Nougaro, dix ans déjà…
Hommage en cascade
Publié le 04 mars 2014 à 11:00 dans Brèves
L'AUTEUR
Thomas Morales est écrivain.- Disparu le 4 mars 2004, le géant rose de Toulouse continue d’enchanter ses fans. Et ils sont chaque jour plus nombreux car il suffit d’avoir entendu une seule fois dans sa vie, le brésilien d’Arcole, le Don Quichotte des Skylines, le petit taureau agile matraquer les mots pour être à jamais conquis. La langue française explosait dans sa bouche. Il la triturait pour en extraire cette pulpe sanguine, ce swing entêtant, cette prose phosphorescente. Ecouter Nougaro, c’est retrouver ce compagnon de désespoir. De la pointe de son Bic, il noircissait nos nuits blanches. Vous n’oublierez pas de sitôt son écho féérique. Car ce pourfendeur d’humeurs, bête de scène, incarnait la Grande chanson française. Percussion du texte, tempo obsédant, recomposition des mots. La phrase de Nougaro se nourrissait d’elle-même. Elle filait sur les rives du Canal du Midi.Elle était riche, nostalgique, vibrante, addictive. Il mettait KO son public, victime consentante. Il boxait le Littré, il cognait le Larousse, il secouait Le Petit Robert avec gourmandise. Faire sonner le français, le déhancher, lui inoculer cette note jazz et cette frénésie samba était un exploit que peu de chanteurs français ont réussi depuis. Ne parlons pas ici de la nouvelle scène qui à l’indigence des textes ajoute l’incurie musicale. Nougaro surclassait, tabassait ces faussaires. Dire que certains osent encore monter sur scène, on conseille à ces inconscients qui encombrent la bande FM de réécouter ou revoir Nougaro. Ne serait-ce que pour la leçon de diction, la présence théâtrale et cet art de la narration hérité de la chanson de geste.Pour les dix ans de sa disparition, ce jongleur téméraire a droit à de nombreux témoignages d’amour, celui de son épouse, de sa fille, mais également celui de Christian Laborde, castagneur en chef, magnifique poète d’Oc et d’or. Laborde, frère d’esprit de Nougaro nous fait découvrir le parcours de l’artiste dans une déambulation jubilatoire. Tu verras, tu verras, ce Nougaro faisait chanter le français.À lire, à entendre…Claude Nougaro : le parcours du cœur battant par Christian Laborde – Hors CollectionClaude Nougaro par Hélène Nougaro – FlammarionJ’entends encore l’écho de la voix de papa – Témoignage de Théa Nougaro – FlammarionClaude Nougaro : les mots de la vie par Marc Lemonier – City Editions« L’amour sorcier » – coffret de 29 CD – Edition limitée – Mercury RecordsArticle en accès libre. Pour lire tous nos articles, abonnez-vous !
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