Les Jeux olympiques veulent-ils ma mort ? Cette question, je me la pose depuis le 6 juin, 14h27, heure à laquelle j’ai reçu un e-mail de notre responsable des ressources humaines nous incitant à faire notre « demande individuelle de Pass Jeux nominatif », un sauf-conduit qui permet de circuler à peu près librement dans Paris. Un clic plus tard, mon esprit déjà s’embrumait. En tant que piéton et cycliste, étais-je concernée ? Fallait-il faire une demande pour accéder à un périmètre rouge (où se trouve le journal) ou gris ? A quelles dates ?
Doucement, mais sûrement, des premiers nœuds se sont formés dans mon cerveau en manque de vacances. Mécaniquement, j’ai rempli les cases du formulaire, envoyé le tout et attendu. Deux refus, un mois et quelques fous rires nerveux entre collègues plus tard, on m’a expliqué que je n’étais pas concernée. Soit. Mais en zoomant sur la carte interactive, le brouillard s’est épaissi, encore. Comment allais-je traverser la Seine si quasi tous les ponts et les berges étaient inaccessibles aux non-détenteurs de pass ? En pédalo ? Sur un balai volant ? Réponse de l’administration : « Vous devrez contourner. »
Perplexe, j’ai persévéré. Comme Charlie Bucket qui rêve de visiter la chocolaterie de Willy Wonka, je voulais être l’heureuse détentrice d’un ticket d’or. Et puis, un jour, sans comprendre pourquoi, ce fut chose faite. Mais, puisque tous mes collègues avaient fini par l’obtenir aussi, ce sauf-conduit n’avait plus la saveur d’une victoire.
Dans le même temps, j’expérimentais les joies d’une plongée en milieu hostile. Car si Paris se veut accueillant pour les milliers d’aficionados des Jeux olympiques – au rang desquels, je ne figure pas –, elle s’apparente à un parcours du combattant pour les cyclistes. Entre les voies fermées à la circulation, les déviations grâce auxquelles on se retrouve au mieux dans des clapiers à lapin ; au pire, à contresens de la circulation ou frôlant les piétons, il y a de quoi avoir le cœur qui lâche. Ultime affront : les routes taguées « 2024 Paris », réservées aux accrédités des Jeux et interdites aux vélos (à 135 euros l’amende, l’envie de jouer se perd), et qui vous déportent au milieu de la chaussée, avec les voitures (encore elles).
La tête en Scoubidou, l’option métro – avec sa foule, son Covid et son ticket à 4 euros – s’envisage. Finalement, pour rester en vie, une valeur sûre : rester chez soi et regarder d’un œil distrait les JO à la télé.
Louise Auvitu
« Elle est en couple, mais ça ne l’empêche pas, en vacances, de draguer mon mec, mon oncle et mes neveux »
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