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mercredi 4 juillet 2018

Le sauvetage des adolescents coincés dans une grotte unit la Thaïlande


4 juillet 2018

Le sauvetage des adolescents coincés dans une grotte unit la Thaïlande

L'évacuation s'annonce délicate pour les jeunes retrouvés miraculeusement vivants après avoir passé neuf jours sans vivres

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Vivants ! Depuis neuf jours, c'était comme si toute la Thaïlande retenait son souffle dans l'attente d'un dénouement heureux : le 23  juin, douze jeunes élèves -footballeurs âgés de 11 à 16  ans et leur entraîneur de 25  ans s'étaient retrouvés bloqués par la montée des eaux de la mousson dans une grotte du nord-est du royaume, aux confins du Laos et de la Birmanie.
L'attente fut interminable. Mais lundi 2  juillet, alors que des moyens considérables – drones, nageurs américains et britanniques, chiens renifleurs – avaient été déployés pour tenter de prendre contact avec les adolescents, ces derniers ont été localisés par des commandos de la marine thaïlandaise.
Depuis leur disparition, chaînes et journaux d'information couvraient, presque en temps réel, cet événement qui a semblé réunir autour d'une même cause, mais dans le registre de l'angoisse, un pays à l'ordinaire divisé. L'affaire était devenue obsessionnelle : les Thaïlandais, particulièrement actifs sur les réseaux sociaux, ne cessaient de poster des messages d'espoir pour que soient retrouvés sains et saufs les membres du Moo  Pa (" cochon sauvage "), nom de l'équipe de football.
" Je pense que tout espoir n'est pas perdu pour la Thaïlande ", écrivait un autre internaute sur Twitter, en une référence indirecte aux divisions sociales et désordres politiques parfois sanglants qui ont marqué l'histoire du pays ces dernières années.
Tout le royaume semblait au chevet des disparus : le premier ministre et chef de la junte militaire, le général Prayuth Chan-ocha, était venu, la semaine dernière, rencontrer les familles des adolescents, qui priaient, mains jointes à l'entrée des grottes. On l'a vu essuyer une larme devant les mères éplorées, les assurant néanmoins être optimiste pour la suite des événements. Le roi Vajiralongkorn a fait savoir, par l'entremise de son secrétariat personnel, qu'il s'inquiétait du sort des élèves footballeurs.
Sacrifices de pouletsChamans et autres sorciers s'étaient mis de la partie, dans une nation où le culte desphii (esprits) reste très vivace, en parallèle à la religion bouddhiste. Certains ont sacrifié des poulets et des porcs dans l'espoir que les esprits aident les jeunes footballeurs à rester en vie. Un journaliste de l'Agence France-Presse a rapporté avoir vu un reusee (ermite) vêtu d'une tunique en peau de tigre prier silencieusement à proximité des caves. Le patriarche suprême du Sangha – le clergé bouddhique – a appelé ses concitoyens à prier ensemble pour la survie des jeunes gens bloqués sous terre.
Les représentants des autres religions minoritaires s'étaient associés à la prière générale, les chrétiens chantant des cantiques dans les églises et les musulmans du sud du pays dédiant la dernière prière du vendredi aux -enfants.
Cette région du Triangle d'or, célèbre pour le trafic d'opium, d'héroïne et autres drogues, est elle-même un lieu où légendes et mythes ne sont pas absents.
La montagne où se trouvent ces grottes d'une dizaine de kilomètres de long, d'ordinaire ouvertes aux touristes, mais dont la visite est déconseillée en période de mousson, est connue sous le nom de " Femme qui dort " car elle a l'apparence d'une femme enceinte allongée. Selon une légende locale, l'esprit d'une princesse qui se serait suicidée en ces lieux flotte dans ses entrailles. Un autel lui est d'ailleurs dédié à l'entrée des cavernes.
Le gouverneur de la province de Chiang Rai, Narongsak Osottanakorn, a annoncé aux journalistes que les " treize personnes sont vivantes ", mais qu'il faudra " s'occuper de leur état de santé, car elles risquent de ne pas pouvoir s'alimenter normalement après être restées sans nourriture durant si longtemps ".
L'opération pourrait encore prendre des jours, voire des semaines. Il faudra, pour secourir les adolescents, attendre que le niveau de l'eau diminue ou leur apprendre à plonger et à se déplacer le long des quelque 4 km d'artères inondées.
Bruno Philip
© Le Monde

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