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mercredi 4 juillet 2018

Hulot monte au front sur le nucléaire


3 juillet 2018

Hulot monte au front sur le nucléaire

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 Le ministre souhaite un calendrier précis sur la réduction de la part de cette source d'énergie et s'oppose à la construction d'un nouvel EPR
 Ce dossier sera un nouveau test politique de son influence au sein du gouvernement et du soutien de Macron

 Alors que se multiplient les rumeurs de départ, son bilan est discuté
Page 6 Débats pages 20-21
© Le Monde



3 juillet 2018

Nicolas Hulot monte au front écologique

En première ligne sur plusieurs dossiers à venir, le ministre va devoir faire entendre sa voix sur le nucléaire

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Nicolas Hulot à l'offensive. Loin d'être déprimé ou sur le point de quitter le gouvernement, comme la rumeur le laisse régulièrement entendre, le ministre de la transition écologique et solidaire a décidé de monter au front sur le dossier du nucléaire, alors que l'exécutif doit bientôt rendre ses premières orientations sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), la feuille de route énergétique du pays pour les cinq prochaines années.
Vendredi 29  juin, en marge de la présentation des premiers travaux du débat public sur le sujet, l'ancien animateur de TF1 a répété sa position : la PPE doit détailler de manière précise comment la France va passer de 75 % de nucléaire dans sa production d'électricité à 50  %. Nicolas Hulot avait dû assumer en novembre  2017 de reculer l'objectif de 50 % au-delà de 2025, à la grande satisfaction de la filière nucléaire française. Mais il n'entend pas pour autant renoncer à inscrire noir sur blanc les modalités dans la PPE.
" Je souhaite qu'à la fin de l'année, on ait un calendrier précis avec un échéancier (…), qu'on sache quels réacteurs - vont fermer - ", a ainsi expliqué le ministre devant des journalistes. " Mentionner une liste de centrales qui devront fermer dans la PPE est potentiellement explosif, industriellement et politiquement ", souligne un bon connaisseur du secteur. L'option n'a d'ailleurs, pour l'heure, pas convaincu à l'Elysée. Ces déclarations arrivent quelques jours après une sortie déjà très ferme contre la stratégie d'EDF. Interrogé le 21  juin sur France Info, M.  Hulot, ministre de tutelle de l'énergéticien, avait estimé que l'obsession pour le nucléaire a entraîné le groupe public dans " une dérive " sur le plan économique.
" Trouver un chemin "Derrière ces déclarations se cache une conviction profonde pour Nicolas Hulot et ses soutiens : empêcher que la France ne se lance dans la construction d'un deuxième réacteur EPR. Alors que celui de Flamanville, en Normandie, connaît de nouveaux déboires, avec un chantier passé de 3 milliards à 10,5 milliards d'euros, le ministre a expliqué clairement que le temps n'était pas venu pour décider d'un tel projet. " La PPE doit permettre de remettre EDF à sa place, de rappeler que c'est l'actionnaire qui décide ", estime Matthieu Orphelin, député (LRM) de Maine-et-Loire et proche de M. Hulot.
C'est pourtant ce que réclame avec insistance EDF : le groupe public affirme accepter de viser l'objectif de 50 %, mais demande, en contrepartie, à l'Etat de poser les jalons d'un futur parc nucléaire. Une position qui a trouvé un écho favorable au sein du gouvernement. Bruno Le  Maire a ainsi été chaleureusement accueilli lors d'un salon mondial du nucléaire en région parisienne, le 26 juin. " N'ayez aucun doute : le nucléaire restera essentiel à long terme pour garantir la sécurité d'approvisionnement de notre pays, la compétitivité de notre pays, et l'indépendance énergétique de la nation française ", a lancé le ministre de l'économie.
