Frappes en Syrie: l'aviation française a fait ses premiers bombardements contre Daech
Publication:
L'aviation française fait ses premières frappes en Syrie | AFP
INTERNATIONAL - La France s'engage un peu plus contre Daech. "La France a frappé en Syrie. Nous l’avons fait sur la base de renseignements collectés au cours des opérations aériennes engagées depuis plus de deux semaines, dans le respect de notre autonomie d’action, en coordination avec nos partenaires de la coalition", a indiqué l'Elysée dans un communiqué ce dimanche 27 septembre.
Le pays "confirme ainsi son engagement résolu à lutter contre la menace terroriste que constitue Daesh", indique le communiqué précisant que la France fera montre de sa force "chaque fois que notre sécurité nationale sera en jeu". Après avoir annoncé début septembre que l'armée française allait effectuer des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie, la France a donc passé la vitesse supérieure expliquant que ces frappes s'inscrivaient "dans une réponse globale" au "chaos syrien".
"Les populations civiles doivent être protégées contre toutes les formes de violence, celles de Daech et des autres groupes terroristes, mais aussi contre les bombardements meurtriers de Bachar el Assad", poursuit l'Elysée qui ne précise pas quand, où et comment ces frappes ont été menées. Ci-dessous, le communiqué dans son intégralité:
URGENT FRANCE EI SYRIE Le communiqué de l’Élysée concernant les premières frappes contre l’Etat islamique en Syrie
La France est déjà présente contre Daech dans le Golfe pour mener à bien l'opération "Chammal" en Irak et a donc dû utiliser le dispositif existant pour étendre son intervention aérienne sur le territoire de Bachar el-Assad. L'Armée de l'air dispose au total de 700 militaires et 14 avions dans le Golfe: six Rafale stationnés aux Émirats arabes unis, six Mirage en Jordanie, un avion ravitailleur C-135 et un avion de patrouille maritime Atlantique 2.
Les missions de renseignement, qui ont lieu depuis le 8 septembre, se font principalement dans le but de repérer les centres d'entraînement et de décision de Daech en Syrie. Des raffineries contrôlées par les jihadistes constituent également des cibles de choix dans la mesure où elles participent dans une large part au financement de l'Etat islamique.
L'annonce de ces premières frappes intervient alors que le président François Hollande est à New York dimanche et lundi pour la 70e Assemblée générale de l'ONU.
Le président français a appelé mercredi à Bruxelles à l'organisation d'une nouvelle conférence de l'Onu sur la Syrie, à la suite de celles de juin 2012 et février 2014, dites de "Genève I et II".
Des frappes menées jeudi 24 septembre ?
Selon nos confrères du Monde, ces frappes auraient lieu jeudi 24 septembre, "ce que démentent les autorité", précisent-ils. "Les cibles concernées se situaient notamment à Rakka, la ville du centre du pays qui est considérée comme le fief de l’organisation Etat islamique", indique le quotidien du soir.
De son côté, Manuel Valls a indiqué dans la matinée que cette opération ciblait des "sanctuaires de Daech où sont formés ceux qui s'en prennent à la France"."Nous agissons en légitime défense", a-t-il encore indiqué.
Interrogé par Le Monde, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian explique que cette opération s'inscrit dans "la sécurisation du ciel syrien faite par les Américains", mais tout en conservant "nos cibles et nos actions". Une autre source au sein du ministère de la Défense a également assuré qu'il s'agira par la suite d'actions ciblées et non d'une campagne de bombardements massive.
"Dire qu'on va avec des avions empêcher des complots terroristes en France est un mauvais prétexte, comme quand pour justifier l'invasion en Irak l'administration Bush affirmait que Saddam Hussein collaborait avec Al-Qaïda. C'est du même acabit", assure à l'AFP l'ancien directeur d'un service français de renseignement, qui demande à rester anonyme. "D'autant que des camps, il n'y en a plus", poursuit-il. "Même s'ils ont des regroupements logistiques ou opérationnels, c'est toujours très éphémère. Ils se savent sans cesse observés, par des satellites et des drones, et donc ils se sont adaptés. Ils bougent tout le temps. Les camps terroristes, cela remonte à l'Afghanistan d'avant le 11 septembre 2001. Depuis, tout le monde a compris la leçon".
"Poudre aux yeux"
Pour Eric Dénécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), l'emploi de la force aérienne dans une stratégie antiterroriste proclamée n'a aucun sens.
"Dire qu'on va empêcher des attaques terroristes en France grâce à des raids aériens en Syrie c'est, et je pèse mes mots, de la foutaise intégrale", dit-il. "Quand les Américains le font et qu'ils mènent des milliers de frappes, comme ils le font en Irak, ça peut avoir un impact limité. Mais pour la France en Syrie, il ne va s'agir que de quelques frappes symboliques. C'est de la gesticulation, de la poudre aux yeux pour tromper l'opinion".
"La seule solution, ce sont des troupes au sol. Là on pourra dire qu'on lutte sérieusement contre Daech", poursuit-il. "Tant qu'il n'y aura pas une occupation du terrain, l’emploi de la force aérienne va vite montrer ses limites. On le voit déjà en Irak, où la plupart des appareils américains rentrent à leurs bases sans avoir lâché leurs bombes, faute de cibles. Et on vient d'apprendre que les résultats de ces campagnes étaient ensuite manipulés, pour faire croire que cela marchait".
Sans se faire trop d'illusions sur l'efficacité à court terme des raids aériens, un membre des services antiterroristes français, qui demande à ne pas être identifié, estime tout de même: "Nous avons un problème majeur, c'est que beaucoup de choses se décident en Syrie"."Donc plus on prendra des mesures pour affaiblir Daech, mieux ce sera. Tous les coups que nous leur porterons diminueront d'autant la menace, à plus ou moins long terme", juge cette source.
Pour l'ancien directeur du service de renseignement, l'infléchissement de la position de la France, qui jusqu'à dimanche participait à quelques raids aériens contre le groupe EI en Irak mais pas en Syrie, est plus politique que militaire. "Ce qu'on veut, c'est montrer qu'on est présents en Syrie, qu'il faudra compter avec nous pour la solution politique qui est en train de se dessiner", dit-il. "De la même façon que les Russes le montrent en renforçant leur dispositif sur la côte méditerranéenne".
La suite ici ---->http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/27/france-frappes-syrie-aviation-francaiseLire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire