Translate

mercredi 28 février 2018

Réforme de la SCNF, la bataille duraille

Lu dans le DL du 27/02/2018

LE BILLET PAR GILLES DEBERNARDI

 Réforme de la SCNF, la bataille duraille

Jean Gabin, chargeant son charbon dans “La Bête humaine”, n’a pas grand-chose à voir avec un conducteur de TGV.
 Voilà, grosso modo, l’argument massue de Macron pour justifier sa réforme ferroviaire.
 Ce qui revient, qu’on le veuille ou non, à pointer des avantages indus.
 Les cheminots ont la vie trop belle, il devient urgent de les mettre au régime commun.
 Qu’ils connaissent enfin le sort des paysans et salariés ordinaires ! Deux arguments économiques imposent de se hâter : la dette vertigineuse de l’entreprise et l’ouverture prochaine à la concurrence.
 Là-dessus, le récent rapport Spinetta ne laisse aucun doute. D’où la décision radicale prise par l’Élysée : les nouveaux embauchés à la SNCF cesseront de bénéficier du statut spécial accordé aux anciens. Comme le promet la Marseillaise : « Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus. » 
Sauf que la carrière, désormais, sera nettement moins attractive. Nul n’ira contester la nécessité de s’adapter.
 N’empêche, la remise en cause des “acquis sociaux” demeure un tabou français. 
On a vu le pays “paralysé” pour moins que ça.
Mais le gouvernement parie sur la faiblesse de ses opposants.
 Après une brève concertation, il va légiférer par ordonnances, abrégeant ainsi tout débat « idéologique » au Parlement.
 Sa puissante majorité LREM-MoDem lui donne les moyens de « forcer le passage », comme il fit naguère pour imposer sa loi travail. Reste à savoir si le Président bénéficie encore d’une aura suffisante. 
Dans le cas contraire, son volontarisme affiché risque de passer pour de la brutalité.
 Gare à la rue ! 
D’autant que les syndicats, cette fois, pourraient mener lutte commune. 
Ils annoncent une première grève pour la mi-mars. 
Commencera alors la bataille duraille. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire