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dimanche 29 juillet 2018

Climat : pourquoi la planète est en surchauffe.....




28 juillet 2018

Climat : pourquoi la planète est en surchauffe

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 De Tokyo à Montréal, du Sahara au cercle polaire, une vague de chaleur s'est abattue sur une partie du globe, avec de nouveaux records de températures
 L'Europe du Nord est particulièrement touchée. Une partie de la France était sous la canicule, vendredi 27 juillet, nécessitant un plan de vigilance
 Depuis le début de l'année, Paris a connu 59 jours avec des températures supérieures à 25 °C : un record. La mer du Nord n'a jamais été aussi chaude
 Une grande majorité des études n'hésitent plus à lier les phénomènes météorologiques extrêmes directement aux activités humaines
" Dans trente ou cinquante ans, ce qui est exceptionnel aujourd'hui sera la norme ", estime le climatologue Jean Jouzel
Pages 2-3

28 juillet 2018

Températures extrêmes sur le globe

Du cercle polaire au Sahara, la planète subit vagues de chaleur, incendies, sécheresses et inondations

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LES CONSTRUCTIONS ILLÉGALES AU CŒUR DU DRAME DES INCENDIES EN GRÈCE
Les incendies survenus à l'est d'Athènes dans la nuit du 24 juillet au 25 juillet et qui ont fait, selon le dernier bilan, 82 morts, ont soulevé la question des constructions illégales, très nombreuses dans la région. " Les maisons dans la localité de Mati étaient pratiquement toutes construites illégalement, puisqu'il est interdit de bâtir dans des zones boisées, a fortiori s'il s'agit de forêts de pins qui prennent très facilement feu ", constate Dimitris, un ingénieur civil qui s'est porté volontaire pour répertorier les dégâts subis par les bâtiments. Selon la chambre des ingénieurs civils, près de 1,1 million de bâtiments sont construits illégalement et devraient être complètement démolis, sur environ 7 millions répertoriés dans tout le pays. Le ministère de l'environnement doit proposer un plan pour sécuriser les zones boisées densément habitées. Après les incendies, la région de l'Attique a fait face, jeudi 26 juillet, à des pluies diluviennes, créant des inondations.
Plus de 30  0C dans le cercle polaire et plus de 40 0C en Californie, 40 0C à Tokyo, 36,6 0C à  Montréal… La planète est en surchauffe. Des records absolus sont partout battus comme dans le cercle polaire, à Kvikkjokk, en Suède, avec 32,5 0C le 17  juillet ou dans le Sahara algérien, avec 51,3 0C à Ouargla, le 5  juillet. Dans la vallée de la Mort, en Californie, il a fait 52,9  0C le 24  juillet, presque autant que le record mondial de chaleur de 54 0C atteint en juin  2013 à Furnace Creek.
L'année 2018 montera-t-elle sur le podium des années les plus chaudes depuis le début des relevés, en  1880 ? Pour l'instant, selon l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique, la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), y figurent 2016, 2015 puis 2017. D'ores et déjà, le mois de juin fut le deuxième le plus chaud jamais enregistré, selon le service Copernicus de surveillance du changement climatique du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme.
" Outre les températures exceptionnellement élevées relevées dans une grande partie du nord dela Sibérie en juin, elles étaient également nettement supérieures dans la majeure partie des Etats Unis, dans le centre du Canada, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans le nord de la Chine ", explique l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
" 2018 s'annonce comme l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures record dans de nombreux pays. Ce n'est pas une surprise ", a commenté la secrétaire générale adjointe de l'OMM, Elena Manaenkova.
Ces canicules sont " cohérentes avec les effets attendus du changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre. Ce n'est pas un scénario futur. Ça se produit maintenant ", a-t-elle insisté. Sur 131 études publiées de 2011 à 2016 dans leBulletin of the American Meteorological Society" 65  % ont permis de déterminer que la probabilité d'occurrence de ces phénomènes extrêmes dépendait fortement des activités anthropiques ", rapporte l'OMM.
Les conséquences de ces températures extrêmes et de ces périodes caniculaires qui durent plusieurs jours, se comptent certes en centaines de vies humaines, mais aussi en incendies – comme en Grèce, en Suède ou encore en Sibérie et en Lettonie –, ainsi qu'en sécheresse, pertes de récolte, notamment en céréales et en foin, et en difficultés d'approvisionnement en eau. Ainsi, en Irlande, l'ensemble des stations météo du pays font état d'une sécheresse absolue, tandis que le Royaume-Uni a connu sa première moitié d'été la plus sèche depuis le début des relevés, avec 47  mm de pluie du 1er  juin au 16  juillet, selon l'OMM.
FranceLa France suffoque. Dix-huit départements étaient toujours placés en vigilance orange canicule vendredi 27  juillet. Le week-end devrait offrir un court répit avant une deuxième vague de fortes chaleurs la semaine suivante. Cet épisode caniculaire s'accompagne d'un pic de pollution à l'ozone dans plusieurs régions dont l'Ile-de-France. A Paris, le thermomètre devait monter jusqu'à 37 0C vendredi. Les 40,4 0C du 28  juillet 1947 tiennent toujours, mais d'autres records sont battus dans la capitale. A la fin du mois, on dénombrera cinquante-neuf jours au-dessus de 25  0C depuis le début de l'année : une première depuis la mise en place des relevés, en  1873, indique Météo France. Cette poussée de chaleur est non seulement durable mais aussi précoce. Avec 17,5 0C de moyenne sur le deuxième trimestre (avril-mai-juin), Paris n'avait jamais connu un printemps aussi chaud.
