Les élections municipales et régionales espagnoles du 28 mai dernier sont une claque magistrale pour la gauche au pouvoir depuis 5 ans. Le PSOE (socialiste) avec à sa tête le Premier Ministre Pedro Sanchez a gouverné avec l’appui de Podemos, parti de gauche radicale. C’est un triomphe pour le Partido Popular (PP : droite modérée) qui est en passe de remporter 14 régions sur 17. Le PP va devoir néanmoins s’allier avec la droite radicale représentée par Vox pour sceller la victoire de la droite dans plusieurs régions et villes. Cette union des droites s’est déjà faite en Castille-Léon gouvernée par une coalition PP-Vox. Le désaveu est tel pour le gouvernement de gauche que le Premier Ministre a annoncé que les élections générales (pour renouveler le parlement national) seraient avancées au 23 juillet prochain (au lieu de décembre). Aujourd’hui, le PP contrôle 88 sièges sur 350 au Parlement et Vox est déjà le troisième parti espagnol avec 52 sièges. Si ces deux partis parviennent à consolider une alliance nationale, il ne fait guère de doute qu’ils remporteront une large victoire dans 2 mois, affirme le magazine britannique The Spectator (voir l’article en lien).
Une union PP – Vox au pouvoir serait un changement majeur sur la scène politique espagnole mais enverrait aussi une onde de choc dans toute l’Europe. Le gouvernement de gauche actuel et les grands médias n’ont eu de cesse de qualifier Vox « d’extrême-droite ». Un ministre a même qualifié les militants de ce parti de « bandes de fascistes ». Cette stratégie d’ostracisation est commune à de nombreux pays occidentaux. Force est de constater que ce discours ne fonctionne plus auprès des Espagnols. D’abord parce que c’est objectivement faux : la ligne de Vox est conservatrice et très attachée au respect de la Constitution. Essayer de les faire passer pour des franquistes voulant renverser la démocratie est risible. Vox peut surtout s’enorgueillir d’avoir renforcé le jeune processus démocratique en faisant revenir dans les bureaux de vote des Espagnols, y compris des jeunes, qui ne participaient plus aux élections. Le parti Vox a tout juste 10 ans. Il a été créé en 2013 par des transfuges du PP, furieux de la soumission de leur parti aux injonctions de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui avait exigé la libération de terroristes basques de l’ETA. Vox est devenu la voix des Espagnols très attachés à l’unité nationale (contre les régionalistes) et s’affiche ouvertement comme « eurosceptique » dans un pays plutôt pro-européen puisqu’il a profité de nombreux subsides de Bruxelles. Santiago Abascal, chef du parti Vox, n’a pas hésité à dénoncer les « penchants soviétiques » de l’U.E. pendant un débat parlementaire…
Vox ne se cache pas derrière le politiquement correct, obligeant justement le PP à clarifier sa ligne idéologique. Les dirigeants de Vox qualifient par exemple le PP de « derechita cobarde » (« petite droite couarde »). Leur programme est sans concessions sur le contrôle de l’immigration, ouvertement hostile au wokisme et affiche son attachement à l’histoire de l’Espagne et à ses traditions… Face à Vox, le PP, un assemblage hétéroclite de libéraux et de conservateurs, a tenté de se « droitiser » puis de revenir vers le centre… La succession d’affaires de corruption a miné sa crédibilité. La nouvelle donne imposée par les élections du 28 mai met le PP au pied du mur… Une nouvelle génération de cadres du PP se félicite de cette évolution. Une figure en particulier : Isabel Díaz Ayuso, la jeune dirigeante de la région-capitale de Madrid. Une « dame de fer » espagnole qui a déclaré il y a 2 ans : « Si l’on vous traite de fasciste, c’est que vous êtes du bon côté de l’histoire ». Dans un pays encore marqué par les cicatrices de la guerre civile, elle a remporté une victoire éclatante dimanche pour un nouveau mandat…
L’Espagne pourrait donc rejoindre plusieurs autres pays européens dans un mouvement vers la droite qui prend de l’ampleur. En Grèce, le parti conservateur « Nouvelle Démocratie » du Premier Ministre Mitsotakis a battu l’opposition de gauche il y a quelques jours – contrairement à ce que les sondeurs annonçaient… L’Italie aussi, bien sûr, avec l’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir en octobre dernier, au grand dam des dirigeants de l’U.E. Malgré la composition hétéroclite de cette « union des droites », force est de constater qu’il n’y a pas eu de « coup d’État fasciste » et que la gauche italienne semble aphone dans une Italie qui a retrouvé une certaine stabilité. On peut ajouter la très libérale Suède, avec l’arrivée au pouvoir d’une coalition qui inclut l’extrême-droite. Un nouveau parti néerlandais, le BBB, est arrivé au Sénat en mars, représentant les fermiers furieux contre les plans autoritaires de la coalition libérale au pouvoir voulant saisir des terres en soumission à des décrets bruxellois… On complètera avec l’Europe de l’Est, Pologne et Hongrie en tête. L’attitude face à la guerre en Ukraine reste néanmoins une fracture entre ces coalitions du même bord…
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