EMPLOI - Comme prévu, le père Noël n'a pas oublié le cadeau attendu par tout le gouvernement. Sous le sapin, il y avait bien une boite contenant les chiffres du chômage pour le mois de novembre. Mais François Hollande et Jean-Marc Ayrault doivent attendre 18h, ce jeudi 26 décembre, pour l'ouvrir et savoir si c'est une bonne surprise qui leur est réservée.
Pour le deuxième mois d'affilée, le nombre de demandeurs d'emploi va-t-il baisser oul'inflexion d'octobre aura-t-elle été un faux espoir pour la majorité? De la réponse fournie ce soir par Pôle Emploi dépendra la réussite ou l'échec du pari présidentiel: inverser la courbe d'ici à fin 2013.
Le gouvernement se félicite déjà
Techniquement, la mission que le président de la République s'est fixée il y a un an est rempli puisque la courbe a déjà pris une autre direction que celle qu'elle prenait depuis 29 mois. Avec une baisse de 20.500 demandeurs d'emploi, octobre était le premier mois de baisse (hors bug SFR pour les chiffres d'août annoncés en septembre) depuis deux ans et demi. Le chef de l'Etat avait lui-même salué cette nouvelle dans un communiqué inédit. "L'inversion de la courbe du chômage est désormais amorcée", se félicitait François.
Depuis ses ministres n'ont cessé de relayer la bonne parole de plateaux télé en émissions radio, précisant tout de même qu'il fallait confirmer la tendance sur deux voire trois résultats consécutifs. En début de semaine, Pierre Moscovici, Michel Sapin et Najat Vallaud-Belkacem se sont succédé pour dire tout leur espoir concernant les prochains mois. "On est en train de gagner mois après mois la bataille de l'emploi", s'est ainsi félicité le ministre du Travail sur RMC et BFMTV, assurant que "le nombre des chômeurs continuera à diminuer dans les mois qui viennent".

"L'inversion est en marche, elle a commencé en octobre", a également déclaré la porte-parole du gouvernement en conclusion du dernier Conseil des ministres de l'année. Quant à son collègue de l'Economie, il était encore plus affirmatif: "En réalité, l'objectif est déjà en route puisque cela fait six mois que le chômage des jeunes recule", a estimé Pierre Moscovici sur Europe1. C'est incontestable, depuis avril, la baisse du chômage des moins de 25 ans atteint 4,5% soit 25.100 jeunes qui ont retrouvé un emploi.
"La farce des emplois aidés"
Le gouvernement aime d'ailleurs à répéter que ce résultat est la conséquence de sa politique menée depuis 18 mois. "Cette inversion de la courbe du chômage, c'est le premier combat du gouvernement depuis le 1er jour de son installation", a rappelé la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belakcem, lundi 23 décembre.
Il est vrai que pour sortir les jeunes du chômage, la gauche n'a pas lésiné sur les contrats aidés, contrats de génération et surtout emplois d'avenir. Plus de 85.000 ont été signés, selon le dernier bilan du ministère du Travail qui espère atteindre le chiffre de 100.000 à la fin de l'année. C'est autant de personnes qui ne figurent plus dans les chiffres mensuels de Pôle Emploi.
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Si cette stratégie est clairement assumée par la majorité -"nous n'avons pas l'emploi aidé honteux", a déclaré Pierre Moscovici- elle est jugée totalement "contre-productive" par l'UMP. La droite dénonce en effet une baisse du chômage financée par le déficit. C'est ainsi que Valérie Debord, déléguée générale de l'UMP, mettait en doute les chiffres annoncés le mois dernier, oubliant un peu vite que Nicolas Sarkozy avait lui aussi et dans les mêmes proportions eu recours aux emplois aidés lors du précédent quinquennat.
Au Medef aussi, on critique ce traitement social du chômage. "Les contrats aidés ont peut-être un effet temporaire sur les statistiques du chômage des jeunes mais dans plus de 50% des cas, les jeunes qui en sortent se retrouvent à nouveau au chômage", estime l'instance patronale.
Il est vrai, et même les économistes les plus proches du Parti socialiste en conviennent, que ces emplois aidés ne peuvent pas être la seule réponse au chômage de masse qui touche la France. On compte en effet près de 3,3 millions de demandeurs d'emploi, soit plus de 10% de la population active. La tendance est fragile et c'est pourquoi François Hollande a certes souligné le début d'inversion de la courbe mais sans triomphalisme.
Rendez-vous le 6 mars 2014
Et s'il fallait tempérer l'ardeur de la majorité, l'Insee a trouvé comment s'y prendre. La semaine dernière, elle a estimé que la croissance s'annonce trop faible dans les mois à venir pour faire refluer vraiment le chômage. Elle ne devrait ainsi pas dépasser 0,2% sur l'ensemble de cette année et se limiter encore à ce chiffre aux premier et deuxième trimestres. Les économistes estiment généralement qu'il faut 1,5% de hausse du PIB pour stabiliser le chômage.
Conséquence, celui-ci devrait, selon l'institut, se stabiliser au dernier trimestre 2013 et au 1er trimestre 2014 à 10,5% en métropole, avant de repartir légèrement à la hausse pour atteindre 10,6% mi-2014.
Le chef de l'Etat espère donc faire mentir ces pronostics et atteindre les prochains points de passage avec de bonnes nouvelles à apporter aux Français: dès la semaine prochaine pour son allocution du 31 décembre dans laquelle il s'appuiera sur les chiffres annoncés ce soir puis fin janvier pour la publication des chiffres de décembre qui clôtureront l'année 2013. Autre rendez-vous important, le 6 mars prochain quand l'Insee publiera le taux de chômage au quatrième trimestre 2013.
Nous serons alors à quelques jours des élections municipales, les électeurs auront toutes les cartes en main pour dresser le bilan de la première partie de mandat de François Hollande.
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