Le président de la République a voulu donner du pouvoir d'achat aux actifs, et pour cela en a pris aux retraités. Ceci s'est fait de manière explicite à travers l'augmentation de 1,7 point de la CSG. Cette hausse a été compensée, et au-delà pour les actifs, mais elle s'est appliquée, brutalement, aux retraités. Par deux fois, la Confédération française des retraités (CFR) s'est adressée au président de la République pour lui faire part de ses positions concernant l'augmentation de la CSG. Par deux fois, il nous a renvoyés vers Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. Mais celui-ci, malgré nos relances, nous a ignorés et nous n'avons pu avoir que très récemment un contact avec son cabinet, de manière indirecte.
Nous constatons donc un refus de dialoguer, alors que la CFR, qui représente 1,5 million de retraités, émettait dans les courriers qu'elle a adressés des propositions raisonnables, qui méritaient à tout le moins un examen et une réponse. Nous considérons que les retraités sont des citoyens comme les autres et n'ont pas à demander à être traités différemment des autres. Ce que nous demandons, c'est un traitement équitable et le respect du principe de l'égalité de tous devant les charges publiques. Si nous ne contestons pas l'application de la hausse de la CSG aux retraités, nous demandons que les retraités soient traités comme les autres citoyens au regard des cotisations d'assurance-maladie et de la fiscalité applicable aux cotisations d'assurance complémentaire santé. Aujourd'hui, les retraités se trouvent être les seuls à devoir une cotisation personnelle d'assurance-maladie sur leurs retraites complémentaires. Ils ne peuvent pas, à la différence de la plupart des actifs, déduire de leurs revenus imposables leurs cotisations d'assurance complémentaire santé. Nous demandons donc la suppression de la cotisation d'assurance-maladie de 1 % sur nos retraites complémentaires. Nous demandons également la déductibilité fiscale de nos cotisations d'assurance complémentaire santé.
Érosion continue du pouvoir d'achatCes deux demandes méritent d'être entendues. Elles ne l'ont pas été et la seule réponse que nous avons obtenue est un
" merci " de la part de M. Macron lors d'une intervention télévisée. Ce
" merci " a choqué les retraités. Il n'a pas été compris comme un véritable remerciement, mais bien comme une fin de non-recevoir à toutes leurs demandes, comme un refus de toute discussion. Les retraités ne peuvent accepter un tel manque de considération et leur exaspération n'a fait que croître. C'est pourquoi la CFR appelle à une journée de mobilisation le 14 juin. Nous attendons aujourd'hui des gestes qui montrent que les retraités ne sont pas des laissés-pour-compte. Continuer de refuser le dialogue créerait une rupture avec les 16 millions de retraités. Ce serait une erreur de penser qu'ils accepteront un tel mépris.
Les mesures permettant d'exonérer certains retraités de la hausse de la CSG ne constituent pas une réponse, d'autant que l'annonce de sa suppression pour les retraites inférieures à 1 200 euros mensuels s'est révélée fausse, puisque l'application d'un taux de CSG n'est pas fonction du niveau de la retraite mais du niveau du revenu fiscal de référence. Ce n'est que lorsque le revenu fiscal d'un ménage est inférieur à 14 404 euros par an que la hausse de la CSG ne lui est pas applicable.
Il faut cesser de considérer comme " nantis " les retraités et de les opposer aux actifs. Faut-il rappeler que les pensions, dont le niveau moyen, toutes catégories confondues, est inférieur à 1 400 euros, sont en partie gelées ? Les retraites complémentaires le sont depuis 2015 et jusqu'en 2019. En ce qui concerne les retraites de base, la date de leur ajustement par rapport à l'inflation est reculée de trimestre en trimestre, et la prochaine échéance a été repoussée au 1er janvier 2019, ce qui fera de 2018 une année blanche. Faut-il rappeler qu'au fil des dernières années, avec la suppression de la demi-part dite " des veuves ", la taxation des avantages familiaux de retraite et la création de la contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie, la fiscalité qui leur est applicable n'a cessé de s'alourdir ?
C'est une érosion continue de leur pouvoir d'achat que vivent les retraités, qui savent qu'il n'y aura pas pour eux de retour à meilleure fortune. Il est désormais urgent de mettre fin à cette situation insupportable pour un quart de la population française.
Pierre Erbs
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