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dimanche 27 septembre 2015

Catalogne: le scénario catastrophe des prophètes du "non" à l'indépendance

Le Huffington Post

Catalogne: le scénario catastrophe des prophètes du "non" à l'indépendance

Publication: Mis à jour: 

CATALOGNE INDEPENDANCE
Des partisans d'une Espagne unie à Barcelone en octobre 2014 | REUTERS

INTERNATIONAL - Le débat est vif en Espagne. Et pour cause, le scrutin régional organisé dimanche 27 septembre en Catalogne a tous les atours d'un référendum sur l'indépendance de cette riche région du nord-est de l'Espagne. Destinées à renouveler le Parlement régional, les élections sont présentées par le gouvernement catalan comme un plébiscite pour ou contre la sécession.
S'ils obtiennent la majorité absolue, Artur Mas et ses alliés indépendantistes prévoient de lancer un processus pour la création d'un Etat catalan d'ici un an et demi.
Alors que les partisans de l'indépendance sont donnés vainqueurs par les sondages, la crainte de voir la région consommer son divorce avec Madrid affole nombre de responsables politiques espagnols. On les comprend: en Catalogne vivent 7,5 millions de personnes, soit 16% de la population de l'Espagne. Cette puissante région du nord-est crée un cinquième de la richesse nationale et représente un quart des exportations.
Plusieurs voix en viennent ainsi à proférer avertissements, menaces et intimidations, et dressent volontiers le scénario post-apocalyptique d'une éventuelle indépendance catalane. "Quand des amis tentent de se jeter d'un pont, je cherche à les en dissuader", résume le ministre des Affaires étrangères, Jose-Manuel Garcia Margallo.
Un destin semblable à celui de la Grèce
Selon Mariano Rajoy, le chef du gouvernement conservateur, la région "sortirait de l'UE" et de la zone euro en cas de victoire des indépendantistes. De mauvais présages partagées par la Banque d'Espagne, qui met en garde la Catalogne contre un destin semblable à celui de la Grèce. Le gouverneur de l'institution a prévenu que la sécession entraînerait une "sortie automatique de l'euro" de la région. "Les entités (bancaires) de ce territoire cesseront (dès lors) d'avoir accès aux facilités de la Banque centrale européenne", a-t-il aussi insisté.
"Que ferait-on avec les retraites (...) il y a beaucoup plus de retraites que de cotisants et que se passerait-il avec les entités financières, la monnaie ?", s'est par ailleurs interrogé à haute voix Mariano Rajoy mardi 22 septembre. Un responsable de la Sécurité sociale a également évoqué cet hypothétique problème de paiement des retraites, dans une région comptant 1,7 million d'habitants âgés de plus de 60 ans. L'argument avait déjà été utilisé en Ecosse, avant le référendum d'autodétermination de 2014, où le non à l'indépendance l'avait l'emporté.
La presse espagnole a également développé l'hypothèse d'un inquiétant gel des avoirs bancaires. "La rupture supposerait la ruine non seulement de la Catalogne mais aussi du reste de l'Espagne", s'est pour sa part inquiété le chef de l'opposition socialiste Pedro Sanchez.
Une ruine de la région la plus riche d'Espagne est-elle envisageable ? En partie. "La Catalogne indépendante devrait emprunter sur les marchés non seulement sans le support de l’Espagne, mais sans le bénéfice d’appartenir à l’Union européenne et donc prétendre aux programmes de financement de l’Union européenne", écrivait Les Echos avant les précédentes élections régionales. La région aurait alors deux choix: "créer une nouvelle monnaie ex nihilo, plus ou moins liée à l’euro" ou "utiliser l’euro comme monnaie nationale, avec ou sans l’accord de la zone euro", ce qui placerait la Catalogne sous la tutelle de la Troïka, poursuit le quotidien économique.
Pas le moindre des paradoxes pour une région qui aspire à plus de souveraineté...
La perte de la nationalité espagnole
Autre menace qui plane sur les Catalans, la perte de la nationalité espagnole. C'est en tout cas la menace formulée par le ministre espagnol des Affaires étrangères.
"Quand les républiques ibéroaméricaines ont déclaré leur indépendance, elles ont perdu la nationalité espagnole; lorsque l'Algérie, qui était un département français et faisait partie de la Communauté Economique Européenne, (a pris son indépendance), les Algériens ont perdu la nationalité française et la citoyenneté européenne", a-t-il affirmé.
La réalité est plus nuancée. Ainsi, les accords entre la France et l'Algérie ont permis aux Algériens nés avant l'indépendance (1963) de conserver la nationalité française. Dans les cas des habitants de Cuba -- dernière colonie espagnole -- après son indépendance en 1898, il y a aussi eu des nuances incluant des dispositions spéciales pour ceux nés "dans la Péninsule (ibérique)".
Garder la nationalité espagnole permettrait aux citoyens d'une Catalogne indépendante de continuer à faire partie de l'Union européenne, comme c'est le cas pour "toute personne détenant la nationalité d'un Etat-membre". Le pari fait par Artur Mas, c'est que l'État espagnol n'ira pas jusqu'à modifier la Constitution pour déchoir les Catalans de leur nationalité espagnole. "Tant que tous les citoyens (catalans) auront la nationalité espagnole, ils seront citoyens de l'Union européenne", a-t-il déclaré.
La version catalane de l'adage "vouloir le beurre et l'argent du beurre".
Le FC Barcelone en Ligue 1
Que serait le championnat de football espagnol sans son fameux "clasico" ? Cette rencontre ultime du foot européen opposant le Real Madrid au Barça ne pourrait devenir qu'un lointain souvenir en cas d'indépendance de la Catalogne. Comment ? Les blaugranas se retrouveraient de facto (ou du moins pour un temps) exclus de la Liga. "La Loi du sport est très claire: les seuls compétiteurs non-espagnols qui puissent jouer dans le championnat espagnol sont les clubs andorrans", a mis en garde Javier Tebas, le président de la ligue espagnole.
"Ce n'est pas le discours de la peur, c'est celui du réalisme", a ajouté pour sa part le secrétaire d'Etat au sport pointant la perte économique que cela représenterait pour le club catalan qui se retrouverait dans le même temps privé des droits télé de la Liga. Cela vaudrait pour le Barça, mais aussi pour tous les autres clubs de Catalogne et ce, quelque soit le sport pratiqué.
Alors, faut-il pour autant imaginer une Liga sans Barça ou une Ligue 1 qui accueillerait le club catalan et Leo Messi ? Pas vraiment. L'éventualité d'une négociation bilatérale entre la ligue et le club est bien plus probable. Car, au final, qui du championnat ou du Barça aurait le plus à perdre d'une sortie du club de la compétition ? Assurément autant l'un que l'autre. De fait, un arrangement entre les deux parties n'est donc pas exclure.
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La suite ici --->http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/27/independance-catalogne-barca-banques-independance-espagne


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