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lundi 30 juillet 2018

Affaire Benalla Quand " l'ancien monde " tient sa revanche


29 juillet 2018

Affaire Benalla Quand " l'ancien monde " tient sa revanche

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? Les représentants de l'opposition savourent les récentes difficultés du pouvoir
? Pour le président du MoDem, François Bayrou, " il y a une instrumentalisation politique de cette affaire "
? Le linguiste Raffaele Simone se félicite de ce que les contre-pouvoirs aient fonctionné. Le politiste Philippe Raynaud estime qu'il n'y a pas d'" affaire d'Etat "
Pages 6-7 et débats – page 27
© Le Monde


29 juillet 2018

Quand " l'ancien monde " prend sa revanche

" Ringardisés " par la majorité LRM depuis un an, les représentants de l'opposition savourent les difficultés du pouvoir

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Une atmosphère électrique. Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, déroule ses arguments, point par point, depuis plus de deux heures et demie. Dans les sous-sols du Sénat, la climatisation fonctionne mais les esprits s'échauffent. L'audition du bras droit du président de la République, jeudi 26  juillet, est l'une des plus attenduesde la commission d'enquête sénatoriale sur l'affaire Benalla, qui -empoisonne l'exécutif depuis plus d'une semaine.
Fatigué, les mains jointes -devant le visage, Alexis Kohler tente de créer un moment de complicité avec le président de la commission, Philippe Bas. Le sénateur Les Républicains (LR) de la Manche est l'un de ses lointains prédécesseurs à l'Elysée. C'était sous Jacques Chirac. Une éternité. " Vous avez occupé la fonction que j'ai l'honneur d'occuper… ", commence l'actuel secrétaire général de l'Elysée. La réponse tombe, cinglante : " C'était la préhistoire et l'ancien monde. Je veux bien reconnaître qu'il y ait des différences… "
Dans la salle Clemenceau du -Sénat, où se succèdent les auditions de la commission d'enquête, un ange passe… " La démocratie, c'est le pouvoir des poux de manger des lions ", philosophait  le Tigre. Aujourd'hui, les " poux "se régalent des déboires de ceux qui jouent aux " lions " depuis plus d'un an. En  2017, les jeunes fauves ont brutalement supplanté et -ringardisé les partis politiques traditionnels et les élus de tout bord, qu'ils ont eu tôt fait de reléguer sous le vocable peu flatteur d'" ancien monde ". Multipliant les leçons d'exemplarité, La République en marche (LRM) a assommé, désorienté, et rendu inaudibles les tenants de l'ordre d'avant. En quelques jours, l'affaire Benalla a permis à ces derniers dese refaire une santé. Députés de l'opposition, anciens ministres, parlementaires déchus se délectent aujourd'hui des petites et grandes misères de la Macronie, tout en pensant tenir une forme de revanche.
Le retour en grâce du Sénat en est une illustration. Réputée poussiéreuse, inutile, cette chambre qui travaille dans l'ombre est le refuge des vieux élus et l'incarnation de l'art consommé du compromis politique. D'habitude désertée par les journalistes, c'est aujourd'hui " the place to be ". Là que se déroulent les auditions les plus attendues, celles qui ont été refusées par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, contrôlée par LRM. Ici que sont entendus les piliers du régime, Alexis Kohler ou encore Christophe Castaner, le délégué général de LRM, attendu mardi.
Ici encore que, de l'avis général, le travail est le plus appliqué, le plus serein. Au point même que certains députés viennent en prendre de la graine. Jeudi matin, Marine Le Pen y joue ainsi les invités surprise, assise en tribune, dans le public, pour écouter M. Kohler. Même La France insoumise (LFI) est prise en flagrant délit de défense de la vieille chambre. " Je suis sous le choc, je défends des institutions bourgeoises et parlementaires de la Ve République alors que je suis trotskiste ! ", a ironisé la députée (LFI) de Paris -Danièle Obono. " Pour le Sénat, c'est inespéré ", glisse un député LR pas tout à fait " nouveau monde ".
Combine parlementaireInespéré aussi le sursaut à l'Assemblée nationale, où les groupes de l'opposition retrouvent des couleurs. Un petit livre rouge et bleu est devenu le symbole de leur revanche : le règlement de l'Assemblée nationale. C'est grâce à cet objet, brandi dans l'Hémicycle 298  fois en quatre jours pour signaler un " rappel au règlement ", que les députés de droite et de gauche ont pu paralyser les débats plusieurs jours d'affilée. L'obstruction, cette bonne vieille combine parlementaire.
La majorité a dû céder, laissant l'opposition s'engouffrer dans la brèche. Coup sur coup, celle-ci a obtenu l'ouverture d'une enquête parlementaire, la publicité des auditions, et, finalement, le 22  juillet, l'ajournement de la réforme des institutions. Le texte, qui avait fait l'unanimité contre lui à l'Assemblée nationale, est repoussé sine die. Première victime collatérale de l'affaire Benalla.
Une même scène se répète, à la buvette ou dans les couloirs. Un député de la majorité veut savoir : " C'est pas bientôt fini ce cirque ? " Avant de se voir rétorquer : " Ça fait un an qu'on en prend plein la tronche, c'est pas maintenant qu'on va vous lâcher ! "Suspecte hier, l'expérience est redevenue désirable. Aux élections législatives de juin  2017, les Français avaient plébiscité la nouveauté, installant des centaines de novices au Palais-Bourbon. Dans une crise, l'épaisseur politique donne pourtant l'avantage.
" Il est frappant de voir autant d'amateurs au mètre carré, raille le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon. Ils ne comprennent rien à l'Etat et à la gestion de crise. " " Ils sont nuls, nuls, nuls !, s'écrie de son côté un ancien ministre de droite. Ce n'était quand même pas très compliqué de nous renvoyer au SAC - Service d'action civique - de - Charles - de Gaulle ! " " Les députés de la majorité ont été tellement abandonnés par leurs cadres que l'opposition n'avait pas besoin d'être dotée d'un sens élevé de la stratégie pour renverser la -vapeur ", analyse le député communiste de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.
Quoi qu'il en soit, plus personne à LRM n'ose critiquer l'ancien monde. " Il faut savoir s'appuyer sur l'expérience de ceux qui ont un passé politique ", concède la députée (LRM) de l'Isère Emilie Chalas (LRM). Cette querelle des anciens et des modernes s'est parfaitement incarnée dans le face-à-face entre les deux corapporteurs de la commission d'enquête parlementaire consacrée à l'affaire Benalla, Yaël Braun-Pivet (LRM) et Guillaume Larrivé (LR). Les deux députés ont tenté de porter ensemble la commission, en vain. La néophyte n'a jamais réussi à prendre l'ascendant sur le -conseiller d'Etat, qui a fini par claquer la porte, jetant le discrédit sur la commission.
" Quand vous avez subi un an d'arrogance, sans expérience, sans recul historique et sans analyse politique, et que vous arrivez à renverser les choses, ce n'est pas que ça fait plaisir, mais ça remet la balle au centre ", se gargarise encore Stéphane Peu. Pour se défendre, certains macronistes comme Emilie Chalas dénoncent " une soif de vengeance, des frustrations et des jalousies ". Les plus expérimentés des députés LRM le reconnaissent toutefois : un " flot-tement " s'est installé dans la majorité en début de crise. " Les -députés d'opposition ont été malins et ils ont eu raison ", concède l'une d'entre eux.
Face à la majorité, les ténors de l'opposition s'affichent ostensiblement ensemble, se  congratulent ou s'applaudissent. Drôle de concorde. Danièle Obono (LFI), Marine Le Pen (Rassemblement national, ex-FN) et Philippe -Gosselin (LR) dénoncent ainsi côte à côte devant les caméras le " coup de force " de la majorité, qui a notamment voulu imposer sa liste de personnes auditionnées par la commission d'enquête.
Ici, M.  Mélenchon et Christian Jacob (LR) sont immortalisés en pleine conversation dans l'Hémicycle par une députée LRM. Là, le même Mélenchon se promène avec le député souverainiste de l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan dans les couloirs du Palais-Bourbon. " Quand il s'agit de protéger l'Etat et de faire respecter la norme républicaine, il y a une convergence avec la droite, je l'assume ", répond le président du groupe LFI.
" Attention à l'effet boomerang "" Ils sont goguenards et ravis. Ils rongent l'os qu'on leur a donné à manger et ils vont le tirer jusqu'à la ficelle ", analyse le député - (MoDem) des Yvelines Bruno Millienne, avant d'avertir ses collègues : " Attention à l'effet boomerang, les Français vont se lasser. " " S'ils ne comptent que là-dessus pour se relégitimer, c'est la démonstration de la pauvreté de leur projet politique ", lâche à son tour la députée (LRM) des Yvelines Aurore Bergé. " Comme s'il n'y avait pas eu - Patrick - Balkany et - Jérôme - Cahuzac ",grommelle une autre députée LRM, renvoyant les partis d'opposition à leurs propres turpitudes.
Le feuilleton de l'affaire Benalla apparaît encore plus savoureux pour ceux qui ont été mis hors jeu en  2017, à la faveur de l'alternance. " Je n'ai même pas besoin de regarder la télévision, je suis sur ma chaise longue et tout me parvient par SMS ! ", s'amuse Jean-Christophe Cambadélis, depuis son lieu de vacances. " Il y a une forme de jubilation quand on voit que le président de la République combine en une seule affaire à la fois Cahuzac - l'ancien ministre du budget avait menti sur son compte en Suisse - et Leonarda - du nom de cette jeune Kosovare dont François Hollande avait tranché le sort, devant les caméras - ", pouffe encore l'ancien premier secrétaire du PS.
D'anciens conseillers du pouvoir, qui ont connu M.  Macron à Bercy, se délectent eux aussi du feuilleton. La moindre infor-mation est partagée, diffusée et commentée dans des groupes de discussion sur l'application WhatsApp. " A chaque nouveau rebondissement, après chaque révélation, chaque contradiction, on s'envoie le même GIF - courte vidéo - se marre l'un d'entre eux, Michael Jackson dans un cinéma mâchouillant du pop-corn en regardant avidement la scène. "
Du passage de l'actuel chef de l'Etat au ministère des finances, sous le précédent quinquennat, ces ex-conseillers ont gardé un fond de rancune qui éclaire, pour eux, l'épisode Benalla d'une lumière savoureuse. " Comme du temps de Bercy, la garde rapprochée d'Emmanuel Macron est sur un piédestal ", commente l'und'eux, sans cacher son étonnement : " Comment quelqu'un d'aussi minutieux a-t-il pu laisser un truc pareil se faire, ses colla-borateurs se contredire - au sein de la commission d'enquête - ? Finalement le nouveau monde est très ancien ! "
La Sarkozie non plus n'en rate pas une miette. Entre une séance de jardinage et son départ en vacances, l'ancien ministre Brice Hortefeux ne se lasse pas de commenter l'" affaire de l'Elysée "" Cela restera un marqueur du quinquennat. Il y a toujours des taches, mais il y a les indélébiles. -Celle-ci en sera une. Ce sera la tache du quinquennat ", observe-t-il.
Préparer le coup d'aprèsEn revanche, les deux anciens chefs de l'Etat, François Hollande et Nicolas Sarkozy, sont restés prudemment en retrait. Sans rien rater des événements, ils savent que toute intervention de leur part pourrait leur être reprochée. Le président de LR, Laurent Wauquiez, s'est lui aussi tenu à l'écart du feuilleton ; Brice Hortefeux lui a conseillé de " prendre de la hauteur ". Et de commencer à préparer le coup d'après.
Cette crise, ce sont finalement les routiers de la politique qui en parlent le mieux. Dans le " vieux monde " socialiste, on se raconte ce que François Mitterrand aurait dit un jour à  propos de Laurent -Fabius qui, dans les années 1980, incarnait alors le " nouveau monde ". " Il y a deux singes. Celui qui reçoit des décharges électriques tous les jours, ce qui finit par être indolore : c'est l'ancien monde. Et il y a un autre singe, celui qui n'en prend jamais. Alors, quand il en prend une, il meurt. "
Sarah Belouezzane, Manon Rescan, et Astrid de Villaines
© Le Monde

