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dimanche 8 juillet 2018

Premier anniversaire maussade du plan climat


8 juillet 2018

Premier anniversaire maussade du plan climat

Hulot reconnaît que " le changement n'est pas à l'échelle " des ambitions en matière de neutralité carbone

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Un point d'étape, certes, mais pas encore un bilan d'ensemble du plan climat de -Nicolas Hulot. L'exercice auquel s'est livré le ministère de la transition écologique et solidaire, vendredi 6  juillet, à l'occasion du premier anniversaire de la feuille de route dévoilée à l'été 2017, n'était pas des plus faciles. Car ce plan interministériel orchestré par le numéro trois du gouvernement s'inscrit dans la durée du quinquennat et dessine une perspective à long terme : il vise à mettre la France sur la voie de la neutralité carbone à l'horizon 2050.
Or les échéances sortent largement du cadre du mandat présidentiel d'Emmanuel Macron. La fin de la production d'énergie fossile en France (traduit dans la loi hydrocarbures adoptée le 31  décembre 2017) comme celle de la vente de véhicules émetteurs de gaz à effet de serre – deux axes forts du plan climat – sont programmées à l'horizon 2040. Quant à l'objectif de porter à 32  % la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, autre enjeu important, il est fixé à 2030.
" Pour l'instant, le changement n'est pas à l'échelle ", a reconnu Nicolas Hulot, invité à ouvrir la séquence, poursuivie par des ateliers sur l'innovation, l'économie circulaire, les énergies renouvelables et le système agricole.
A l'autosatisfaction, l'ancien militant écologiste a préféré un état des lieux " franc, honnête et transparent, un dialogue sans complaisance "" Malgré la mobilisation de tous les acteurs, le découplage entre les activités économiques et les émissions de gaz à effet de serre n'est toujours pas là, a-t-il insisté, avant de rejoindre le conseil des ministres. Les émissions de gaz à effet de serre sont le thermomètre de la santé de notre planète et de notre capacité à  transformer l'accord de Paris en une réalité. "
Les nouvelles planétaires ne sont pas bonnes puisque ces émissions d'origine humaine sont reparties à la hausse en  2017. A en juger par les chiffres communiqués le 6  juillet par le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa), la situation est tout aussi préoccupante pour le patient français.
Si les émissions des principaux gaz à effet de serre enregistrent globalement une tendance à  la baisse de l'ordre de 17  %, sur la période 1990-2017, le total de l'année écoulée (estimé à  466  millions de tonnes équivalent CO2) est en revanche en progression en France de près de 2  % par rapport à 2016.
" Inertie "Poussant leur observation dans le détail, les experts du Citepa se sont livrés à une analyse sectorielle. Les émissions agricoles et sylvicoles, supposées diminuer de 5  % entre 2013 et 2017, sont quasiment constantes, en raison notamment de l'augmentation de l'utilisation des intrants (engrais azotés en hausse de 0,8  % en  2016) et de la hausse du cheptel bovin.
Les émissions émanant des transports ont elles aussi augmenté (+ 1,5  % en quatre ans), du fait de la densification du trafic routier dopé par un pétrole à bas prix. Indépendamment de ces facteurs conjoncturels, ce secteur est marqué par une " très forte inertie ", estiment les experts du Citepa. Ils citent en exemple la flotte des voitures individuelles diesel, qui diminue certes de 70 000 véhicules par an, mais sans effet significatif à  l'intérieur d'un parc de près de 21  millions de véhicules  diesel dans l'Hexagone.
Le plan climat devra inverser aussi la tendance dans la production d'énergie, où les émissions ont grimpé continuellement de 2014 à 2017, du fait des conditions climatiques et d'arrêts imprévus dans le parc nucléaire, compensés par un plus grand recours aux centrales à charbon. Le charbon, qui ne compte que pour 2  % du mix électrique français, représente encore 25  % du total des émissions du secteur.
" Notre économie se désintoxique peu à peu des énergies fossiles ", veut tout de même croire -Nicolas Hulot, dont le plan climat programme la fermeture des quatre dernières centrales à  charbon d'ici à 2022.
Au rayon des bonnes nouvelles, le ministre a mentionné également le " véritable succès " de la prime à la conversion de véhicules anciens pour des modèles neufs et peu polluants (prime de 2 000  euros pour les ménages non imposables, de 1 000  euros pour les autres). Quelque 75 000 propriétaires ont déjà bénéficié de ce dispositif, qui cible un objectif de 500 000 voitures durant le quinquennat.
La généralisation du chèque énergie (revalorisé de 150 à 200  euros en  2019) devrait aider quatre millions de ménages en situation de précarité énergétique, retient encore M.  Hulot, parmi " douze mesures prioritaires " en direction des citoyens, des entreprises et des collectivités locales.
Verdir les portefeuillesLes ONG lui opposent " douze gages de crédibilité ", pour donner plus de place à la lutte contre le réchauffement climatique dans l'action gouvernementale. Elles demandent, entre autres, la création d'un fonds vélo doté de 200  millions d'euros par an, la division au moins par deux des émissions du secteur agricole à l'horizon 2050 ou le renoncement aux grands projets destructeurs de forêts, dont le complexe minier de la Montagne d'or en Guyane.
Après un an de déploiement du plan à l'échelon national, " on est encore loin du compte, estime Morgane Créach, la directrice du Réseau action climat. L'ambition s'arrête là où commence l'intérêt de quelques acteurs, notamment dans le secteur de l'énergie ".
La stratégie comprend aussi un volet international, incarné notamment par le One Planet Summit, le sommet sur les " finances climat " organisé par la France le 12  décembre 2017, pour le deuxième anniversaire de l'accord de Paris. Voulu par le chef de l'Etat – qui voyait là l'occasion de conforter son leadership sur la scène climatique –, ce rendez-vous annuel est désormais piloté depuis le ministère de la transition écologique.
Mais la présidence de la République ne semble pas prête à laisser le ministère seul à la manœuvre. Vendredi en fin d'après-midi, -Emmanuel Macron a convié à l'Elysée la première ministre norvégienne Erna Solberg et les représentants des six plus gros fonds souverains de la planète.
Ces six acteurs incontournables de la finance mondiale (Norvège, Nouvelle-Zélande, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweït et Qatar), qui pèsent plus de 3 000  milliards de dollars (2 550  milliards d'euros), s'étaient engagés fin 2017 à verdir leurs portefeuilles. Le 6  juillet, ils ont franchi un pas supplémentaire en dévoilant une charte des bonnes conduites. Elle encourage les entreprises dans lesquelles ces fonds investissent à  mieux intégrer les risques climatiques et à communiquer davantage sur leur stratégie bas carbone.
Simon Roger
© Le Monde

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