BelgiqueJeudi 26  juillet, jusqu'à 36 0C étaient attendus à Bruxelles. Ce même jour, le pays est entré " officiellement " en période de canicule, soit des températures dépassant les 25  0C durant cinq jours consécutifs, avec au moins trois jours durant lesquels une température d'au moins 30 0C a été relevée. Et pour vendredi, l'Institut royal météorologique (IRM) annonçait des températures atteignant 36  0C et 37  0C dans le centre.
D'après les prévisionnistes, la situation ne devrait pas s'améliorer dans les prochaines semaines. L'indice de sécheresse enregistré en  1976, l'été de tous les records, devrait même être égalé début août pour la même période. Toutefois, pour le chef du département prévisions de l'IRM, David Dehenauw, la situation n'est pas encore aussi critique que cette année-là. Il met en avant deux différences principales : en  1976, les précipitations étaient encore plus limitées qu'aujourd'hui pour la période mi-juin-mi-juillet (3  mm, contre 19  mm cette année). Et la sécheresse concernait à l'époque tout le pays, alors que cette année, elle concerne principalement l'ouest et le nord-ouest (la Flandre, principalement).
Par ailleurs, la température de la mer du Nord a atteint 22,9  0C, indique jeudi l'Institut flamand pour la mer (Vlaams Instituut voor de Zee, VLIZ), qui la relève depuis 2000 au large de la côte belge. Il s'agit de la température la plus élevée depuis le début des mesures. Le précédent record de 22,1  0C datait de 2006.
Europe du NordDans l'extrême nord de la Scandinavie, en Laponie norvégienne, se succèdent ciels sombres qui lâchent des pluies violentes et grosses chaleurs à plus de 30 0C, au point que l'on y parle de nuits tropicales. Le Danemark connaît une chaleur également inhabituelle et durable, tandis que son territoire du Grœnland connaît à l'inverse un été froid et humide – les deux phénomènes sont liés, puisque l'anticyclone qui s'est stabilisé sur l'Europe du Nord depuis début mai fait face à la dépression qui s'est fixée au-dessus du Grœnland.
En Finlande, les hausses de température par rapport aux normes saisonnières sont de l'ordre de 2  0C à 4  0C dans le centre du pays, de 4  0C à 6  0C en Laponie, qui devrait connaître son été le plus chaud. Les autorités ont annoncé les récoltes les plus mauvaises depuis vingt ans.
La Suède reste frappée par une vague d'incendies sans précédent avec, comme ailleurs en Scandinavie, une sécheresse installée depuis début mai. Jeudi, le premier ministre suédois Stefan Löfven a  annoncé avoir demandé l'aide de l'OTAN pour lutter contre les feux. En fin de semaine, plus d'une vingtaine de foyers d'incendies étaient actifs dans toute la Suède, couvrant quelque 20 000 hectares. Les autorités ont néanmoins annoncé, jeudi matin, que les principaux feux étaient enfin sous contrôle.
JaponProvoquée par la présence persistante sur l'archipel de deux puissantes zones de hautes pressions, la canicule qui sévit au Japon depuis le début du mois de juillet a causé la mort de 80  personnes en trois semaines, et en a conduit à l'hôpital 22 000 personnes pour coup de chaleur. Des températures moyennes dépassant de 10 degrés les normales de saison ont été relevées, par exemple dans la ville de Kumagaya, au nord de Tokyo, où le record national a été battu avec 41,1  0C, le 23  juillet.
Cette chaleur humide fait suite à un épisode de cumuls de précipitations record, observés entre le 28  juin et le 8  juillet, entraînant des inondations et des glissements de terrain. Deux cent vingt personnes ont péri et quelque 10 000 foyers ont été détruits ou inondés. Les dégâts sont estimés par le gouvernement à 321  milliards de yens (2,47  milliards d'euros). Le pays se prépare désormais à l'arrivée le 28  juillet du typhon Jongdari, et à ses fortes pluies et vents violents.
Inde-PakistanDepuis le début de l'année, un nombre anormalement élevé de tempêtes de sable a balayé le sous-continent Indien. Le Centre pour la science et l'environnement (CSE), basé à New Delhi, en a enregistré plus d'une cinquantaine en Inde, provoquant au moins 500 morts. Il en avait comptabilisé vingt-deux entre 2003 et 2017, et seulement neuf entre 1980 et 2003. A Delhi, le trafic aérien a été interrompu et les chantiers de construction suspendus. Assiégée par des vents chargés de sable et de poussière, la capitale indienne a enregistré des pics de pollutions extrêmes, plutôt rares en cette saison.
Les scientifiques pointent du doigt la désertification causée par la déforestation, et la -conjonction d'une hausse de la température de surface avec -l'humidité transportée par les vents d'ouest. Ce dérèglement climatique serait favorisé par le réchauffement. En avril, un record de température de 50,2  0C a été -atteint à Nawabshah, une ville du sud du Pakistan. Selon une étude publiée en juin par la Banque mondiale, entre 375  millions et 800  millions d'habitants du sous-continent risquent d'être affectés par la hausse des températures.
Rémi Barroux, et Stéphane Mandard, (avec nos correspondants)
© Le Monde


