SHUTDOWN - Le président américain Barack Obama s'en est pris vivement samedi 5 octobre aux républicains qui bloquent depuis mardi l'adoption du budget, les appelant à cessez immédiatement "cette farce" et à voter pour mettre fin à la paralysie de l'administration.
"Allez-y et votez. Arrêtez cette farce. Mettez fin maintenant au 'shutdown'", a dit Barack Obama à l'adresse des élus républicains dans son allocution radio-télévisée hebdomadaire.
Républicains et démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat devaient siéger samedi pour tenter une nouvelle fois de sortir de l'impasse. La crise budgétaire à Washington, qui provoque la paralysie partielle des services fédéraux, est entrée samedi dans son cinquième jour sans solution en vue.
Le président américain a accusé "l'aile droite du parti républicain" de s'opposer au vote du budget à la Chambre des réprésentants où, selon lui, une majorité d'élus des deux partis est prête à voter.
Les républicains opposés à la réforme de l'assurance-maladie, dite Obamacare, dont un volet crucial est entré en vigueur mardi, refusent de voter un budget qui n'en supprimerait pas le financement.
"Je ne paierai pas de rançon"
Barack Obama a réitéré qu'il ne céderait pas au chantage et qu'il "ne paier(ait) pas de rançon en échange de la remise en marche de l'administration. Et je ne vais certainement pas payer une rançon en échange du relèvement du plafond de la dette", a-t-il insisté.
Des élus républicains ont en effet menacé de lier la question budgétaire à celle du relèvement du plafond légal de la dette.
Les Etats-Unis doivent atteindre le plafond de leur dette, actuellement situé à 16.700 milliards de dollars, le 17 octobre, et le Congrès doit approuver un relèvement de ce plafond pour éviter un défaut de paiement aux conséquences potentiellement catastrophiques.
"Pour aussi dangereuse que soit la paralysie budgétaire, une paralysie économique à la suite d'un défaut de paiement serait bien pire", a affirmé Obama.
Cette perspective a provoqué une nervosité grandissante des marchés boursiers mondiaux au cours de la semaine.
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Accentuant également la pression sur les républicains, le secrétaire d'Etat John Kerry a lancé une mise en garde contre le risque d'affaiblissement des Etats-Unis si la crise budgétaire se prolongeait.
"Si cela venait à se prolonger, ou à se répéter, la population pourrait commencer à mettre en doute la volonté des Etats-Unis à maintenir le cap ainsi que son aptitude à le faire. Mais ce n'est pas le cas et je ne pense pas que cela le sera", a déclaré M. Kerry lors d'une conférence de presse avant l'ouverture, lundi, du sommet de l'Apec (Asie-Pacifique) sur l'île indonésienne de Bali.
John Kerry représente à ce sommet le président Barack Obama qui a été contraint d'annuler une tournée en Asie en raison de la crise.
Les républicains se sont toutfois âprement défendus vendredi d'être à l'origine de cette crise.
"Les Américains ne veulent pas de paralysie de leur Etat fédéral, et moi non plus. Tout ce que nous demandons est de nous asseoir, d'avoir une discussion, de rouvrir l'Etat fédéral et d'introduire de l'équité pour les Américains dans +Obamacare+", a tonné le président de la Chambre John Boehner lors d'une conférence de presse.
"Je serais heureux de négocier avec les républicains et M. Boehner, mais pas sous la menace", avait rétorqué M. Obama, en s'offrant un rare bain de foule impromptu à l'heure du déjeuner: accompagné du vice-président Joe Biden, il est sorti à pied de la Maison Blanche pour acheter des sandwiches dans une boutique voisine.
Barack Obama et ses alliés démocrates, majoritaires au Sénat, ont proposé de négocier formellement sur un budget à long terme mais exigent comme condition le vote par la Chambre, dominée par les républicains, d'une loi de finances de six semaines pour rouvrir l'ensemble des administrations fédérales.
Faute d'un accord sur le budget au Congrès, les administrations centrales des Etats-Unis sont partiellement fermées depuis mardi matin 6 heures, et quelque 900.000 fonctionnaires fédéraux, soit 43% des effectifs, ont été mis d'office en congés sans solde, selon les chiffres du site GovExec.
Deux importants fournisseurs du Pentagone, le groupe de défense américain Lockheed Martin et le groupe industriel UTC ont annoncé qu'ils mettraient en congé sans solde des milliers de personne dès lundi.
Autre conséquence de cette crise à l'international, l'Union européenne a annoncé vendredi que le deuxième round des négociations avec les Américains sur la mise en place d'un accord de libre-échange, qui devait débuter lundi, avait été annulé.