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dimanche 25 mars 2018

Les Crises.fr - [RussEurope-en-Exil] Trèbes et l’attentat de trop, par Jacques Sapir

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25
Mar
2018

[RussEurope-en-Exil] Trèbes et l’attentat de trop, par Jacques Sapir


Billet invité
L’attentat islamiste survenu le vendredi 23 mars aura donc fait quatre morts et de nombreux blessés. Le terroriste a lui même été abattu. Un attentat de plus dira-t-on, et un attentat de trop. Mais il y a dans cette attaque, menée par un criminel qui revendiquait son appartenance à DAECH quelque chose de plus. Nous sommes nombreux à être sous le choc du sacrifice exemplaire du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui s’était proposé en otage au terroriste pour sauver des vies, et que ce même terroriste n’a pas hésité à abattre froidement. Il y a, dans ce geste d’humanité de la part du lieutenant-colonel Beltrame, chef exemplaire qui avait préparé ses hommes à ce type de prise d’otages, quelque chose qui dépasse notre simple condition humaine et qui impose le respect. Cet homme a marché à la mort les yeux ouverts pour que d’autres vivent. A rebours, il y a dans l’a-humanité du terroriste quelque chose qui nous révulse et nous horrifie. Cet homme a tué quatre autres hommes de sang-froid et en a blessé de nombreux autres. La comparaison des deux est donc terrible. Elle est aussi fortement symbolique. Cette confrontation entre deux mondes, entre deux images du monde, va marquer les esprits.

L’attentat de trop ?

Car, cet attentat ne survient pas n’importe quand. Nous sommes en France, en mars 2018, soit près de 6 ans après les meurtres de Merah, trois ans après le massacre de Charlie-Hebdo, 30 mois après celui du Bataclan, 21 mois après celui de la Promenade des Anglais à Nice. Cette litanie est terrible. Elle l’est d’autant plus que nous voyons ce gouvernement et ce Président, Emmanuel Macron, s’éloigner chaque jour un peu plus de la notion d’état de droit et de démocratie, comme on a pu le constater dans les affaires universitaires de Toulouse ou de Montpellier, comme on le constate avec le projet de loi liberticide sur les « fake news », comme on le constate encore avec le démantèlement et la vente à l’encan des services publiques.

Les français ont, et à juste titre, le sentiment d’être abandonnés aux appétits toujours plus immodérés de la « finance » alors qu’on les massacre. Et, les deux sont liés. La politique économique et sociale d’Emmanuel Macron a pour pendant logique sa volonté de ne rien faire face au terrorisme islamiste, car le sentiment de peur est probablement le meilleur rempart, du moins le croit-il, contre la colère sociale. Il y a, de manière inconsciente ou consciente, une instrumentalisation du danger par un pouvoir qui est aujourd’hui de plus en plus discrédité. Cette complaisance vis-à-vis de l’islamisme, c’est à dire les dérives génocidaires de l’Islam, s’enracine aussi dans la politique à courte vue qui veut, par le clientélisme et le népotisme, acheter une forme de paix sociale. C’est ce qui justifie ses déclarations, dénonçant certes les « crimes », mais les mettant sur le même pied que les formes extrêmes de la laïcité. C’est ce qui justifie aussi les déclarations scandaleuse du gouvernement par rapport au texte de « l’Appel des 100 » qui a été récemment publié dans Le Figaro[1].