29 juillet 2018

François Bayrou : " Il y a eu une instrumentalisation politique "

Le président du MoDem, qui ne regrette en rien son alliance avec Emmanuel Macron, estime que l'affaire Benalla n'est pas une affaire d'Etat

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Toute sa vie politique, François Bayrou a cri-tiqué les présidents qui s'arrogeaient trop de pouvoir, notamment Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui allié à Emmanuel Macron, le président du MoDem défend un chef de l'Etat secoué par l'affaire Benalla tout en demandant un rééquilibrage des pouvoirs.


Pensez-vous que cette affaire est " une tempête dans un verre d'eau ", pour reprendre les mots de M. Macron, ou qu'elle est au contraire symptomatique d'une dérive du pouvoir ?

Il y a une disproportion surprenante entre les faits tels qu'ils apparaissent au fil des auditions et le maelström médiatique et politique que nous vivons. Quel est le point de départ  ? Il y a eu sans aucun doute le 1er  mai une faute individuelle de la part d'un collaborateur du président de la République et une organisation de l'Elysée qui n'était pas assez rigoureuse. Cela n'en fait pas une affaire d'Etat. Les sanctions ont-elles été appropriées  ? La directrice de l'Inspection générale de la police nationale et le directeur général de la police nationale ont attesté de la justesse des décisions prises par l'Elysée, c'est-à-dire la suspension puis le licenciement ou le non-recours à l'article  40. Dès lors, quelle est la substance de cette polémique  ?


M.  Benalla a profité de sa proximité avec le président pour disposer de pouvoirs qui allaient au-delà de sa fonction, n'est-ce pas la preuve d'un excès du présidentialisme que vous dénonciez régulièrement par le passé ?

