Manifestation lycéenne à Paris pour Leonarda et Khatchik
Reuters – il y a 9 minutesReuters/Reuters - Devant le lycée Turgot, à Paris. Des lycéens ont bloqué jeudi matin des lycées à Paris à l'appel de deux organisations lycéennes pour protester contre l'expulsion de la collégienne kosovare
PARIS
(Reuters) - Mille à 2.000 lycéens ont manifesté jeudi à Paris et bloqué ou
perturbé 15 à 20 établissements pour protester contre l'expulsion de la
collégienne kosovare Leonarda Dibrani et d'un lycéen arménien de 19 ans,
Khatchik Kachatryan.
Ils se sont rassemblés
à la mi-journée place de la Nation, avec des pancartes et des banderoles
réclamant la fin des expulsions de jeunes étrangers scolarisés, à l'appel de
l'Union nationale lycéenne (UNL) et de la Fédération indépendante et
démocratique lycéenne (Fidl).
"L'éducation c'est
no border", "Libérez Khatchik", "Non aux expulsions",
proclamaient certaines des pancartes.
D'autres réclamaient la
démission du ministre de l'Intérieur,Manuel Valls,
et les manifestants scandaient : "Valls, t'es foutu, la jeunesse est dans
la rue."
"Je manifeste
parce que je ne trouve pas normal que quelqu'un qui va à l'école soit expulsé
comme ça du jour au lendemain. Et la manière dont ça s'est passé, ça ne se fait
pas", a expliqué à Reuters Claire Hénaux, élève de seconde.
Selon le président de
l'UNL, Ivan Dementhon, contacté par Reuters, des lycéens s'étaient auparavant
rassemblés devant une vingtaine d'établissements à Paris et une dizaine en
banlieue.
Un porte parole de la
Fidl a fait état d'une quinzaine de lycées bloqués ou perturbés à Paris et
d'assemblées générales dans des établissements de province.
Des élèves du lycée
Charlemagne, à Paris, ont empilé des poubelles devant la porte de leur
établissement sur laquelle était fixée une pancarte proclamant :
"Charlemagne solidaire ! Khatchik-Leonarda, pas d'oubli".
"DROIT
UNIVERSEL"
A la mi-journée, le
ministère de l'Education nationale était dans l'incapacité de donner le moindre
chiffre sur cette mobilisation, qui a donné une nouvelle dimension à la
polémique déclenchée par l'expulsion de Leonarda.
L'UNL et la Fidl
demandent le retour en France de Leonarda Dibrani et de Khatchik Kachatryan,
qui était élève au lycée Camille-Jenatzy dans le XVIIIe arrondissement de Paris
et a été expulsé samedi dernier vers l'Arménie.
"L'Ecole de la
République (...) a le devoir de scolariser tous les enfants sur le
territoire", écrit dans un communiqué l'UNL, qui demande des explications
au ministre de l'Intérieur et réclame une loi permettant à "chaque élève
sans papier, qu'il soit majeur ou mineur", de mener jusqu'au bout sa
scolarité.
"Il est
inadmissible que nos camarades se fassent expulser comme ça, sans raison,
pendant une sortie scolaire", a déclaré pour sa part Steven Nassiri,
porte-parole de la Fidl, à BFM TV. "Pour un gouvernement qui se dit de
gauche, c'est très grave."
La Fédération des
conseils de parents d'élèves (FCPE) a appelé "les parents parisiens"
à se joindre au mouvement, demandant la régularisation des familles sans
papiers et des jeunes majeurs scolarisés.
Du côté de syndicats
d'enseignants, le secrétaire général du Snes-FSU, Daniel Robin, a estimé que
les enfants étrangers ne devaient pas être privés du "droit
universel" à l'éducation, y compris si leurs parents étaient sous le coup
d'une décision d'expulsion.
"Il n'est pas
acceptable que cette jeune fille (Leonarda) soit évincée de France
indépendamment de sa situation", a-t-il dit sur RTL. "Elle paye deux
fois. Elle paye une fois à travers l'attitude, semble-t-il, pas recommandable
de son père. Elle paye une deuxième fois en perdant la chance de pouvoir, à
travers des études, se reconstruire."
Antony Paone et
Emmanuel Jarry, avec Ingrid Melander, édité par Gilles Trequesser
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