Rassurez-vous : selon les élites qui nous gouvernent, tout est sous contrôle et tout se déroule comme prévu ! Après la mise en confinement de la France, solution parfaitement adaptée à sa
mentalité, à
son sens de l’organisation et
à son budget, le gouvernement planche à présent, les sourcils froncés et l’esprit en ébullition, sur le déconfinement et la reprise normale des activités du pays.
Et pour le moment, force est de constater que les idées se multiplient, mais que rien ne semble vraiment clair dans la tête de nos dirigeants. On espère qu’ils ne mettront pas en place un nouveau comité de réflexion scientifique, une nouvelle haute autorité au déconfinement voire une commission de mise en place du déconfinement, tant se bousculent les modalités différentes voire antinomiques pour une sortie de crise en bon ordre… Bon.
C’est raté.
L’idée générale est simple : l’économie commence à
légèrement souffrir de la situation où tous les commerces ou presque sont à l’arrêt, où certaines activités cruciales manquent de bras et – surtout ! – où les taxes, prélèvements et autres cotisations n’entrent plus dans le tonneau des Danaïdes des finances publiques ; il existe un risque de plus en plus palpable que, malgré les petits coups de menton guerriers du Chef de l’État, certaines entreprises fassent faillite malgré tout, que certains individus se retrouvent au chômage voire – si le pessimisme gagnait – que nous devions enregistrer une récession cette année malgré les petits calculs au cordeau de Bruno Le Ministre Rigolo et de ses fines équipes.
C’est dit, il va falloir déconfiner.
Cependant, laisser tout le monde gambader dans la nature et reprendre ses habitudes ne sera pas possible : d’une part, une importante proportion de la population française n’est toujours pas immunisée contre le méchant covid, et parmi celle-ci se trouvent inévitablement des personnes à risque, que ce soit en raison de leur âge ou de prédispositions médicales à développer les formes graves de la maladie. D’autre part, comme on ne sait pas précisément qui est encore contagieux indépendamment des symptômes, on risque bel et bien de relâcher dans la nature de dangereux porteurs du virus.
Il va donc falloir agir tout en subtilité. Et ça tombe bien, parce que
la subtilité est vraiment le point fort du gouvernement actuel qui va donc pouvoir proposer de nombreuses solutions affûtées par les nombreuses réflexions qu’ils ont eues au cours de leurs réunions et autres consultations de toutes les commissions, conseils et autorités indispensables à la bonne gestion de cette crise.
On va donc déconfiner en plusieurs phases, apparemment par région et en fonction de tests sérologiques permettant de déterminer si l’individu est ou non protégé.
La proposition est d’autant plus intéressante que les tests massifs que cela suppose ne sont pas prêts d’être en place et que l’administration, zélée et indéboulonnable, s’entend fort bien pour
ralentir de tous ses efforts toute possibilité de tests à grande échelle. Pour le moment, le personnel hospitalier n’étant même pas testé de façon systématique, imaginer que la population française le sera de façon extensive dans un avenir proche relève de la fiction la plus amusante.
Par ailleurs, conditionner le déconfinement au résultat de ces tests revient à donner une autorisation de se déplacer sur le territoire, une sorte de passeport de déplacement, en fonction de tests sérologiques. La France du déconfinement risque, à ce tarif, de ressembler aux heures les plus soviétiques de la Russie stalinienne ; au-delà de cet aspect purement administratif, il semble délicat dans un pays qui utilise le
RGPD pour
entraver la distribution de masque de se retrouver à devoir dégainer sa sérologie devant le moindre policier pour jouir de son droit d’aller et venir à son gré. On souhaitera qu’inversement, les séronégatifs pour covid19 ne soient pas obligés de porter un signe distinctif (en forme de couronne par exemple).
Bref, on est encore une fois perplexe devant les propositions et autres tentatives gouvernementales actuelles, dont la logique semble fragile ; ainsi dans ce système, plus on obéit aux consignes de confinement, plus on est protégé du virus, plus longtemps on devra rester enfermé. On pourrait assister, comme d’habitude dans le système français, à la punition des innocents qui s’accompagne de la rétribution des coupables (par un capitalisme de connivence largement endémique dans le pays).
Pourtant, les pays asiatiques montrent la voie, obstinément, depuis plusieurs mois.
Outre la mise en place précoce de tests systématiques, leur sens de l’organisation inouï leur a permis de disposer des moyens technologiques ultra-perfectionnés : des masques à 60 centimes pour tout le monde. Quant aux mesures évidentes qui consistent à protéger en priorité et le mieux possible les individus les plus faibles, qu’on sait déjà identifier (âge, prédispositions médicales), elles sont bien évidemment en place depuis le début.
Pendant ce temps, grâce à l’action décisive du gouvernement français, qui a commencé par
réquisitionner les stocks et
créer une pénurie quasiment instantanée de masques, cette solution semble maintenant à la fois la seule convenable pour rendre leur mobilité à tous dans le pays, et parfaitement inatteignable dans un délai court tant les filières de production et la logistique d’importation et de distribution sont paralysées par les décrets et ordres contradictoires de notre indépassable administration.
Les Français, réduits au système D entre deux informations contradictoires (
« les masques ne servent à rien »,
« les masques sont indispensables »), se sentiront donc immédiatement rassurés, quel que soit le scénario retenu par le gouvernement qui a déjà amplement prouvé la justesse de son pilotage au plus fin : un déconfinement arrive, et il ne tiendra qu’à une poignée de cerfas et d’administrations savamment huilées que tout se mette en place avec ordre, méthode et résultats flamboyants.
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