| HADRIEN MATHOUX RÉDACTEUR EN CHEF POLITIQUE La faute au mode de scrutin… ou au système politique ? À peine le second tour des législatives achevé, tout le monde s'est écharpé. Il faut dire que la situation que l'on contemple, inédite dans l'histoire de la Ve République avec cette « chambre introuvable » dans laquelle aucune majorité évidente ne se dégage, a de quoi générer des frustrations…
Premier parti en nombre de voix, le Rassemblement national s'est retrouvé marginalisé entre les deux tours à cause du front républicain ressuscité. Premier bloc à l'Assemblée, le Nouveau front populaire ne semble pas parti pour gouverner, ne possédant pas suffisamment de sièges pour avoir la majorité absolue. Quant à la majorité, elle craquèle de toute part mais peut au moins profiter d'un statut de faiseur de roi, comme les partis-pivots des IIIe et IVe Républiques.
Faut-il mettre en cause ce fameux scrutin uninominal majoritaire à deux tours, qui déchaîne les critiques contre lui ? C'est vrai, il encourage des alliances parfois contre-nature ; c'est vrai, il offre une représentation disproportionnée des différentes forces au parlement. Mais on oublie parfois qu'aucun système électoral n'est parfait: le fameux scrutin proportionnel que beaucoup appellent de leurs voeux peut accoucher de coalitions instables, et laisse beaucoup de latitude aux partis pour bricoler des arrangements dans le dos du peuple après les élections ; le « first past the post » cher aux Anglais, quoique simple, engendre une disproportion encore plus grande que le mode de scrutin français entre le nombre de voix et le nombre de représentants.
Grand spécialiste de la Ve République, le gaulliste Arnaud Teyssier a livré à Marianne cette réflexion passée trop inaperçue : « Selon une tendance bien française, on accuse les institutions, alors que le problème relève de la sociologie électorale, de l’orientation des politiques publiques et de la compréhension de notre société. » Conçue pour encourager des forces majoritaires à entraîner le peuple derrière elle pour gouverner, la Ve République se retrouve en difficulté dès lors que notre paysage politique dispose de trois offres qui coalisent chacune contre elles deux Français sur trois. Twitter @hadrienmathoux
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