Le retour de la croissance en France est une très bonne nouvelle. Le produit intérieur brut du pays a progressé de 1,9 % en 2017, selon les chiffres publiés mardi 30 janvier par l'Insee. Mais cette évolution comporte aussi sa part de risque qu'Emmanuel Macron n'a pas manqué de souligner, le même jour, lors de ses vœux " aux corps constitués et aux forces vives de la nation ".
Qui dit croissance dit meilleures rentrées fiscales. Donc davantage d'aisance pour contenir les déficits. Donc fin supposée des vaches maigres et multiplication des revendications catégorielles toutes plus justifiées les unes que les autres, si l'on se réfère aux demandes formulées ces derniers jours : revalorisation du métier de gardien de prison, amélioration des conditions de travail des aides-soignants dans les établissements accueillant les personnes âgées, lutte contre le mal-logement, etc.
La cagnotte est un grand classique de l'histoire budgétaire. Peu de gouvernements y ont résisté, l'exemple le plus spectaculaire remontant au tournant des années 2000 : débusqué par Jacques Chirac alors président de la République, Lionel Jospin à Matignon dut reconnaître l'existence d'un surplus de recettes de 7,6 milliards d'euros, qu'il redistribua sous forme de baisses d'impôts et de recrutements d'enseignants. L'électeur, ingrat, ne lui en sut nullement gré et le pays fut collectivement perdant car, au même moment, l'Allemagne se lançait dans un programme de réformes structurelles qui lui garantirent, dix ans plus tard, de dominer l'Europe. Emmanuel Macron a donc quelques bonnes raisons de minimiser le cadeau de la croissance, de nier un quelconque
" retour à la normale ", d'insister sur la transformation du pays pour venir à bout du chômage de masse.
Réformer l'EtatReste à passer aux travaux pratiques. Et la difficulté commence, car si l'exécutif n'a pas la main qui tremble lorsqu'il s'agit de libéraliser le marché du travail, il a beaucoup plus de mal à réformer ce qui relève de sa responsabilité directe : l'Etat. Aucun mode d'emploi n'a été fourni pendant la campagne présidentielle pour restructurer les administrations ou réduire le nombre des fonctionnaires.
Dès que les premières tensions estivales sont apparues autour de la baisse des aides au logement et des contrats aidés, le gouvernement a prudemment décidé de dégonfler le volume des économies à réaliser en 2018 : de 20 milliards d'euros, l'addition est tombée à 14 milliards, sans que le déficit en souffre. Par quel miracle ? La croissance et ses surplus. C'est sur sa dynamique que table l'exécutif tout au long du quinquennat pour rendre l'ajustement budgétaire le plus indolore possible. Mais chut ! il ne faut surtout pas le dire.
par Françoise Fressoz
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