VIDÉO. Manuel Valls: les 5 clés de son discours à l'université d'été du PS à La Rochelle
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POLITIQUE - Manuel Valls connaît bien les militants socialistes. Le Premier ministre, qui a adhéré au MJS en 1980 à l'âge de 17 ans, l'a rappelé avec habileté dimanche 31 août lors de son discours de clôture de l'université du PS à La Rochelle. Il en avait bien besoin après une semaine tendue, marquée par une fronde interne contre sa politique et la démission de son gouvernement lundi.
"J'aime les socialistes", a d'ailleurs lancé Manuel Valls devant les militants, en écho à son "j'aime l'entreprise", très commenté, devant le Medef mercredi, tout en défendant une gauche du "réel" et qui "gouverne". "Je connais bien les débats qui peuvent agiter notre parti, je les respecte pour y avoir moi-même participé", a aussi rappelé le Premier ministre, auquel on prédisait bien des difficultés à se faire entendre dans son propre camp. Et qu'il a su surmonter, au moins le temps d'un discours, grâce à une technique bien huilée.
1. Une introduction consensuelle pour calmer le jeu
Manuel Valls a commencé son discours sous le signe du consensus et du rassemblement, rendant hommage aux victimes de l'effondrement d'un immeuble à Rosny-sous-Bois dimanche matin ainsi qu'à Christian Bourquin, président PS du conseil régional de Languedoc-Roussillon décédé le 26 août. Alors qu'on entendait des "Vive la gauche" scandés par les frondeurs, cela lui a permis de rétablir le silence.
Pour rassembler, le Premier ministre a aussi cherché à relativiser les divisions et les contestations qui agitent le PS ces derniers jours, en mettant l'accent sur la crise et le chômage qui frappent France. "Je connais nos réflexions permanentes sur nos positionnements, ou notre ligne idéologique : Parti socialiste, parti social-démocrate...Elle est utile, a-t-il reconnu. Mais avoir des débats entre nous ne doit jamais nous détourner des Français. Car la gauche n'est jamais si grande que quand elle s'adresse au plus grand nombre", a-t-il plaidé.
2. Une anaphore pour convaincre
Le Premier ministre s'est aussi employé à convaincre en utilisant la technique de l'anaphore, comme l'avait fait François Hollande avec son "moi, président" en 2012. "Il n'y a pas d'un côté la gauche qui gouverne et de l'autre la gauche, a-t-il dit. Il y a la gauche en mouvement, pour que la gauche avance. La gauche, celle qui gouverne, c'est celle qui tient quand toutes les digues s'apprêtent à rompre. La gauche, celle qui gouverne, c'est faire, surtout quand c'est difficile. La gauche, celle qui gouverne, ce n'est pas revenir, ajourner, rétrograder. La gauche, celle qui gouverne, c'est avancer, réformer, progresser!"
"La gauche, celle qui gouverne, c'est aller chercher l'espoir surtout quand il n'y en a plus. La meilleure façon de ne pas renoncer à l'idéal, c'est de ne jamais renoncer au réel!", a-t-il poursuivi, très applaudi. La gauche en France, a-t-il également assuré, "n'est pas entrée au pouvoir par effraction, elle est là pour changer et répondre aux attentes de nos concitoyens".
3. Une promesse: "nous ne faisons pas de l'austérité"
Autre point de la stratégie de Manuel Valls, le focus mis sur les sujets de société plutôt que sur les sujets qui fâchent, à savoir l'économie. Mais même sur ce terrain-là, le Premier ministre a trouvé le moyen de "remercier" Arnaud Montebourg (tout comme il l'a fait pour Benoît Hamon au sujet de l'éducation), sans faire allusion pour autant àleur remise en cause de la ligne du gouvernement qui a causé la démission de ce dernier.
Rassurant l'assistance sur la question des 35 heures, dont il a qualifié l'éventuelle remise en cause de "faux débat", Manuel Valls a été jusqu'à reprendre à son compte la rhétorique d'Arnaud Montebourg, qui avait à plusieurs reprises cité des économistes et des institutions internationales (dont le FMI) pour démontrer "l'absurdité" des politiques d'austérité en Europe. Le chef du gouvernement a d'ailleurs refusé de parler d'austérité pour qualifier la politique de son gouvernement. "Nous ne faisons pas de l'austérité" a-t-il répété huit fois, évoquant la réforme pénale, les emplois d'avenir, l'allocation de rentrée scolaire, la hausse du RSA ou encore des bourses pour les étudiants.
4. Un plaidoyer pour la jeunesse, "chance pour la France"
Mais le Premier ministre a surtout su passer rapidement aux sujets de société, les plus rassembleurs au sein du Parti socialiste. Il a ainsi longuement évoqué la jeunesse. "Je suis fier d'être Français, je sais ce que je dois à mon pays. Je veux que tous les enfants de France soient fiers de leur pays, s'y sentent à leur place" a-t-il dit avant d'évoquer les quartiers populaires.
"Mon expérience m'a appris qu'on doit à nouveau parler aux quartiers populaires, a-t-il dit. S'il y a une reconquête des esprits et des cœurs, c'est vers cette jeunesse". Manuel Valls a appelé à une "immense mobilisation à la jeunesse", qui "n'est pas un problème" mais "un atout et une chance pour la France. "Arrêtons de stigmatiser des populations en les ramenant à leurs origines, à leur religion", a-t-il aussi lancé, avant de s'attaquer aux discriminations "antisémites, anti-musulmans, anti-chrétiens et homophobes" et de se lancer dans un plaidoyer pour "l'égalité" forcément très applaudi.
Dans cette logique, Manuel Valls a rendu hommage à la nouvelle ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, première femme nommée à ce poste. Cette dernière, les larmes aux yeux, a eu droit à une standing ovation de la salle. Il a également salué plusieurs autres de ses ministres, dont Fleur Pellerin (Culture) mais aussi le plus controversé Emmanuel Macron, fraîchement nommé à l'Economie, qui a essuyé quelques huées. Mais le Premier ministre, en citant le nouveau ministre et Najat Vallaud-Belkacem dans la même phrase, a là aussi rapidement rétabli le calme.
5. Un hommage: Hollande, qui "mérite le respect de tous"
Autre manière de s'assurer le soutien de son camp, Manuel Valls a tenu à rendre hommage aux "symboles républicains" et notamment au président François Hollande. "Celui qui incarne la politique" menée par le gouvernement, "c'est le chef de l'Etat". "Nous devons le soutenir. Et plus encore face à une droite inconséquente qui, faute d'idée et de leader, ne mise que sur la déstabilisation de nos institutions", a lancé le Premier ministre, devant des militants qui se sont, très nombreux, mis debout.
"Le chef de l'Etat mérite le respect de tous, il mérite notre affection, il mérite notre loyauté, il mérite notre soutien parce que c'est grâce à lui, c'est grâce à son engagement, c'est grâce à son élection, que nous pouvons aujourd'hui gouverner, que nous pouvons assumer nos responsabilités et si les socialistes ne sont pas au premier rang pour le soutenir, qui pourrait alors le faire ? Alors je vous demande, au-delà des questions naturelles, au-delà des débats, de dire et de proclamer, oui, notre soutien et notre affection au chef de l'Etat. C'est notre devoir d'être à ses côtés", a-t-il ajouté sous les applaudissements.
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