Pour justifier les différentes idées qui ont circulé ces derniers jours entre Bruxelles et les autres capitales de l'Union européenne (UE), à propos de la gestion de la migration (et qui se sont en partie retrouvées dans les conclusions du conseil, le 29 juin au petit matin), beaucoup de dirigeants et de diplomates se réfugient derrière le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Et, de fait, cette agence des Nations unies a été la première à suggérer, au printemps, la mise en place de
" plates-formes de débarquement " en Méditerranée. Afin d'éviter que des cas comme celui de l'
Aquarius, ce bateau auquel l'Italie a refusé l'accostage, ne se reproduise trop souvent.
" Nous avons enregistré mille décès depuis le début de l'année, il est temps d'établir un mécanisme à l'échelle régionale ", souligne Ralf Gruenert, représentant du Haut-Commissariat en France.
Consciente que la crise politique que traverse actuellement l'Union menace jusqu'au principe du droit d'asile, le HCR va désormais plus loin, détaillant son schéma de
" plates-formes de débarquement " sur le pourtour mediterranéen. Sans aucune référence au règlement européen de Dublin stipulant que c'est au pays de première entrée qu'il appartient d'accueillir les migrants et d'examiner leur demande d'asile.
Dans une lettre conjointe, datée du 27 juin et adressée à la haute représentante, Federica Mogherini, au président de la Commission, Jean-Claude Juncker, et à celui du Conseil européen, Donald Tusk, le HCR et l'Office international pour les migrations
(OIM), proposent une approche renouvelée et appellent
" tous les pays de la région méditerranéenne à se réunir pour mettre en place un mécanisme prévisible et responsable de débarquement, avec, pour priorité, le respect des droits humains et la sécurité " des naufragés.
Considérant que la situation nécessite désormais une
" responsabilité partagée autour du bassin méditerranéen ", le HCR et l'OIM recommandent d'abord d'augmenter significativement le nombre de réfugiés accueillis directement depuis les pays d'origine et de transit, et suggèrent la mise en place de filières de migration légale, et de visas pour les migrants les plus
" fragiles ".
Intransigeance de la HongrieLes plates-formes devraient aussi procéder
" rapidement " au traitement des dossiers et
" réduire les mouvements " des migrants. Les deux agences ne précisent pas si ces centres doivent être, ou non, fermés. Le HCR est, en principe, opposé à la rétention administrative, en particulier à celle des personnes vulnérables et des enfants. Il affirme toutefois la nécessité de protéger certains migrants, des réseaux de trafiquants.
Pas de précision non plus sur la localisation des plates-formes, hormis qu'elles peuvent se situer
" dans l'Union européenne ", mais aussi
" potentiellement ailleurs " et devraient être distribuées
" de manière géographique ". Une réserve cependant : certains pays ne disposent pas de centres de sauvetage en mer, ce qui réduit leur rôle potentiel.
Après une nuit de négociations, les Européens ont endossé le principe de plates-formes situées dans des ports européens, vendredi, à Bruxelles. Ils ont aussi validé le principe de centres externes à l'Union européenne, sur les rives africaines. Budapest ou Varsovie ne veulent, en effet, pas entendre parler de centres européens qui, de leur point de vue, continueraient d'être des pôles d'attraction pour les migrants et les passeurs.
Le HCR et l'OIM soulignent aussi – mais seront-ils entendus ? – la nécessité de mettre au point, parallèlement, des mécanismes de répartition équitables des demandeurs d'asile. Un projet qui bute sur l'intransigeance de la Hongrie et de ses alliés.
Il restera enfin à régler la question de la gestion des " plates-formes ", ces " hot spots " d'un nouveau type. Des dirigeants européens affirment que le HCR peut jouer ce rôle. M. Gruenert paraît plus nuancé :
" La gestion de telles structures ressortirait des Etats, le HCR est disponible pour les aider, sur la base de son expérience. "
Cécile Ducourtieux, et Jean-Pierre Stroobants
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