Comment survivre au départ à la retraite des sportifs que l’on a admirés ? C’est la question que je me suis posée il y a deux semaines devant la première étape du Tour de France, remportée par Romain Bardet. Une performance brillante, d’autant plus belle et émouvante que le coureur français avait annoncé fin juin que cette « Grande Boucle » serait la dernière de sa carrière, l’heure de la retraite ayant sonné – il a 33 ans.
Comme Thibaut Pinot, qui a fait ses adieux il y a un an, Romain Bardet fait partie de ces coureurs qui, à quelques années près, ont presque le même âge que moi. Leurs performances ont rythmé une partie de ma vie, et appartenir à la même génération a fait que je me suis probablement identifié à eux plus qu’à aucun autre athlète. Impossible donc de ne pas éprouver un petit pincement au cœur en pensant à l’idée qu’ils ne seront bientôt plus là.
Et il n’y a pas que dans le cyclisme qu’une page est en train de se tourner. Né en 1986 – un an avant moi –, Olivier Giroud, l’attaquant des Bleus, s’apprête à prendre sa retraite internationale ; le génial Toni Kroos a disputé lors de l’Euro son tout dernier match ; les Benzema, Nasri, Ménez, Ben Arfa, tous membres de la « génération 87 », ont soit raccroché les crampons ou sont au crépuscule de leur carrière ; en tennis, Rafael Nadal et Richard Gasquet, tous deux nés en 1986, et dont la rivalité, enfant puis adolescent, m’a toujours fasciné, ne devraient pas tarder non plus à ranger leur raquette.
On parle de la retraite du sportif comme d’une « petite mort ». Dans une moindre mesure, elle l’est aussi pour nous autres simples amateurs de sport. Avec leur départ, ce n’est pas seulement une part de notre jeunesse qui s’envole. C’est également un terrible rappel : leurs corps, comme les nôtres, vieillissent et ne sont déjà plus adaptés à la performance. On dirait que le déclin a bel et bien commencé…
Une page se tourne et une autre s’ouvre, cruelle. Cela a beau être maintenant la norme, il est toujours violent de réaliser que la plupart des sportifs de haut niveau sont nés autour des années 2000 – c’est le cas de la nouvelle star du basket Victor Wembanyama. Comme un symbole, c’est à un jeune footballeur que je dois d’ailleurs ma dernière déception sportive : l’élimination de l’équipe de France en demi-finale de l’Euro. Auteur d’un but sublime face aux Bleus, l’Espagnol Lamine Yamal n’a que 17 ans. Soit vingt ans de moins que moi…
Sébastien Billard
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