L'actualité du jeudi 06/03/2014
La UNE
Dévoyé
Par ERIC DECOUTY
Bien sûr
Nicolas Sarkozy n’est pas responsable des méthodes de Patrick Buisson. Il
a même beau jeu de se poser en victime. Mais l’ancien président ne pourra
bien longtemps jouer les martyrs. A travers l’affaire Buisson, c’est sa
pratique du pouvoir qui est une fois encore mise en cause. L’ancien journaliste
de Minute, maurrassien convaincu et homme
de confiance de Nicolas Sarkozy au point d’être le grand architecte de sa
campagne présidentielle de 2012, est un symbole des mœurs en vigueur,
à l’époque, à l’Elysée. Un pouvoir laissé durant cinq ans entre les
mains d’un clan dont les principaux membres sont désormais impliqués dans une
kyrielle de scandales. Aujourd’hui, les écoutes de Buisson, déjà mis en cause
dans l’affaire des sondages, s’ajoutent aux manœuvres du bras droit de
l’ex-président, Claude Guéant, notamment l’affaire Tapie ; aux manipulations
des règles afin d’installer François Pérol, son conseiller économique, à la
tête de la Banque populaire et des caisses d’épargne ; aux interventions
de Patrick Ouart, conseiller justice, pour entraver les investigations dans
l’enquête Bettencourt ; aux surveillances de journalistes organisées par
le fidèle Bernard Squarcini, alors patron des services secrets. En attendant
d’autres enregistrements et d’éventuelles suites judiciaires, l’attitude
de Patrick Buisson n’est au fond que l’illustration d’un pouvoir
dévoyé, fondé sur le cynisme et le mépris de l’Etat de droit.
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