Je ne vois pas les pouvoirs que vous lui prêtez. La présence de M. Benalla à l'Elysée lui a ouvert beaucoup de portes. Pourquoi ? Dans l'inconscient monarchique français, l'Elysée est investi de pouvoirs d'autant plus fascinants qu'ils sont mystérieux. Une organisation plus rationnelle doit permettre de lever tous ces fantasmes et de mettre de l'équilibre dans la manière dont le travail de l'Elysée est compris. Mais le président doit pouvoir avoir des collaborateurs personnels. Et il est heureux que ces collaborateurs ne viennent pas forcément des grands corps de l'Etat et qu'ils puissent ne pas être de la même génération ni du même moule.


Lors de vos campagnes, vous avez souvent stigmatisé les avantages indus des -dirigeants. Comprenez-vous les facilités matérielles dont disposait M. Benalla ?

Mais aucun des moyens mis à disposition ne l'était à titre personnel. Il s'agissait de moyens professionnels qui étaient liés à sa fonction puisqu'ils ont dans l'instant disparu avec elle.


Vous évoquez le maelström -médiatique mais n'est-ce pas M. Macron le premier fautif ? En dissimulant les faits, en attendant les révélations de la presse pour se séparer de son collaborateur, n'a-t-il pas alimenté la défiance et le soupçon ?

La presse révèle ce qu'elle découvre. C'est une démarche civique. Mais la surenchère dans l'exploitation de ces révélations n'est plus maîtrisée. Nous sommes -entrés dans l'ère du soupçon -universel : n'importe qui, dans n'importe quel domaine de responsabilité, peut être mis en accusation, sans preuve et sans fondement. Les réseaux sociaux, les télévisions en continu, les fuites des enquêtes… Tout le monde est entraîné dans une sarabande de dénonciations. Et tout cela n'est plus régulé par aucune de nos institutions. C'est un sujet pour tous les démocrates.


S'il n'y a pas d'abus de pouvoir, selon vous, comment expliquez-vous alors la genèse de cette crise politique ?

D'abord, j'ai le sentiment que cette affaire a montré qu'il y avait des rivalités entre polices, ou à l'intérieur des polices. Ensuite, il y a eu une instrumentalisation politique. Ceux qui exerçaient le monopole du pouvoir depuis des décennies essayent de déstabiliser le nouveau président. Pour eux, son élection n'est qu'un accident de l'histoire. Ils veulent revenir à la situation antérieure et pensent son élection fortuite. Ils se trompent. L'élection de 2017 a répondu à une attente profonde du pays qui voulait sortir de l'impuissance généralisée et changer le modèle français d'exercice du pouvoir au sein de l'Etat. Devant ce changement, il y a des résistances très fortes.


En  2009, dans votre livre " Abus de pouvoir " (Plon), écrit contre Nicolas Sarkozy, vous affirmiez " qu'un peuple comme le nôtre, avec son histoire, avec sa profondeur, n'a surtout pas besoin de quelqu'un qui se croit un -surhomme ". Quand M. Macron dit " Qu'ils viennent me chercher ", ne se place-t-il pas dans la position du surhomme ?

C'est une formule que j'ai trouvée inutilement western. Je pense qu'il voulait dire " S'ils veulent s'en prendre à quelqu'un, qu'ils s'en prennent à moi, je ne me défausserai pas… " Quand je parle avec lui, je ne vois pas un homme tenté par l'ivresse de toute-puissance. Au contraire, il pense sa responsabilité devant l'Histoire en mesurant la dif-ficulté de la tâche. Avec cette crise, il peut désormais vérifier chaque jour la dureté des résistances qui lui sont opposées.


N'est-il pas tenté par une forme de césarisme moderne ? Son souci permanent est de construire une relation directe avec les Français en critiquant les contre-pouvoirs comme la presse ou en diminuant les pouvoirs du Parlement…

La relation directe avec les Français est constitutive non seulement de la Ve  République, mais de toutes les démocraties modernes. Le pouvoir doit être incarné, ou bien il disparaît. Cette relation directe est irremplaçable. Mais la reconnaissance des corps intermédiaires est un enjeu capital du quinquennat. J'ai été heureux de voir un nouveau climat s'établir lors de la rencontre avec les syndicats. De même, il est essentiel que soient levées les incompréhensions avec les élus locaux.


Pour sortir de cette crise, faut-il revoir les textes de la réforme des institutions ?

Ces dernières semaines, le débat institutionnel s'est enlisé au point de devenir illisible. Il faut reprendre tout cela sur des bases nouvelles. Nous avons besoin de réfléchir plus profondément à l'équilibre des pouvoirs, à la représentativité des assemblées parlementaires, à la garantie apportée aux libertés publiques ou encore à l'organisation des débats en temps de démocratie médiatique.
Exemple : aujourd'hui, dès lors qu'un texte se trouve bloqué par une opération de " flibuste " parlementaire, aucun autre texte ne peut être examiné et le Parlement se trouve paralysé. Il suffirait de créer les conditions pour que le Parlement puisse examiner plusieurs textes en même temps, et qu'en revanche tous les articles et tous les amendements soient rassemblés et soumis, une fois par semaine, au vote de tous les parlementaires. Dès lors, plus de blocages. Autre question : comment et à quel niveau garantir que tous les grands courants d'idées soient représentés au Parlement, au même titre que tous les territoires ? Il me semble que ces sujets doivent être repris dans une réflexion préa-lable et sereine.


