L'actualité du samedi 19/10/2013
La UNE
S’il n’avait pas sauté sur une mine en Indochine un jour de mai 1954, Robert Capa aurait eu 100 ans le 22 octobre. Une mort prématurée (il avait 40 ans) qui fait aujourd’hui de ce photoreporter une légende quasi vivante tant son œuvre résonne avec l’actualité. Beaucoup de photographes interrogés dans le cadre de notre enquête n’ont en effet pas hésité à faire l’analogie entre la guerre d’Espagne hier et la Syrie aujourd’hui, évoquant, dans les deux cas, un même soulèvement démocratique contre une dictature (du moins dans les premiers temps en Syrie) et un conflit qui préfigure peut-être une crise plus large. La comparaison, toutefois, s’arrête là. La grande différence entre hier et aujourd’hui, et il ne faudra jamais cesser de le souligner tant que cette situation perdurera, c’est que Robert Capa n’aurait pas pu couvrir la guerre en Syrie. Désormais, plus aucun journaliste ne peut rentrer dans ce pays sans courir le risque d’être pris en otage. Sur les 17 reporters occidentaux retenus en Syrie par tel ou tel groupe jihadiste ou mafieux, la moitié sont des photographes, pour la plupart indépendants, venus là à leurs risques et périls pour tenter d’«accrocher» un journal ou un magazine et de percer dans un métier de plus en plus précaire et concurrentiel. Entre crise économique, essor du numérique et réseaux sociaux, il devient de plus en plus dur de se faire un nom de photoreporter et tout simplement de vivre de ce qui est pour eux une passion, pour nous une nécessité. C’est aussi pour rendre hommage à tous ceux qui témoignent de la réalité des conflits, appareil en bandoulière, que nous tirons aujourd’hui notre chapeau à celui qui reste l’immuable icône de toute une profession.
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