PRIMAIRE MARSEILLE - Un ministre, ça gagne une élection ou ça démissionne. Autrement dit, la défaite cinglante subie par Marie-Arlette Carlotti à Marseille va-t-elle lui coûter sa place au gouvernement? L'idée a été avancée ce lundi 14 octobre par la sénatrice socialiste Samia Ghali, arrivée largement en tête de la primaire PS.
"Si j'étais à sa place, peut-être que je rendrais mon poste de ministre", a déclaré Samia Ghali sur ITélé ce matin, tout en se demandant si Mme Carlotti n'avait pas été sanctionnée en raison "de son travail de ministre". Une attaque ciblée, après que la ministre a accusé sa rivale de "clientélisme" dans la cité phocéenne. "Ecoutez, quand on a été sanctionné comme elle a été sanctionnée ... il y a de quoi se poser des questions", a-t-elle encore taclé.
Avant elle, un autre cadre de l'UMP, le cofondateur de la Droite forte, Geoffroy Didier, avait lui-même appelé à la ministre à démissionner, l'estimant décrédibilisée par son échec électorale. Une proposition jugée "absurde" par le député Patrick Mennucci, qualifié pour le second tour de la primaire marseillaise.

La question d'une démission de la ministre n'avait jamais été posée jusqu'alors, encore moins contrainte par une défaite que personne n'avait pronostiqué. Lors de sa déclaration de candidature, Marie-Arlette Carlotti confiait qu'elle souhaitait rester ministre pendant la campagne des municipales si elle était désignée candidate du PS. Elle assurait en revanche qu'elle démissionnerait si elle était élue pour être "maire à 100 %".

Une pratique gouvernementale bien ancrée
Depuis plusieurs années, la pratique gouvernementale veut pourtant que les ministres défaits dans une élection locale ou nationale démissionnent de leur fonction ministérielle. Une règle qu'avait imposée Nicolas Sarkozy à ses ministres et qui avait coûté cher à Alain Juppé. Nommé numéro 2 du gouvernement Fillon en mai 2007, le maire de Bordeaux avait dû démissionner en juin après sa défaite aux législatives.
En 2010, le ministre du Travail UMP, Xavier Darcos, battu aux régionales en Aquitaine, avait également été évincé du gouvernement à l'occasion d'un remaniement.
En 2012, la tradition, réaffirmée par Jean-Marc Ayrault, est suffisamment installée pour que certains ministres renoncent à se présenter aux législatives, par crainte d'être battu. Ce fut le cas notamment de Najat Vallaud-Belkacem qui renonça à sa candidature dans le Rhône.
67% des Français interrogés par Opinionway approuvaient alors cette règle édictée par le premier ministre, qui ne concernait, il est vrai, que les législatives. En sera-t-il de même pour une primaire ouverte, voir pour les municipales? La question est désormais sur la table.