INTERNATIONAL - 18 morts et 261 blessés. C'est le dernier bilan officiel des heurts qui ébranlent le Vénézuela depuis trois semaines. Ces manifestations étudiantes, appuyées par l'opposition qui dénonce l'insécurité et le coût de la vie, s'achèvent régulièrement par des incidents violents et des affrontements avec les forces de l'ordre. L'opposition a convoqué samedi de nouvelles manifestations.
Vendredi soir, une quarantaine de personnes ont été arrêtées à Caracas lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre vénézuéliennes. Parmi elles, huit étrangers "soupçonnés de terrorisme international", a annoncé un reportage de la télévision d’État VTV.
Selon un tweet du syndicat de presse (SNTP), la photographe italienne Francesca Commissari, du journal local El Nacional, fait partie des interpellés, ainsi que le journaliste américain Andrew Rosati, du Miami Herald, qui lui a été libéré au bout d'une demi-heure après avoir été frappé "à la tête et à l'abdomen par la GNB". Les autorités n'ont pas confirmé cette information ni donné de détails concernant les étrangers arrêtés.
Les manifestants, pour la majorité très jeunes, et certains au visage masqué, ont fait tomber une pluie nourrie de cocktails molotov sur les forces de l'ordre, qui ont essayé de les disperser avec des canons à eau et des gaz lacrymogène. Les affrontements se sont principalement tenus près de la place d'Altamira, dans le quartier chic de Chacao, situé à l'est de Caracas, épicentre de manifestations quasi quotidiennes depuis début février.
La manifestation de vendredi avait pourtant commencé dans le calme, avec le rassemblement de plusieurs centaines d'étudiants, opposants et journalistes pour dénoncer les atteintes aux droits de l'Homme commises par les forces de l'ordre en marge des manifestations antigouvernementales. Selon des ONG proches des contestataires, plusieurs dizaines de cas de tortures ont été recensés. Des centaines de personnes auraient en outre été détenues de façon abusive depuis le 9 février.
Une "tentative de coup d’État"
27 enquêtes ont été ouvertes en raison d'exactions supposées des autorités, a annoncé la procureure générale du Venezuela. Plus d'une dizaine de membres des forces de l'ordre ont déjà été placés sous les verrous, donc cinq agents des services de renseignements (Sebin), accusés de la mort par balle de deux jeunes hommes (un opposant et un partisan du pouvoir) le 12 février, jour où la mobilisation a commencé à devenir plus violente.
Depuis la capitale colombienne Bogotá, le gouverneur et ancien candidat à la présidence, Henrique Capriles, principale figure de l'opposition, a critiqué "le gouvernement qui parle de paix mais réprime", affirmant qu'on ne peut "pas éteindre un feu avec de l'essence". Le président socialiste Nicolas Maduro, confronté à la plus importante vague de contestation depuis son élection de justesse en avril, évoque une "tentative de coup d’État" soutenue par Washington.
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