28 juillet 2018

Le réchauffement climatique est à l'œuvre

Pour les experts, les températures extrêmes sur l'Europe du Nord ne sont pas seulement dues aux aléas météorologiques

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Pour la deuxième année consécutive, les experts du World Weather Attribution (WWA) se sont livrés à l'analyse de la vague de chaleur estivale qui frappe une partie de l'Europe. En septembre  2017, une étude du WWA, partant de l'observation de l'épisode caniculaire enregistré en juillet-août dans le sud et l'est du continent – caractérisé par des températures supérieures à 40 0C – concluait que les vagues de chaleur de ce type pourraient devenir la norme d'ici les années 2050.
" Au début des années 1900, un été comme celui que nous venons juste de vivre était extrêmement rare, avançait alors Geert Jan van Oldenborgh, de l'Institut météorologique royal des Pays-Bas. Dans tout le sud de l'Europe, la probabilité d'avoir chaque été une canicule aussi chaude que celle que nous avons observée l'été dernier est déjà de 10  %. "
Cette année, c'est l'Europe du Nord qui retient l'attention du groupe de climatologues. Des records absolus de température ont été battus mi-juillet en Norvège avec des valeurs autour de 33  0C, soit plus de 15 degrés au-dessus des normales, et le mercure est monté en flèche près du cercle polaire.
Dans l'analyse qui devait être rendue publique vendredi 27  juillet, les experts du WWA – groupe qui associe notamment l'Environmental Change Institute de l'université d'Oxford (ECI), l'Institut météorologique royal des Pays-Bas (KNMI) et le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement en France (LSCE) – livrent les premières pistes de réflexion sur la persistance de hautes pressions à l'origine de températures anormalement élevées et de sécheresse depuis la Scandinavie jusqu'aux Pays-Bas.
Ils ont, à cet effet, relevé en sept lieux différentsla moyenne la plus forte de trois jours consécutifs de température maximale sur la période du 1er  mai au 24  juillet, et comparé les résultats avec les données enregistrées les années précédentes. Les sept villes retenues – Dublin en Irlande, De Bilt aux Pays-Bas, Copenhague au Danemark, Oslo en Norvège, Linköping en Suède et deux localités de Finlande – constituent un panel homogène dans la mesure où elles présentent une même qualité des données, précise Robert Vautard, le chercheur du LSCE associé à l'étude.
Si les auteurs conviennent prudemment qu'il faudra agréger les données du mois d'août pour qualifier avec précision la saison chaude qui sévit ces derniers mois dans le nord du Vieux Continent, ils identifient tout de même des éléments de constat. Les chercheurs mentionnent ainsi une chaleur " très extrême " installée dans le cercle arctique, qui s'atténue lorsqu'on progresse vers le sud de la zone observée.
" En Irlande, aux Pays-Bas et au Danemark, les observations font clairement apparaître une tendance à l'augmentation des vagues de chaleur, constatent les principaux auteurs de l'étude, Geert Jan van Oldenborgh du KNMI et Friederike Otto d'Oxford ECI. La probabilité est au moins deux fois plus forte à Dublin et quatre fois plus élevée à Oslo. "
Plusieurs modèles" Ces anomalies de températures qu'on observe dans le nord de l'Europe sont liées à la situation météorologique, explique le climatologue français. L'anticyclone est bloqué sur la Scandinavie depuis deux mois et les perturbations sont rejetées vers le Sud et en Méditerranée. Mais à cela s'ajoutent les effets du changement climatique. "
Car Robert Vautard comme ses collègues européens estiment que " le changement climatique d'origine humaine accroît les risques de vagues de chaleur comme celle constaté en  2018 en Scandinavie, même s'il reste compliqué de quantifier dans quelle proportion il intervient ".
Pour étayer leur analyse, les experts du WWA ont fait tourner plusieurs modèles climatiques en intégrant les rejets de gaz à effet de serre dans l'atmosphère attribués aux activités humaines. " Il est important de retenir que ce qui contribue à l'élévation de la température, ce ne sont pas les fluctuations des émissions de gaz à effet de serre, mais la quantité de CO2 déjà stocké, pour longtemps, dans l'atmosphère ", indique Robert Vautard. On ne doit par conséquent pas s'attendre à une baisse, mais, dans le meilleur des cas, à une stabilisation des températures, selon le chercheur du LSCE.
Simon Roger
© Le Monde