Des déclarations contradictoires qui ont suscité des questions, tant chez les dirigeants de la filière que dans la majorité. " Il y a clairement deux lignes, celle du ministère de Hulot, très ambitieux, et celle de Bercy, qui veut passer le sujet sous le tapis ", analyse un député LRM investi dans le dossier, qui estime qu'une grande partie de la majorité est sensible aux arguments de Nicolas Hulot.
A Matignon, on veut pourtant croire possible de " trouver un chemin " entre les deux positions. " Que le ministre de l'économie soutienne l'industrie et que celui de l'écologie ait de l'ambition en matière de transition énergétique, c'est normal, estime-t-on dans l'entourage d'Edouard Philippe. Chacun voit qu'il faut diversifier notre mix énergétique, rattraper le retard de la France dans les énergies renouvelables, mais aussi respecter les contraintes industrielles et sociales liées au nucléaire. "
En attendant l'arbitrage du gouvernement, qui pourrait intervenir d'ici à la fin de l'été, selon Matignon, le débat promet d'animer la majorité. Jeudi doit être rendu le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des centrales nucléaires, menée par la députée (LRM) Barbara Pompili. L'ex-secrétaire d'Etat de François Hollande, militante antinucléaire de longue date, espère que celui-ci alimentera les discussions sur la PPE et viendra renforcer la position de M. Hulot.
Dans le cas contraire, le ministre pourrait de nouveau laisser entendre qu'il n'est pas là pour faire tapisserie, et poser la question de sa présence au gouvernement. " Cet été, on aura avec le président et le premier ministre un moment de vérité. On fera le point, on tracera les perspectives et on prendra ensemble des décisions sur l'avenir et les prochaines étapes ", avait indiqué Nicolas Hulot, le 16 mai sur BFM-TV, ajoutant qu'il aurait alors " suffisamment d'éléments pour pouvoir regarder si effectivement - il -participe à cette transformation sociétale ".
Clémence de MacronA en croire l'entourage du ministre, il ne faut pourtant pas voir dans ces déclarations une stratégie délibérée de l'ancien animateur mais davantage l'expression de sa " sincérité "" Nicolas Hulot ne fait jamais de chantage à la démission, mais il dit les choses quand il pense que ce n'est pas au niveau, le défend Matthieu Orphelin. Tant qu'il est utile et qu'il peut faire avancer les choses, il sera là. "" Il est normal (…)d'imaginer que parfois il faille phaser un certain nombre de choses, qu'on est sous des injonctions contradictoires, selon qu'on privilégie le temps court ou le temps long. On doit essayer de combiner toutes les injonctions ", avait lui-même reconnu M. Hulot lors d'un déplacement en Bretagne, le 20  juin.
N'empêche, cette attitude fait régulièrement grincer des dents au sein de l'exécutif, où plusieurs ministres s'étonnent de la clémence d'Emmanuel Macron face aux incartades de son protégé. Mais pas question de pousser Nicolas Hulot dehors. Celui-ci reste le ministre le plus populaire du gouvernement, dont il incarne à lui seul la fibre écologique. Qu'il parte et c'est tout le discours " Make our planet great again " d'Emmanuel Macron qui se trouverait remis en cause.
" Hulot a sa place dans l'équipe. Sans lui, ce n'est pas la même chose ", reconnaît-on à Matignon. Signe d'attention, le ministre de la transition écologique a été invité par Edouard Philippe à participer avec lui à un Facebook Live sur la biodiversité, lundi 2  juillet. Mieux, certains élus LRM disent penser à lui pour mener la liste macroniste aux élections européennes de mai  2019. Une idée balayée par l'intéressé, en tout cas pour l'instant. Lui assure que son ministère sera son dernier engagement politique.
Cédric Pietralunga, et Nabil Wakim
© Le Monde



3 juillet 2018

Biodiversité, nucléaire, plan climat… L'agenda chargé du ministre

Ces différents rendez-vous pourraient être autant de tests politiques pour Nicolas Hulot et pour son avenir au sein du gouvernement