Avant la prise de parole de M. Macron, la majorité a semblé perdue. Est-ce que les macronistes sont mûrs pour traverser de tels moments ?

L'organisation de la majorité présidentielle n'est pas encore aboutie. Les deux organisations, La République en marche et le MoDem, partagent beaucoup de convictions, mais n'ont ni la même tradition, ni le même socle doctrinal, ni la même pratique politique. Or, elles sont coresponsables de l'avenir, embarquées sur le même bateau. Il faut bâtir la charpente de ce bateau.


A l'aune de son exercice du pouvoir, vous arrive-t-il de regretter votre alliance avec M.  Macron ?

Jamais. Il m'arrive d'être impatient, d'être exigeant. Je voudrais que soit plus affirmée la dimension sociale de ce quinquennat. Je voudrais que les Français perçoivent mieux les changements vraiment révolutionnaires comme la deuxième chance, l'idée qu'avant de sanctionner les gens ou les entreprises, on devra les avertir et les accompagner vers de meilleures pratiques. Idem pour le droit à l'expérimentation des collectivités. Autrement dit, la radicale nouveauté de la politique dont la France a besoin. Mais j'ai la certitude que nous vivons une époque cruciale, et que les orientations proposées, par exemple à l'édu-cation nationale, sont profondément justes. C'est pour cela que je suis mobilisé.
propos recueillis par Matthieu Goar

29 juillet 2018

Elysée : les collaborateurs officieux vont déclarer leurs liens d'intérêts

Depuis des années, la Haute Autorité de la transparence de la vie publique dénonce ses difficultés à identifier les chargés de mission

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Il aura donc fallu qu'éclate l'affaire Benalla pour que l'Elysée décide de se conformer à la loi sur la transparence de la vie publique votée après l'affaire Cahuzac. Ce texte oblige depuis 2013 " les membres des cabinets ministériels et les collaborateurs du président de la République " à transmettre une déclaration d'intérêts et de patrimoine à la Haute Autorité de la transparence de la vie publique (HATVP). L'absence de dépôt de l'une de ces deux déclarations est punie de trois ans d'emprisonnement et de 45 000  € d'amende. La loi a beau être claire, seuls les conseillers nommés au Journal officiel se soumettaient à ces exigences. Les chargés de mission et conseillers officieux échappaient, eux, à tout contrôle.
Ces pratiques de contournement des règles de la transparence semblent en passe d'être révolues. C'est du moins ce qu'a- -annoncé Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée, jeudi 26  juillet, aux sénateurs de la commission des lois. Ses membres s'efforcent de comprendre comment Alexandre Benalla, chargé de mission à l'Elysée, a pu se retrouver dans les manifestations du 1er-Mai, à Paris, et molester deux personnes. " J'ai demandé à ce que les services -adressent, hier, un message aux intéressés afin que (…) - leur - situation puisse être régularisée ", a assuré M. Kohler. " Preuve que nos travaux sont utiles à l'amélioration du fonctionnement de la présidence de la République ", a relevé, avec un brin d'ironie, -Philippe Bas, le président (LR) de la commission.
A l'Elysée, ils seraient huit conseillers concernés, dont deux pour lesquels le secrétaire général dit ne pas savoir " si le principe s'applique au regard de la défi-nition d'un collaborateur du président de la République ". On touche là le cœur du problème : la définition de collaborateur du président, et plus largement de collaborateur d'un responsable politique, n'existe pas. Pour la Haute Autorité de la transparence, ce flou juridique est " un obstacle à la bonne application de la loi ". Elle le dénonce, en vain, depuis des années.
" Habitude de longue date "L'affaire Benalla et ce qu'elle révèle des dysfonctionnements au plus haut sommet de l'Etat lui permettra-t-elle d'être, enfin, entendue ? La commission des lois du Sénat a demandé, jeudi 26  juillet, qu'elle l'éclaire sur cette notion de collaborateur. La Haute Autorité ne s'est pas fait prier. La note est arrivée sur le bureau de Philippe Bas, vendredi, moins de vingt-quatre  heures après la commande.
La lettre reprend ce que la -HATVP souligne dans son rapport d'activité de 2016. Elle y dénonce les " importantes difficultés " qu'elle rencontre pour identifier " les conseillers concernés " par la loi sur la transparence. Elle connaît cette " habitude de longue date "de nommer des conseillers officieux dans les ministères, mais elle dit son incapacité à contrôler leurs éventuels conflits d'intérêts puisque les noms n'apparaissent nulle part. Elle est donc contrainte de s'en tenir aux personnes qui figurent au Journal officiel.
En termes de transparence de la vie publique, c'est loin d'être satisfaisant puisque des personnes au pouvoir ou à l'influence importants peuvent rester dans l'ombre tout un quinquennat. La limitation stricte du nombre de conseillers imposée depuis 2017 – dix membres pour un ministèrehuit pour un ministère délégué, et cinq pour les secrétariats d'Etat – n'arrange pas les choses. Confrontés aux réalités de l'exercice du pouvoir, certains ministères, notamment les plus gros, ont dû faire appel à des per-sonnes qui ne figurent sur aucun organigramme officiel.
Dans son rapport, le gendarme de la transparence note, au passage, que le seul texte qui régit le fonctionnement des cabinets ministériels date… de l'après-guerre, " et n'a plus été modifié depuis les années 1950 ". C'est l'audition de Patrick Strzoda par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, mardi 24  juillet, qui a permis de révéler l'existence d'une " dizaine " de ces chargés de mission " officieux " affectés au cabinet de la présidence de la République et que personne ne contrôlait.
" La pratique à l'Elysée, y compris pour la totalité du mandat précédent ", est que " les déclarations d'intérêts ne sont faites que par les conseillers nommés au Journal officiel ", a tenté de justifier Alexis Kohler devant les sénateurs. C'est du moins, assure-t-il, ce que leur ont expliqué les services de la présidence lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir. " Nous avons, ni plus, ni moins, poursuivi cette pratique ", défend-il.Selon les informations du Monde, la HATVP avait tout de même reçu, sous la présidence Hollande, en  2015 et 2016, seize déclarations de chargés de mission dont la nomination n'avait pas été publiée au Journal officiel.
Émeline Cazi

