution sociale généralisée (CSG). Or le montant de celle-ci sera fixé dans une loi de financement, préparée par l'exécutif et votée au Parlement. Est-ce que l'Unédic est assurée de toucher autant d'argent qu'avant la réforme ? Son finan-cement" devra être sécurisé ", a martelé, mercredi, Mme  Ferrand. La balle est dans le camp du gouvernement et de sa majorité parlementaire.
Bertrand Bissuel
© Le Monde

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