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jeudi 1 février 2018

ECONOMIE - La commande publique redémarre après quatre années de déclin


ECONOMIE


1er février 2018

La commande publique redémarre après quatre années de déclin

Le montant des investissements de l'Etat et des collectivités locales a enregistré une progression de 7,1 % en 2017

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Pour la première fois depuis 2012, l'investissement public est – légèrement – reparti à la hausse en  2017. Certes, il ne s'agit encore que d'un frémissement : entre 2016 et 2017, le montant global de la commande publique est en hausse de 5,1  milliards d'euros, passant de 72,2  milliards à 77,3  milliards d'euros (+ 7,1  %). Il retrouve ainsi son niveau de 2014, encore inférieur de près de 20  %, cependant, à celui de 2012 (96 milliards d'euros).
Pour Jean-Luc Rigaut, le président de l'Assemblée des communautés de France (AdCF), qui présentait mardi 30  janvier ce baromètre annuel de l'Observatoire de la commande publique réalisé avec la Caisse des dépôts, " tous les voyants sont au vert pour faire de 2018 l'année du redressement ". Une tendance confirmée par Marc Abadie, le directeur du réseau et des territoires de la Caisse des dépôts. " La reprise est amorcée depuis le deuxième trimestre 2017, observe-t-il. Le dernier trimestre 2017 retrouve pratiquement le niveau du dernier trimestre 2013. " Autre signe encourageant, la progression significative (+ 8  %) des dépenses d'ingénierie. " C'est le signe que les collectivités ont engagé des programmes de réalisations qui vont se concrétiser à court terme ", note M.  Abadie.
Un rebond attendu après l'effondrement qu'a connu l'investissement public au début du précédent quinquennat. " La France était sous la pression européenne pour rentrer dans les clous du déficit public, rappelle M.  Rigaut. On a taillé à la hache jusqu'à ce que ça ne devienne plus supportable. Le rabot mis en œuvre dès 2012-2013 n'a pas tenu compte des enjeux spécifiques de l'investissement public. "
C'est principalement l'investissement des collectivités territoriales qui en a fait les frais alors qu'il représente plus de la moitié (53,6  % en  2017) du montant total de la commande publique. " En  2014, nous étions dans le creux classique du cycle électoral, mais la baisse a été encore plus forte que d'habitude - – 21 % pour l'investissement des seules collectivités territoriales - , constate le président de l'AdCF.Nous enregistrons en  2017 le frémissement que nous aurions dû connaître en  2015, mais nous restons bien au-dessous du radar. "
Ce redressement de l'investissement est observé dans toutes les régions, à l'exception de la Bretagne (– 2,4  %), pour des raisons qui tiennent, dans cette région, au niveau élevé des dépenses d'investissement par habitant (1 214  euros par habitant contre 950  euros par habitant dans les Hauts-de-France) et à l'achèvement du chantier de la ligne à grande vitesse.
Déploiement du numériquePartout ailleurs, cela repart à la hausse : + 2,1  % en Pays de la Loire, + 36  % en Corse, qui détient le record de commande publique par habitant (2 181  euros). Une " anomalie " liée, notamment, à la mise en œuvre de la dernière tranche du programme exceptionnel d'investissement – lancé en  2002 – destiné à aider le territoire à surmonter ses handicaps naturels et à résorber son déficit en équipements collectifs.
L'embellie concerne pratiquement tous les secteurs des politiques publiques hormis le logement et l'habitat, qui enregistrent une baisse des investissements de 3,7  %. En revanche, le baromètre met en évidence trois domaines qui tirent l'investissement à la hausse. Le bâtiment, tout d'abord, avec une progression de 12,5 %. Malgré le déclin continu des constructions neuves en matière de bâtiments publics et d'équipements collectifs, les travaux de rénovation liés, notamment, à l'accessibilité pour les handicapés et à la transition énergétique, sont en forte reprise. Les dépenses pour l'environnement progressent également de près de 7 % et l'investissement dans le numérique est en pleine émergence.
" La nature des besoins en investissements a totalement changé ", constate M.  Rigaut, qui se félicite de " la prise de conscience de l'enjeu énergétique " et du déploiement du numérique. " Aujourd'hui, les projets ressortent, la confiance est réinstallée, dans un contexte de reprise économique globale. 2018 est l'année où tout converge, estime-t-il. Toute la bataille menée jusqu'à la Conférence des territoires de Cahors a été de dire oui à la contractualisation sur les dépenses de fonctionnement mais en préservant les capacités d'investissement. Parce que, l'investissement, c'est l'emploi. " Un message qui se veut résolument optimiste.
Patrick Roger
© Le Monde

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