29 juillet 2018

Philippe Raynaud " C'est n'est pas une affaire d'Etat "

Parce qu'il n'y a pas eu intention de l'Etat de commettre un acte délictueux, il n'y a pas d'affaire d'Etat, explique le philosophe Philippe Raynaud

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Professeur de science politique à l'université Paris II-Panthéon-Assas, Philippe Raynaud a publié de nombreux ouvrages, dont L'Esprit de la Ve  République(Perrin, 2017) et Emmanuel Macron : une révolution bien tempérée (Desclée de Brouwer, 200 pages, 17 euros), il explique pourquoi l'affaire Benalla n'est pas, selon lui, une affaire d'Etat.


L'affaire Benalla est-elle une affaire d'Etat ?

Une affaire d'Etat est une affaire lors de laquelle les plus hautes autorités sont accusées d'avoir autorisé des actes considérés comme illégaux, en général au nom de la raison d'Etat, qui, elle-même, peut-être interprétée de façon plus au moins extensive. Ce n'est pas du tout le cas avec l'affaire Benalla, un chargé de mission qui a fait une faute regrettable, mais aucunement commanditée par l'Elysée. Même s'il a été autorisé à assister à la manifestation du 1er-Mai avec les forces de l'ordre, aucun responsable de l'Etat ne lui a demandé de jouer à Rambo place de la Contrescarpe, à Paris. Il s'agit d'une crise politique qui devient une " affaire d'Etat " si l'on entend par là que le sommet de l'Etat est touché, mais elle n'est pas comparable avec le Watergate, comme le dit Jean-Luc Mélenchon, qui serait bien avisé d'être aussi soucieux des abus de pouvoir au Venezuela.


Emmanuel Macron se présentait comme le héros du nouveau monde, et l'on découvre la perpétuation de pratiques bien connues de la Ve  République…

C'est certain. Le problème de la Ve  République, c'est qu'elle confère un pouvoir considérable au chef de l'Etat qui n'a presque aucun compte à rendre et qu'un président peut déclarer qu'il est responsable, alors qu'il ne l'est pas juridiquement, puisqu'il est protégé par son immunité.


Ce scandale aurait-il les mêmes conséquences politiques à l'étranger ?

En Angleterre, le ministre de l'intérieur aurait sans doute démissionné et serait retourné dans sa circonscription pour se faire réélire ou bien se faire battre. En France personne ne démissionne tant qu'il n'y a pas de pression pénale ou de mise en cause de la moralité. C'est la jurisprudence Balladur : les ministres ne démissionnent que lorsqu'ils sont mis en examen. En Grande-Bretagne, c'est le fait d'être politiquement responsable qui vous permet d'avoir du pouvoir. Et on peut démissionner plus facilement. La France est bien loin d'une telle pratique politique.


Dans quelle mesure Emmanuel Macron a-t-il failli ?