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C'est mon jour. " Vendredi 29  juin, au -Conseil économique, social et environnemental, où il assistait à la synthèse du débat public sur la programmation -pluriannuelle de l'énergie (PPE), Nicolas Hulot affichait une sérénité peu coutumière chez cet -intranquille permanent.
Peut-être est-ce la satisfaction, pour le ministre de la transition écologique et solidaire, d'avoir mené à bien plusieurs chantiers de promotion des renouvelables, qui sont à ses yeux la clé de la transformation du modèle énergétique français. Plan de " libération " de l'éolien terrestre en janvier, plan méthanisation en mars, plan hydrogène début juin, plan solaire voici quelques jours… Sans oublier le récent accord, arraché au terme d'une âpre négociation avec les industriels, sur le coût – revu à la baisse – des six premiers parcs éoliens en mer… Des chantiers surtout conduits par son secrétaire d'Etat, Sébastien Lecornu, mais qui s'inscrivent aujourd'hui au crédit de son ministère.
M.  Hulot n'ignore pourtant pas que, même si, comme il le dit volontiers, l'atome n'est pas " l'alpha et l'oméga " du système énergétique, il est très attendu sur la question du nucléaire, élément central de la PPE, cette feuille de route énergétique du pays pour les cinq ans à venir, dont une version provisoire devrait être présentée mi-juillet. Vendredi, le président de la Commission particulière du débat public, Jacques Archimbaud, s'est chargé d'en rappeler les enjeux au ministre. " Des signaux qui apparaîtraient déséquilibrés ou asymétriques en matière de nucléaire ou le report sine die des 50  % seraient perçus comme extrêmement négatifs, au regard de la mobilisation pour la transition énergétique ", a-t-il résumé.
La France en retardD'autres rendez-vous, a priori plus consensuels, attendent d'ici là M. Hulot. Il doit d'abord présenter, mercredi 4  juillet, dans le cadre d'un comité interministériel, un plan en faveur de la biodiversité. Une cause qu'il veut porter au même niveau que la lutte -contre le changement climatique.
La dimension interministérielle de cette initiative pour la biodiversité est une forme de gage que, au plus haut niveau de l'Etat, tout le monde ne s'en désintéresse pas. Reste à connaître les mesures concrètes de ce plan d'action, qui pourrait notamment mettre en avant un objectif de " zéro artificialisation nette " des terres, ainsi que l'interdiction de tout rejet de plastique en mer d'ici à 2025. Reste aussi à savoir quels moyens y seront alloués.
Dans l'immédiat, M.  Hulot peut se féliciter d'avoir obtenu une victoire plus que symbolique, avec la probable inscription, dans l'article premier de la Constitution, de " la préservation de l'environnement et de la diversité biologique ", en même temps que la lutte " contre les changements climatiques ".
Le réchauffement, précisément, est aussi à l'agenda d'un début d'été particulièrement chargé pour le ministre de la transition écologique. Vendredi 6  juillet, il devrait dresser le bilan de la première année d'application de son " plan climat ", présenté en juillet  2017. Il sera bien sûr difficile de juger de l'avancée d'un dispositif dont le but ultime – la neutralité carbone – est programmé à un horizon aussi lointain que le milieu du siècle.
M.  Hulot n'en devra pas moins faire état de premiers résultats tangibles, pour que l'exemplarité dont se targue la France sur la scène internationale n'apparaisse pas comme un simple affichage. Pour l'heure, en effet, l'Hexagone est en retard sur tous ses objectifs de transition énergétique. Et, même si la responsabilité ne peut en être imputée à l'exécutif actuel, ses émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse en  2015 et 2016.
Mix énergétique, protection de la biodiversité, action climatique : autant de dossiers qui vont constituer des tests pour le numéro trois du gouvernement, qui a dit vouloir faire cet été " l'évaluation " de sa participation au gouvernement.
Pierre Le Hir
© Le Monde

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