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vendredi 23 février 2018

En Israël, Nétanyahou lâché par son entourage


23 février 2018

En Israël, Nétanyahou lâché par son entourage

Un proche du premier ministre israélien a accepté de témoigner dans une affaire de corruption le mettant en cause

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Shlomo Filber n'est pas un personnage public de premier plan en Israël. Pourtant, tous ceux qui suivent de près les activités du chef du gouvernement, Benyamin Nétanyahou, connaissent son importance. -Pendant vingt ans, ce juif religieux a été un homme de l'ombre, un intime sûr et silencieux, un émissaire chargé des tâches confidentielles. Aujourd'hui, il représente une menace grave pour son -ancien patron. Après Ari Harow, ex-chef de cabinet de M. Nétanyahou, Shlomo Filber est le deuxième personnage-clé de l'entourage du premier ministre, depuis un an, qui accepte de se retourner contre lui.
Pour se sauver lui-même et échapper à la prison, il a consenti, mardi 20  février, à devenir un témoin au profit des policiers qui enquêtent sur plusieurs affaires de corruption, rapporte la presse israélienne. Dans deux d'entre -elles, les enquêteurs ont recommandé au parquet général l'inculpation de M. Nétanyahou, le 13  février. Son sort se trouve à présent entre les mains du procureur général, Avichaï Mandelblit. Mais la pression monte de toutes parts et la presse spécule déjà sur la fin de l'ère Nétanyahou, qui promet d'être très accidentée.
ScepticismeLe témoignage forcément explosif de Shlomo Filber, arrêté dimanche 18  février, a commencé à être recueilli mercredi. Il concerne en premier lieu l'affaire Bezeq, du nom du groupe de télécoms dirigé par Shaul Elovitch, lui aussi interpellé. M.  Filber est mis en cause dans l'enquête en tant que directeur général du ministère des communications, poste dont il a été suspendu. Il aurait facilité le -rachat du groupe de télévision par satellite Yes par Bezeq. Selon le quotidien Haaretz, Shlomo Filber aurait confirmé avoir agi sur instructions explicites du premier ministre.
M.  Nétanyahou, qui a gardé entre ses mains ce portefeuille des communications après les élections de 2015, avant d'y renoncer en  2017, est soupçonné d'avoir aidé Bezeq en échange d'une couverture favorable assurée par Walla, l'un des plus importants -sites d'information du pays. Pour l'heure, le premier ministre n'a pas été interrogé dans cette affaire.
Quelques heures avant la révélation de l'accord passé entre Shlomo Filber et la police, le journaliste vedette Ben Caspit publiait un autre scoop spectaculaire dans le quotidien Maariv. Fin 2015, l'ancien conseiller stratégique de M. Nétanyahou, Nir Hefetz, aurait proposé à une juge, Hila Gerstl, de favoriser sa nomination comme procureure générale, à condition qu'elle ferme une instruction -visant Sara Nétanyahou, l'épouse du chef de gouvernement, pour des malversations dans la gestion de la résidence officielle du premier ministre. Nir Hefetz aurait pu agir de sa propre initiative, mais le hoquet de l'histoire n'en demeure pas moins surprenant.
En  1997, déjà, Benyamin Nétanyahou était suspecté par la police d'avoir proposé ce même poste de procureur général à l'avocat Ronni Bar-On, à condition qu'il trouve un arrangement pour épargner son allié politique, Aryé Dery, du parti Shas, poursuivi pour corruption. Le parquet général avait conclu à un manque d'éléments pour inculper le premier ministre, qui exerçait alors son premier mandat.
Aujourd'hui, même si aucune inculpation n'a été formellement décidée, la capacité de " Bibi " à survivre à cette pluie de révélations et d'instructions suscite le scepticisme général. Selon les commentateurs, celle-ci risque de rendre impossible l'exercice de ses responsabilités. M.  Nétanyahou, lui, a les yeux sur les sondages. Le Likoud y figure toujours solidement en tête.
Piotr Smolar
© Le Monde

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