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lundi 20 mars 2017

Nous y sommes…La campagne électorale a enfin commencé...

20 mars 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Nous y sommes…

La campagne électorale a enfin commencé. Eclipsé par les fautes de Fillon l’obsédé des petits profits qui font les grands détournements – un homme à donner des boutons de culotte à la quête du dimanche –, le débat n’a pas eu lieu. Il débute : deux grands meetings samedi et dimanche pour Mélenchon et Hamon, qui peuvent relancer leur campagne, et une première joute télévisuelle ce soir sur TF1.
On va s’apercevoir d’un fait négligé jusque-là : contrairement à ce qu’on entend souvent, l’offre politique 2017 est riche et diverse. Aucune «pensée unique», aucun consensus mou. Quatre projets s’affrontent, bien découpés, qui peuvent chacun emmener le pays sur une voie différente. La rupture nationaliste avec Marine Le Pen, le projet libéral-conservateur avec Fillon, le centrisme social-libéral avec Macron, la relance keynésienne par le déficit et l’investissement vert avec Hamon et Mélenchon. Quatre portes derrière lesquelles se cachent des avenirs différents. En principe, chacune de ces quatre forces représente environ un quart de l’électorat. Avec un bémol : la gauche a réussi le tour de force de couper en trois le quart qui lui revient. Une petite tranche chez Macron, deux portions plus grosses chez Hamon et Mélenchon, qui sont condamnés à jouer les Dupont et Dupond : «Et je dirai même plus…» Du coup, la compétition est faussée et les leaders progressistes rapetissés par leur division. Déconcertés, les électeurs de gauche ne savent plus à quel nain se vouer. Ils ne parlent plus politique mais tiercé : quel est le bon cheval, celui qui passera devant Fillon ? Pour l’instant, c’est Macron. Cela peut encore changer. On s’est longtemps moqué de la synthèse hollandaise, comme on se moquait de la gauche plurielle de Jospin ou du programme commun de Mitterrand, qui réunissaient les contraires dans un pot-au-feu baroque. Mais si on ne mélange par les choux et les carottes, il n’y a pas de bouillon.

Et aussi

Disparue, la gauche ? Cinq ou six bouquins édités ces temps-ci tentent de le faire croire. Leurs auteurs auraient dû faire un tour samedi à la Bastille et dimanche à Bercy. A chaque fois, des foules nombreuses, convaincues, enthousiastes, les symboles historiques agités avec talent, une jeunesse mobilisée, l’émotion retrouvée de la longue lutte pour une société meilleure, le rêve politique ressuscité. Voilà une moribonde qui se porte somme toute assez bien.
Hamon a fait un très bon discours, fiévreux, drôle, polémique, émouvant. Il a retourné habilement la célèbre adresse de Hollande au Bourget en 2012, quand il avait fustigé son adversaire, la finance anonyme. Cette fois «l’argent a plusieurs visages», ceux de Fillon et de Macron, s’entend. Il préfère «les éoliennes aux girouettes», bonne formule qui vise encore Macron, ainsi que Valls et les ralliés du macronisme. Hamon se recommande du passé de la gauche mais aussi de son avenir, aussi vert que rose. A long terme, c’est une assurance de survie. A court terme, il s’agit de gagner une présidentielle. Sur ce point, qui a tout de même son importance quand la droite droitisée menace, il n’y est pas encore…
Dimanche, dans le JDD, Macron a dévidé les idées du mouvement En marche sur la sécurité, la laïcité et autres sujets dits «régaliens». Il l’a complétée d’une intervention un peu mécanique sur France 2. Mais celui qui marche le plus, c’est Mélenchon : quelque cent mille personnes ont battu le pavé à Paris, entre Bastille et République. Un succès incontestable, couronné par un discours de tribun rouge à la voix de stentor. On ne sait encore si la campagne insoumise va reprendre du poil de la bête. Mais la classe dirigeante devrait se poser une question : il y a toujours en France une gauche radicale, qui gronde au pied des murailles protégeant les puissants. Deux interprétations possibles : c’est une tradition française depuis la Révolution, de Saint-Just à Blanqui, de la Commune au PCF. Rien de nouveau sous le soleil, donc. Mais c’est aussi un avertissement. Malgré les progrès économiques enregistrés depuis des lustres, le capitalisme suscite toujours l’opposition sans faille d’une partie de la population. Un échec, donc. Faut-il continuer à l’imposer tel quel, ou bien le réformer en profondeur ?
LAURENT JOFFRIN
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