Migrants : à Berlin, une entreprise refuse de livrer du fil barbelé à la Hongrie
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IMMIGRATION - Une entreprise berlinoise a refusé de livrer du fil barbelé à la Hongrie, ce qui lui a fait perdre beaucoup d’argent.
C’est le symbole de la crise des réfugiés. La barrière qui court le long de la frontière entre la Hongrie et la Serbie a entraîné des discussions passionnées sur la Hongrie, l’humanisme et la nouvelle image que l’Europe a d’elle-même.
Long de 175 kilomètres, le nouveau Rideau de fer européen est destiné à stopper l’avancée des réfugiés. Cette initiative découle de la politique nationaliste du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui a déclaré: "Nous ne voulons pas d’une société multiculturelle." L’Europe, qui abattait ses murs il n’y pas si longtemps, les érige à nouveau, signe d’une régression dangereuse vers le nationalisme local.
La barrière d’Orban, constituée de fil barbelé coûteux, n’est pas que le symbole d’un retour idéologique vers une période sombre de peur des dictatures. Elle représente aussi un danger complètement inutile pour les nombreux réfugiés en route pour l’Europe de l’Ouest.
Ce type de fil barbelé est plus dangereux que le modèle classique. Ses lames, similaires à celles d’un rasoir, peuvent causer des blessures mortelles. "Le fil barbelé protège votre propriété de toute intrusion par des personnes non autorisées", peut-on lire sur le site Internet du fabricant, Mutanox. Seul quelqu’un de vraiment désespéré se risquerait à escalader cette dangereuse barrière.
Talat Deger, le propriétaire de Mutanox, gagne sa vie en installant des barrières. Sa société produit du fil pour les grillages et les filets en acier, dont le fil barbelé. Très récemment, Talat Deger s’est vu offrir un contrat très alléchant en termes financiers.
Refus d'un devis à 500.000 euros
Il y a quelques semaines, le gouvernement de Viktor Orban a en effet eu besoin de milliers de rouleaux de fil pour parachever sa clôture. Comme d’autres entreprises internationales, Mutanox a reçu une demande de devis. Talat Deger a cependant refusé de donner suite, se fermant ainsi la possibilité d’empocher un demi-million d’euros.
Les dirigeants de Mutanox, Murat Erkrek (à gauche) et Talat Deger, ont refusé de vendre du fil barbelé au chef du gouvernement hongrois, Viktor Orban.
"La Hongrie utilise le fil nato à de mauvaises fins. Monsieur Orban le commande sans se soucier du danger mortel qu’il peut représenter pour autrui", déclare le gérant de Mutanox, qui a donc refusé de faire affaire avec la Hongrie, au HuffPost allemand.
Talat Deger précise que le fil produit par son entreprise vise à se protéger contre les effractions et les cambriolages. "Les réfugiés sont tout sauf des criminels. Ce sont des personnes inoffensives qui fuient leur pays pour sauver leur peau", ajoute-t-il.
Et Mutanox ne manque pas de clients. Ses barbelés rasoirs protègent les navires de commerce des attaques de pirates et les champs d’éoliennes des effractions.
Talat Deger explique que la décision de ne pas participer à la construction du mur de défense imaginé par Orban lui est venue spontanément. Son entreprise a déjà été largement encensée pour sa prise de position. "Nous avons cependant reçu des emails où l’on nous traitait de Nazis ou de porcs de gauche", précise-t-il. Mais il est au-dessus de tout ça.
Ses employés soutiennent également sa décision. "Ils ont tous estimé que c’était la bonne chose à faire", conclut-il.
Cet article, publié à l’origine sur le HuffPost allemand, a été traduit par Laura Pertuy pour Fast for Word.
La suite ici ---->http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/25/fil-barbele-hongrie-allemagne-migrants-europeLire aussi :
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