On peut toujours discuter de savoir si la sanction est suffisante et on peut estimer que la stratégie de communication d'Emmanuel Macron s'appuie trop sur la situation privilégiée du président, alors que c'est précisément celle-ci qui est en question aux yeux des Français. Je trouve qu'on n'a pas assez relevé la seule véritable nouveauté de cette séquence : le fait que le président Macron n'ait pas cédé à la facilité du fusible. C'est absolument inhabituel, voire inédit sous la Ve  République, où l'on lâchait un conseiller ou un ministre à chaque coup dur.


S'agit-il d'une affaire politique ?

Je ne peux m'empêcher de penser que tout cela est arrivé alors qu'Emmanuel Macron avait une chance insolente. Tout lui souriait, et c'était sans doute insupportable pour beaucoup. A gauche comme à droite, les partis n'avaient pas digéré l'élection présidentielle. D'où la sainte-alliance de Jean-Luc Mélenchon avec Marine Le Pen, d'Olivier Faure avec Eric Ciotti. La partie la plus politisée de la droite considère qu'elle s'est fait voler l'élection en raison de l'affaire Fillon. Les " insoumis " se croyaient au second tour, rêvaient même d'imposer une cohabitation à Macron et se sont retrouvés loin derrière aux législatives, profondément divisés. Le PS a été laminé. Quant au Front national, il s'est ridiculisé dans le débat de l'entre-deux-tours.


La réaction d'Emmanuel Macron à l'égard des médias est-elle justifiée ?

Elle s'inscrit dans la cote bonapartisme soft de la présidence Macron. Le président est plus sensible à la gêne que représente la presse pour l'action qu'à sa contribution à la délibération politique. Cette attitude peut être rapprochée de son goût mesuré pour la délibération parlementaire. Emmanuel Macron peut faire penser, sur ce point, à Napoléon III, qui considérait que les journalistes étaient moins légitimes que les élus politiques. " Mais qui êtes-vous, les journalistes ? Vous n'exprimez que des intérêts particuliers. Moi, je représente l'intérêt général, car j'ai été élu par le peuple ! Vous, vous ne représentez que vos lecteurs ", disait-il.


Les journaux en général, et " Le Monde " en particulier, en font-ils trop ?

La dramatisation médiatique est excessive, et le ton inimitable de componction, de sérieux et de moralisme du Monde donne à cette affaire un goût de moraline, comme dirait Nietzsche. D'ailleurs la convergence éditoriale momentanée avec la rédaction duFigaro est assez symptomatique de cette " convergence des luttes " contre un président élu par une extraordinaire combinaison de chance et de talent qui dérange tout le monde.


Si l'affaire Benalla n'est pas une affaire d'Etat au sens strict, ne témoigne-t-elle pas d'une intolérance accrue envers les abus de pouvoir ?

Il est indubitable que l'opinion ne supporte plus les passe-droits, les abus de pouvoir ou le fait du prince. Dans L'Ancien Régime et la Révolution, Alexis de Tocqueville montre bien que c'est lorsque les privilèges sont affaiblis qu'ils deviennent illégitimes. Les Français ne tolèrent plus les privilèges de l'exécutif, comme les bourgeois révolutionnaires de 1789 n'acceptaient plus de céder leur place à un noble qui passait avec son apparat sur un pont, même si la monarchie était déclinante.
Propos recueillis par Nicolas Truong
© Le Monde

29 juillet 2018

" Le président ne donne pas l'impression d'aimer le peuple "

L'affaire Benalla montre qu'il était imprudent pour Emmanuel Macron de se présenter en champion du " nouveau monde ", mais aussi que les instances démocratiques fonctionnent, estime Raffaele Simone, linguiste et essayiste italien

