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vendredi 28 mars 2014

L'Imposteur et l'Imposture républicaine

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La Sociale

Analyses et débats pour le renouveau d'une pensée de l'émancipation

L'Imposteur et l'Imposture républicaine

Dés le soir du premier tour des municipales, voilà l'appel au "front républicain" qui refait son apparition.
L’entre deux tours des élections municipales laisse libre cours à toutes les « combinazione » dans le seul but de sauver ce qui peut encore l’être. Les responsables socialistes et leurs affidés n’ont pas tardé à remettre au goût du jour leur fameux « front républicain » pour faire barrage au front national. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Depuis l’appel à voter Chirac contre Le Pen aux élections présidentielles de 2002, l’idée est utilisée par la gauche lorsqu’elle connait une déroute comme le soir du premier tour des élections municipales. Dés dimanche soir les caciques du parti socialiste s’en sont donné à cœur joie. Il faudrait pour barrer la route au front national voter sans retenue pour l’UMP dans bon nombre de cas. Les républicains d’un côté donc, sans discernement, les autres de l’autre. Outre le fait qu’une telle logique, si elle était sérieuse, aurait dû permettre à la gauche au pouvoir d’interdire le Front national tout simplement, cela  signifie sur le fond qu’entre la politique du PS et de L’UMP,  il n’y a pas grande différence, en tout cas pas d’incompatibilité notable.
Comme je l’indique dans l’Imposteur, la différence entre l’UMP et le PS n’est pas de nature, mais d’intensité. Le reproche que formule l’opposition actuelle à François Hollande et à son gouvernement n’est pas d’avoir pris une mauvaise direction, mais seulement de ne pas aller assez vite et assez fort dans celle qu’il a choisie. L’appel au « front républicain » n’est donc que la sanction électorale d’une proximité politique revendiquée par la droite comme par la gauche.
L’appel au « front républicain » déroule un véritable tapis sous les pieds du front national qu’il est censé marginaliser. Alors que tous s’allient ou envisage de s’allier pour sauver le système, il place le front national en position d’opposant officiel et unique contre ce qu’il appelle l’UMPS. On comprend ainsi les jubilations de Marine Le Pen sur les plateaux de télévision dimanche, au soir du premier tour des municipales.
L’appel au front républicain permet enfin –et ce n’est pas pour les responsables socialistes le moindre des avantages- d’évacuer au nom de l’urgence les questions politiques posées par le vote. Il s’agit de ne pas aborder les causes qui ont engendré une abstention massive pour ce genre de consultation et un véritable rejet du parti socialiste en particulier et de la gauche en général.
Les commentateurs de tout bord s’interrogent sur un éventuel remaniement. Mais est-ce la question ? Un remaniement avec la même politique, le « pacte de responsabilité » qui organise la baisse des cotisations sociales des employeurs au détriment des citoyens, qui dans tous les domaines clés –social, économique, éducatif…- s’inscrit dans la politique de Nicolas Sarkozy ? 
« L’Imposteur » François Hollande est paraît-il très attentif aux résultats de ces élections, et notamment du second tour pour répondre aux français. Qu’il se rassure. S’il n’a pas tout compris ce coup-ci, la prochaine échéance des élections européennes approche et risque fort d’amplifier le message…

Jacques Cotta
27 mars 2014

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