28 juillet 2018

" Après 2050, on pourra arriver à 55 0C en France "

Le climatologue Jean Jouzel est pessimiste sur les chances de contenir le réchauffement climatique

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L
e climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, estime que ces événements extrêmes ne sont qu'un avant-goût de ce qui attend l'Europe si la lutte contre le changement climatique ne passe pas à la vitesse supérieure.


Un an après le Portugal, c'est la Grèce qui est en proie à des incendies meurtriers. Notre maison brûle, pour reprendre la formule de Jacques Chirac au Sommet de la Terre, à Johannesburg, en  2002…

Pour nous, Français, Européens, le changement climatique, c'est loin. Ce sont les autres. Là, avec ces événements climatiques extrêmes, cela nous saute aux  yeux. A travers ces désastres, les gens perçoivent qu'ils ne sont pas à l'abri, que nous sommes tous vulnérables. Nous ne sommes pas dans une tour d'ivoire.
Mais ce qui se passe, nous l'avions prévu il y a trente ou quarante ans déjà : c'est-à-dire une intensification des événements extrêmes et de leur fréquence avec le réchauffement. Année après année, été après été, ils se répètent. Et ce n'est qu'un début. Dans trente ou cinquante ans, ce qui est exceptionnel aujourd'hui sera la norme en Europe, avec des événements encore plus ravageurs et nombreux. Même si ce sont des régions d'Afrique et de l'Asie qui restent les plus vulnérables.


Pouvez-vous nous préciser ce scénario ?

Même en respectant l'accord de Paris, nous serons sur une hausse de 3 degrés à 3,5 degrés à  la fin du siècle. Cela signifie que le risque d'être exposé à des événements extrêmes liés au  réchauffement va être multiplié par cinquante.
Aujourd'hui, seuls 5  % des Européens, majoritairement dans les régions du Sud, font face à  ces catastrophes. Mais, dans trente ou cinquante ans, ce seront les deux tiers des Européens qui seront concernés, à commencer par des épisodes de canicule et des périodes de sécheresse, comme le connaît cet été la Suède et les autres pays scandinaves. On peut évaluer à environ 150 000 le nombre d'Européens qui seront victimes de désastres climatiques chaque année, contre 3 000 aujourd'hui.


Avec des pointes à 35 degrés, la Suède connaît une vague de chaleur sans précédent qui se manifeste par des incendies tout aussi inédits…

La Suède et les autres pays scandinaves font face à une période de sécheresse et à de fortes températures liées à un phénomène de haute pression, prévu pour durer au moins jusqu'à la fin du mois. Mais ces situations risquent de se reproduire. Le réchauffement climatique est deux fois plus rapide dans l'Arctique du fait de la fragilisation de la calotte glaciaire et de la diminution des surfaces de glace et enneigées.


Quelles sont les prévisions pour la France ?

En France, les incendies ne seront plus cantonnés au Sud, ils pourront frapper le centre et l'ouest, qui deviendront aussi des régions à risque. A la fin de la prochaine décennie, les températures record atteindront les 45 degrés. Et après 2050, on pourra arriver à 50 degrés, voire 55 degrés dans certaines régions. Il sera de plus en plus difficile de vivre dehors, particulièrement dans les grandes agglomérations. Dans une ville comme Paris, les températures pourraient augmenter de 4 degrés d'ici à la fin du siècle, et les canicules comme celles que nous avons connues en  2003 se multiplier. Il va être de plus en plus difficile de vivre dans ce monde.


Peut-on encore agir pour conserver ce monde vivable ?

Ces chiffres, il faut bien les avoir en tête, car c'est ce qui nous attend si nous ne faisons pas tout pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Or, la France est en retard sur ses objectifs. Je suis moins optimiste que je ne l'étais après l'accord de Paris. Il n'est pas encore trop tard pour agir, mais il va être très difficile de tenir l'objectif des 2 degrés. Les villes ont un rôle important à jouer pour lutter concrètement contre le réchauffement.
propos recueillis par, Stéphane Mandard
© Le Monde
28 juillet 2018

Aux Etats-Unis, l'été de tous les dangers

L'Ouest américain subit le feu, l'Est est dévasté par les pluies

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Le célèbre Half Dome, la montagne " coupée en deux " du parc national de Yosemite, n'est même plus visible tant la fumée est épaisse. La vallée ressemble désormais à une ville fantôme, et le Wi-Fi fonctionne anormalement bien au Yosemite Valley Lodge, raconte le New York Times. Explication : les visiteurs avaient jusqu'à mercredi 25  juillet à midi pour évacuer le parc national de Californie, cerné par les flammes. Ils sont tous partis et seuls restent les pompiers, alors que l'air est " plus irrespirable qu'à Pékin ", selon les responsables du parc. En pleine saison touristique, les hôtels, qu'il faut parfois réserver un an à l'avance, sont fermés au moins jusqu'à dimanche.
Les Etats-Unis s'émeuvent du destin de Yosemite, menacé mais pas encore ravagé par les flammes. La situation est pire ailleurs : quinze feux ont détruit 450 kilomètres carrés dans l'Oregon ; huit ont éclaté dans le Colorado (800 km² détruits). Cinq incendies en Californie ont détruit 170 kilomètres carrés et contraint 20 000 personnes à l'évacuation. En cause, la sécheresse et la hausse des températures, qui font s'embraser les forêts de l'ouest du pays lors d'incendies déclenchés par des orages de foudre. Quelque 17 000 pompiers sont mobilisés.
Le sud-ouest du pays est victime de températures extrêmes, qui affectent 40  millions d'Américains. Les records de chaleur sont battus. Mercredi 25  juillet, la température à Palm Springs, en Californie, a dépassé les 120 degrés Fahrenheit (49  °C). La veille, un pic historique de 52,9  °C a été enregistré dans la vallée de la Mort. La Californie en est à sa seconde vague de chaleur en un mois.
Double haute pressionSi les températures extrêmes sont normales dans les vallées, elles sont plus inhabituelles le long des côtes. La bétonisation de la région de Los Angeles accentue la chaleur et empêche le rafraîchissement nocturne. Les températures de jour en été sont désormais 3,3 à 4,5 degrés supérieures à ce qu'elles étaient il y a un siècle, et les habitants ne les supportent que grâce à l'air conditionné. Un temps plus frais est attendu pour le week-end.
Pendant que l'Ouest est victime du feu, la façade atlantique subit la dévastation de l'eau même si aucun cyclone n'a pour l'instant frappé les côtes. Les deux phénomènes sont liés : les précipitations, inhabituelles, sont provoquées par une double haute pression, celle sur l'Atlantique et celle sur le Midwest responsable des fortes chaleurs. Les vents d'altitude, les " jet-streams ", descendent inhabituellement bas sur le golfe du Mexique avant de remonter vers le nord, via la Floride, gonflés d'eau.
Les précipitations sont permanentes. Sept millions de personnes sont sous la menace d'inondations, alors que les précipitations ont atteint de 15 à 40 centimètres. La Pennsylvanie a reçu des records de pluies pour juillet, tandis que les orages mettent la pagaille dans les aéroports du nord-est des Etats-Unis. Une accalmie est prévue, mais les précipitations devraient reprendre la semaine prochaine.
Dans le Midwest, ce sont les tornades qui font des ravages. Le week-end dernier, sur un lac artificiel du Missouri, un orage d'une violence inédite, avec des vents à 120  km/h, a retourné une embarcation touristique. Elle a causé la noyade de dix-sept personnes, dont neuf membres d'une même famille.
Arnaud Leparmentier
© Le Monde

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