Le mythe de l’islamophobie

Cette volonté de ne rien faire, de ne pas prendre les mesures qui s’imposent, elle est justifiée au nom du risque de « stigmatisation » d’une minorité, la minorité pratiquant la religion musulmane. On parle alors d’islamophobie, mais ceci est un mythe. Car, toute religion peut être contestée et détestée. En réalité, le véritable problème serait la montée d’actes « antimusulmans ». Que ce risque puisse potentiellement exister est une réalité qu’il ne faut pas nier. Mais, que ce risque existe réellement dans la France d’aujourd’hui et soit dominant est, à tout le moins, une large exagération, voire un demi-mensonge. Il faut en effet avoir les chiffres en tête.
Tableau 1
Comparaison des actes antisémites et antimusulmans en
2016 et 2017
20162017
Action contre les musulmans6772
Menaces contre les musulmans11859
Total185131
Actions contre les juifs7797
Menaces contre les juifs258214
Total335311
Actions autres8485
Menaces autres524433
Chiffres collationnés par le Service Central du Renseignement Territorial (SCRT).
La véracité totale de ces chiffres peut être discutée. On peut penser que certaines personnes, victimes d’une agression, ne vont pas la déclarer, ou qu’à l’inverse d’autres « sur-déclarent » une agression. Mais, ces chiffres existent. Ils montrent que si une minorité est aujourd’hui victime d’agressions et de menaces, ce sont les français pratiquant la religion juive, ou considérés comme tels, bien plus que les musulmans. Si l’on rapporte ces chiffres à ce que pèsent ces minorités dans la population, le constat n’en est que plus accablant.

Agir

Il convient donc de dire et de redire une réalité en France : s’il existe un sentiment (et des actes) antimusulmans, ce sentiment et ces actes restent très limités, et probablement de 8 à 10 fois inférieurs (par rapport au nombre dans la population) de ce que subissent les français pratiquant la religion juive. Ce sentiment ne peut donc être invoqué pour ne pas prendre les mesures qui s’imposent face à l’islamisme. Or, sur ce point, très peu a été fait depuis 2015. Le nouveau gouvernement et notre nouveau Président n’ont pas pris la mesure du danger, et ce probablement parce qu’ils cherchent à instrumentaliser le péril islamiste par rapport à le situation économique et sociale.
Sur ce point il convient de répéter une vérité : la pratique d’une religion est libre en France, et ce quelle que soit cette religion, du moment que cette pratique se fait dans le cadre du respect des lois.
Les mesures face à l’islamisme sont connues, et j’en ai parlé à de multiples reprises ; certaines de ces mesures exigeraient néanmoins une adaptation de notre législation :
  1. fermeture des mosquées où la haine est prêchée, expulsion des imams « prêcheur de haine » s’ils sont étrangers, interdiction de prêche s’ils sont français.
  2. Interdiction de organisations appelant au non-respect des règles constitutionnelles, et en particulier aux règles d’égalité entre hommes et femmes. Cela concerne les organisations dites « culturelles » mais qui sont en réalité cultuelles d’obédience salafiste ou wahhabite mais aussi certaines associations liées aux frères musulmans.
  3. Interdiction de la propagande appelant au non-respect des règles constitutionnelles, que cette propagande soit par moyens vidéo, par écrit, ou par des signes ostentatoires comme l’habillement.
Ce qui s’est passé le vendredi 23 mars dans une banlieue de Carcassonne n’a pas fini d’agiter les esprits. Mais, il faut aujourd’hui agir. La confrontation entre le sublime et l’horrible, si elle reste en l’état, est grosse d’un affrontement bien plus massif, bien plus généralisé. Le gouvernement a encore les moyens de l’empêcher, mais il n’a plus beaucoup de temps…

81 réponses à [RussEurope-en-Exil] Trèbes et l’attentat de trop, par Jacques Sapir

Commentaires recommandés


Franck BoizardLe 25 mars 2018 à 05h57
L’attentat de trop ?
Vous rigolez ? On dit ça après chaque attentat et cela n’empêche pas le suivant.
La situation est simple : nous avons un gouvernement de trahison, comme depuis quarante ans. Tant que nous n’aurons pas changé, par un moyen ou par un autre, de classe dirigeante, que nous n’aurons pas remplacé ces gens qui se contrefoutent de la France et des Français par des gens qui ont un authentique souci de la France, rien ne changera. Il y aura toujours un “attentat de trop”, jusqu’au suivant.

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