De 1974 à 1999, l’usine Metaleurop, aujourd’hui Recylex*, a rejeté dans l’atmosphère des quantités considérables de poussières toxiques, notamment de plomb. Suite à l’intervention du lanceur d’alerte Jean-Pierre Andry, relayée par la presse, la Préfecture du Rhône a ordonné l’arrêt de l’activité de fusion de l’usine. Une enquête environnementale « relativement légère » a été menée par la DDASS** en mars-avril 1999. Le rapport qui en découle évoque des « émissions de nature exceptionnelle » et insiste sur le danger que constituent les poussières, considérées comme « le meilleur indicateur du risque pour la santé ».
De mai à octobre 1999, une enquête épidémiologique, réalisée avec le concours de l’hôpital de Gleizé, a montré que la quasi-totalité des enfants observés présentaient une plombémie supérieure à 20µg par litre de sang (lire ici). Or l’INSERM*** nous alerte sur le fait que « chez le jeune enfant, l’effet le plus préoccupant d’une intoxication au plomb est la diminution des performances cognitives et sensorimotrices. Une plombémie de 12μg/L est associée à la perte d’un point de QI ».
Malheureusement, le suivi de cette pollution n’a pas respecté les préconisations initiales de la DDASS. Seules des analyses de sol ou de végétaux ont été effectuées, en contradiction avec le protocole établi par l’INERIS****. Or la communauté scientifique, comme le Conseil supérieur des installations classées, attestent que le danger principal est représenté par les poussières déposées sur les bâtis, intérieurs et extérieurs. Le rapport de la DDASS évoque un dépôt de 102 tonnes (sic !) sur un rayon de 1,8 km autour du site industriel. Et précise que ces poussières de plomb « sont en général fines et difficilement éliminables ».
Autrement dit, ces poussières sont toujours présentes, et constituent encore aujourd’hui un risque très important pour la santé des habitants de l’agglomération.
Alertés à plusieurs reprises, les pouvoirs publics locaux minimisent la situation. Rien de sérieux n’a été entrepris pour traiter le problème et éviter de nouvelles contaminations. Cette « politique de l’autruche » n’est pas acceptable. C’est pourquoi, M. le Préfet, nous vous demandons, en tant que Président de la Commission de suivi du site concerné, d’ordonner une enquête environnementale approfondie pour évaluer la présence de poussières de plomb, intérieures et extérieures, sur l’ensemble des bâtiments publics de l’agglomération, et plus particulièrement ceux recevant des enfants.
* Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) SEVESO 2 seuil haut
** Direction départementale de l’action sanitaire et sociale, aujourd’hui ARS (Agence régionale de santé)
*** Institut national de la santé et de la recherche médicale**** Institut national de l’environnement industriel et des risques
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