Lu dans le DL du 13 juin 2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
À Singapour,
Pipo et Mario
« Chien apeuré », « vieillard instable », « petit homme-fusée »… Longtemps,
entre eux, les noms d’oiseaux volèrent bas.
Les duettistes
atomiques se promettaient mutuellement « une destruction totale ».
Au
puéril spectacle de cette « diplomatie du bac à sable », le monde riait
jaune et redoutait le pire.
Il ne faut pas laisser les enfants jouer avec les
allumettes.
Enfin, c’est fini. Ils s’aiment, maintenant, et se serrent la main.
Les
mouches ont changé d’âne.
Réservant désormais son mépris aux alliés
occidentaux, Donald Trump dresse l’éloge de Kim Jong-un, « talentueux
négociateur ». Embrassons-nous Folleville !
La haine et la méfiance, par
miracle, s’effacent au profit d’une franche camaraderie.
Devant l’opinion
internationale, les deux imprévisibles chefs d’État triomphent.
L’air de se
donner rendez-vous à Oslo, pour la remise du prochain prix Nobel de la
Paix…
Avant, quand même, il s’agira de tenir une promesse : « Dénucléariser
la Péninsule ».
Mais le flou de l’engagement, assorti d’improbables
garanties, permet une éventuelle duplicité.
D’autant que la Corée du Nord
pratique volontiers l’exercice.
En 1994, puis 2005, des accords semblables
avaient été conclus sans que Pyongyang ne les applique jamais.
Cette
fois, preuve à l’appui, le « Lumineux Leader » a pourtant fermé un premier
centre nucléaire.
Las, selon des géologues chinois, le site se trouvait déjà
inutilisable « pour cause d’éboulements et de fuites radioactives »…
Si l’Histoire venait à se répéter, le médiatique sommet de Singapour
n’aura été qu’une clownerie supplémentaire.
Pipo et Mario, l’invective aux
lèvres, pourront alors recommencer à faire le show et la bombe.
Chacun
prétendant posséder la plus grosse.
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