Lu dans le DL du 27/02/2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Réforme de la SCNF,
la bataille duraille
Jean Gabin, chargeant son charbon dans “La Bête humaine”, n’a pas
grand-chose à voir avec un conducteur de TGV.
Voilà, grosso modo,
l’argument massue de Macron pour justifier sa réforme ferroviaire.
Ce qui
revient, qu’on le veuille ou non, à pointer des avantages indus.
Les
cheminots ont la vie trop belle, il devient urgent de les mettre au régime
commun.
Qu’ils connaissent enfin le sort des paysans et salariés ordinaires !
Deux arguments économiques imposent de se hâter : la dette vertigineuse
de l’entreprise et l’ouverture prochaine à la concurrence.
Là-dessus, le
récent rapport Spinetta ne laisse aucun doute.
D’où la décision radicale prise par l’Élysée : les nouveaux embauchés à la
SNCF cesseront de bénéficier du statut spécial accordé aux anciens. Comme
le promet la Marseillaise : « Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés
n’y seront plus. »
Sauf que la carrière, désormais, sera nettement moins
attractive.
Nul n’ira contester la nécessité de s’adapter.
N’empêche, la remise en
cause des “acquis sociaux” demeure un tabou français.
On a vu le pays
“paralysé” pour moins que ça.
Mais le gouvernement parie sur la faiblesse
de ses opposants.
Après une brève concertation, il va légiférer par ordonnances,
abrégeant ainsi tout débat « idéologique » au Parlement.
Sa puissante
majorité LREM-MoDem lui donne les moyens de « forcer le passage »,
comme il fit naguère pour imposer sa loi travail. Reste à savoir si le Président
bénéficie encore d’une aura suffisante.
Dans le cas contraire, son volontarisme
affiché risque de passer pour de la brutalité.
Gare à la rue !
D’autant que
les syndicats, cette fois, pourraient mener lutte commune.
Ils annoncent une
première grève pour la mi-mars.
Commencera alors la bataille duraille.
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