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Bien qu'elle semble constituer un épisode isolé, l'affaire Benalla, qui devient de plus en plus l'affaire Macron, suscite diverses réflexions sur le modèle démocratique et sur le contrôle du pouvoir. Les faits principaux sont assez simples : un jeune homme, jusque-là inconnu, œuvre, comme " conseiller en sécurité " du président sans avoir reçu – semble-t-il – de formation spécifique. Il escorte et accompagne le président de la République en toutes circonstances. En échange de ce service, il obtient avec une rapidité incroyable des privilèges féodaux : un grade militaire disproportionné (il est fait lieutenant-colonel à l'âge de 26 ans), un appartement de fonction dépendant du palais de l'Elysée, un salaire important, une voiture avec chauffeur et… les insignes de la police (usurpés, puisqu'il n'est pas policier). Il les endosse pour s'adonner à une sorte de hobby sinistre : se déguiser en agent et cogner, à loisir, des manifestants du 1er-Mai.
Or, cette montagne d'abus n'a pas été découverte par le président, que cet homme accompagne pourtant partout, à un mètre de distance, et qui ne peut donc pas ne pas le connaître. C'est Le Monde qui a révélé l'affaire, le mercredi 18  juillet, en réunissant des preuves accablantes. L'opposition s'insurge. Le président, en revanche, attend le 20  juillet pour licencier le jeune homme et se contente d'annoncer, dans un -premier temps, que " les coupables seront punis ". Quand il se décide enfin à parler, il commet une erreur monumentale : il introduit, dans le discours public, la question explosive des préférences sexuelles du chef de l'Etat, -laissant ainsi libre cours à une discussion dont la conclusion est imprévisible. Comme si cela ne suffisait pas, il défie l'opinion publique (" qu'ils viennent me chercher ! ").
Les deux enquêtes en cours (parlementaire et judiciaire) apporteront d'autres éléments à cette ténébreuse affaire et tenteront de démêler qui est coupable et de quoi, bien qu'il ne soit pas facile de faire toute la lumière sur les affaires impliquant l'élite du pouvoir. Mais, de ce dossier, on peut d'ores et déjà tirer certaines leçons politiques d'ensemble. Demandons-nous, tout d'abord, ce que valent réellement les promesses de renouveau en politique. En arrivant au pouvoir, Emmanuel -Macron avait promis aux Français rien de moins qu'un " nouveau monde ", jurant qu'il assumerait totalement la " verticalité " du pouvoir tout en pratiquant l'" horizontalité " qu'exige le contact avec le peuple. Comme ces paroles se sont révélées malheureuses ! En politique, promettre un " nouveau monde " est imprudent, et peut-être même impossible, tout comme promettre un contact réel avec le peuple.
Le prince et sa courDans le style Macron, du reste, l'horizontalité et le contact avec le peuple sont seulement mis en scène. Le président ne donne pas vraiment l'im-pression d'aimer le peuple, mais plutôt de tenir au petit cercle formé par ses adeptes qui lui permet de gouverner à sa manière, c'est-à-dire d'agir (comme l'a fait remarquer Le Monde du 21  juillet 2018) " en mode commando " : rapide, omniprésent et sans trop faire dans la dentelle. Aujourd'hui, on découvre que fait partie de ce commando un personnage à la " 007 " – obscur, masqué et insaisissable.
Leçon numéro un : ne jamais faire confiance aux Savonarole et autres innovateurs radicaux en politique. Soit ils mentent, soit ils s'illusionnent.
Plus généralement, la démocratie, qui devrait être " le gouvernement du pouvoir public en public ", selon les termes de Norberto Bobbio, comporte inévitablement une dimension, dont nous ignorons l'ampleur, d'obscurité et d'arcana imperii. Certains sont incontournables : il est impossible, par exemple, de révéler publiquement ce que Poutine et Trump se sont dit lors d'un de leurs entretiens. La teneur de certains échanges doit demeurer secrète.
D'autres arcanes, en revanche, découlent du fait qu'il n'est pas de démocratie qui ne porte la trace d'un prince et de sa cour : " Le palais au centre de la cité, la couronne(…), la magnificence des habits, le cortège des nobles, l'escorte des gens en armes (…), les arcs de triomphe dressés sur son passage ", comme l'écrit encore Bobbio. Bref, aucune démocratie n'est exempte d'un certain degré de mépris envers les gouvernés, que celui-ci vienne des gouvernants eux-mêmes ou du petit cercle de ceux qui les entourent (dans l'affaire Benalla, de " l'escorte des gens en armes "). Cela ne découle pas directement de la démocratie, mais plutôt du fait que celle-ci est nécessairement régie par des êtres humains.
" Contre-démocratie "Leçon numéro  deux : il faut se méfier des théoriciens de la démocratie directe, surtout dans une époque d'antipolitique. Cette démocratie-là n'est qu'une chimère.
D'un autre côté, toutefois, l'affaire Benalla présente un aspect encourageant, parce qu'elle montre qu'existent réellement, malgré tout, des instances relevant de ce que Pierre Rosanvallon a appelé la " contre-démocratie ". Instances qui, en effet, veillent au bon fonctionnement des mécanismes démocratiques, guettent les erreurs et les excès et interviennent pour les dénoncer ou les corriger. Dans ce cas, ce n'est certainement pas à la classe politique que l'on doit d'avoir su agir comme un pouvoir contre-démocratique pour dénoncer l'abus. Le président a tout passé sous silence, son ministre de l'intérieur n'ayant été mis au courant de rien, sans parler du préfet de police. Tout cela est-il acceptable ? Evidemment non. Et cela l'est encore moins de la part d'un homme qui avait promis un monde nouveau. A l'origine de la dénonciation, on trouve un journal, pour lequel j'ai l'honneur d'écrire aujourd'hui.
J'en tirerai la troisième leçon générale : ne jamais croire que la contre-démocratie puisse être assurée par le monde politique. Elle ne dépend que des citoyens et des instruments dont ils disposent, au premier rang desquels les médias.
Raffaele Simone
© Le Monde

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