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mercredi 28 février 2018

Orban profite des divisions de ses opposants


28 février 2018

Orban profite des divisions de ses opposants

Le dirigeant hongrois est favori des législatives du 8 avril face à des détracteurs en mal d'unité

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La nouvelle a semblé suffisamment inquiétante à -Viktor Orban pour qu'il se fende d'un entretien à un média critique et se plie à un exercice de contrition rarement observé en huit ans de pouvoir. Au micro du site d'information en ligne HVG,le premier ministre souverainiste hongrois a concédé que la défaite du candidat qu'il soutenait à une élection municipale, dans un bastion de sa formation, le Fidesz, dimanche 25  février, devait inciter ses soutiens à redoubler d'efforts, en vue des législatives du 8  avril.
Le résultat du scrutin, qui s'est déroulé dans la ville d'Hodmezovasarhely est une surprise, car il a prouvé qu'une opposition hétéroclite mais unie pouvait l'emporter contre le parti au pouvoir, alors que M. Orban brigue un troisième mandat. Le candidat indépendant, soutenu par l'extrême droite du Jobbik, par la gauche et les libéraux, a gagné avec plus de 57  % des voix, alors que le Fidesz avait obtenu 61  % des voix en  2014, dans ce fief d'un homme fort du régime, Janos Lazar. Ceux qui sont contre Viktor Orban n'en restent pas moins divisés, au niveau national, en une kyrielle de formations très éloignées les unes des autres.
" 54  % des électeurs souhaitent un changement de gouvernement, affirme Andras Pulai, de l'institut de sondage Publicis. Le Fidesz est en tête avec 27  % des intentions de vote, mais la haine contre ce parti est forte, et nos recherches prouvent que ceux qui s'opposent au Jobbik et au Fidesz souhaitent une opposition unie. Ils voteraient pour toute personnalité, quelle qu'elle soit, en mesure de battre Orban. "
Amende faramineuseLa gauche et des libéraux sont répartis en une petite dizaine de chapelles concurrentes. " L'opposition n'a toujours pas digéré la débâcle de 2010, quand Viktor Orban a remporté les élections avec les deux tiers des suffrages, juge l'analyste politique Laszlo Keri. Ferenc Gyurcsany, l'ex-premier ministre social-démocrate de 2004 à 2009, aurait dû s'effacer, car son impopularité le disqualifie. Mais il s'accroche et il fait tout échouer. D'autant plus que sa base électorale a massivement émigré en Europe occidentale ces dernières années. "
Au sein de DK (Coalition démocratique, centre gauche), la formation créée en dissidence du Parti social-démocrate (MSzDP) pour entretenir les ambitions politiques de l'ancien chef de gouvernement, on refuse de porter le chapeau. " En  2014, cinq partis se sont alliés contre M.  Orban, mais sans bons résultats, avec 25,73  % ", rappelle le militant Istvan Vago.
Le parti le mieux placé, le MSzDP, plafonne à 11  % des intentions de vote. Plusieurs autres ne sont pas du tout certains d'atteindre le seuil des 5  % nécessaires pour faire leur entrée au Parlement. C'est le cas du mouvement Momentum, issu de la société civile, qui avait mené une campagne efficace de mobilisation en  2017, basée sur la société civile, pour mettre fin aux ambitions olympiques de Viktor Orban. Ce dernier souhaitait proposer la candidature de Budapest pour 2024.
Hors de question, pourtant, selon le responsable de la campagne de Momentum, Tamas Soproni, de se retirer de la course. Pour l'instant. " Fin mars, si un candidat décolle, nous aurons tous l'obligation morale de nous rassembler pour éviter que le Fidesz n'obtienne de nouveau les deux tiers des sièges à l'Assemblée ", estime-t-il.
Les législatives n'augurent rien de bon non plus pour le Jobbik, le parti d'extrême droite qui avait arraché plus de 20  % des suffrages, en  2014. Le dernier sondage ne le crédite plus que de 11  % des voix et il perd petit à petit son statut de premier parti d'opposition. La formation a été condamnée d'une amende faramineuse, infligée par la Cour des comptes fin 2017, qui menace ses ambitions.
" C'est un coup monté motivé politiquement et ordonné directement par Viktor Orban, accuse le député Jobbik Istvan Szavay. La Cour des comptes est dirigée par un ancien député du Fidesz. Selon elle, nous avons obtenu un contrat pour coller nos affiches sur des panneaux à un prix situé en dessous du marché. Il faudrait que nous remboursions 663  millions de forints - 2,1  millions d'euros - , alors que notre budget annuel s'élève à 470  millions ! Si on nous force à payer, on peut mettre la clé sous la porte. "
Ces déboires ne justifient pas à eux seuls le déclin observé. Trois causes principales sont à souligner, selon Andras Pulai : " D'abord, ce parti n'a pas su répondre aux fortes attentes qu'il avait suscitées. Ensuite, Viktor Orban s'est très bien adapté à la demande de radicalisme qui s'est exprimée dans la société, à la suite de la crise migratoire historique de 2015. Et puis le Jobbik a brouillé son image en tentant de gommer son côté xénophobe pour diversifier son électorat. " Sur ce dernier point,Viktor Orban, lui, a sans ciller emprunté le chemin opposé.
Bl. G.
© Le Monde

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