| | par Jean-Marie Harribey La compréhension de la nature de l’État dans la société capitaliste reste un point névralgique dans les analyses portées par les mouvements progressistes et les intellectuels critiques. Sans doute parce que, par définition, cet État est de nature contradictoire, ce qui apparaît de façon encore plus flagrante lorsque la société elle-même voit ses propres contradictions s’exacerber. | |
| | | Dossier : Les pratiques de l’État néolibéral aujourd’hui |
par Evelyne Dourille-Feer De la concertation déloyale avec les syndicats au recours à l’article 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites sans vote de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron et son gouvernement n’ont cessé de piétiner la démocratie, réprimant aussi toujours plus durement les manifestants et les grévistes avec une police dont la montée des violences est inquiétante. | |
par Julien Giudicelli 1. Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, aussi estimé que généralement mesuré, a récemment déclaré, à propos du conflit social relatif à la loi retraites1 allongeant l’âge de départ à 64 ans, et de l’intransigeance du pouvoir, « Nous sommes en train de traverser, depuis le conflit algérien, la crise la plus grave que la France ait connue »2. Ses propos, inhabituellement forts, résument à eux seuls l’ampleur du malaise social suscité par la réponse du pouvoir, résolu à faire passer à tout coût cette « réforme » que le coronavirus avait empêchée et qui, de systémique (système de retraites par points) devint seulement paramétrique (en substance, n’agissant qu’en regard du critère de l’âge de départ et de la durée de cotisation). | |
par Gustave Massiah La France est entrée, en 2023, dans une nouvelle période de crise sociale et politique. La crise a mis en évidence les contradictions sociales, écologiques et démocratiques du système néolibéral. Les mobilisations sont considérables. Le mouvement social contre la réforme des retraites se prolonge. La contestation écologique s’est radicalisée et a été violemment réprimée. Le refus de l’autoritarisme a galvanisé la jeunesse. Comment expliquer la violence des contradictions et la dureté de l’affrontement ? | |
par Jean-Marie Harribey Alors que la mobilisation sociale contre la réforme des retraites imposée de force par le gouvernement Macron-Borne a connu une ampleur considérable, il était nécessaire de marquer un point d’étape pour en cerner les enjeux essentiels. C’est ce que vient de faire, mais sous un angle particulier et quasiment inédit, Christiane Marty dans l’ouvrage L’enjeu féministe des retraites (Paris, La Dispute, 2023). Christiane Marty est déjà connue pour ses très nombreux travaux sur les retraites, soit comme auteure, soit comme coordinatrice d’ouvrages collectifs1. Ici, elle propose une synthèse de ses contributions qui se sont échelonnées en parallèle avec les nombreuses réformes du système de retraites en France depuis les années 1990. | |
par Nicolas Duvoux Dans un ouvrage à paraître, L’avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine (Puf, septembre 2023) nous développons l’idée que la projection subjective dans l’avenir constitue un indicateur synthétique de la position sociale. Dans cet article, nous situons notre approche dans une filiation théorique avec des travaux précoces de Pierre Bourdieu et ceux de Robert Castel. La représentation de la hiérarchie sociale doit être relationnelle et scientifique, scientifique parce que relationnelle : la maîtrise des uns sur leurs ressources, matérielles et symboliques, étant liée à la dépossession des autres. | |
par Olivier Fillieule Apparue autour du mouvement contre la loi Travail en 2016, déployée contre les « Gilets jaunes » en 2018-2019 et gravée dans le marbre du schéma national de maintien de l’ordre de 2020 (SNMO), la brutalisation des interventions est aujourd’hui au cœur de la stratégie française de maintien de l’ordre. Si, dans les premières semaines du mouvement d’opposition à la réforme des retraites, une consigne de retenue et de modération a prévalu, pour éviter que l’embrasement de la rue ne vienne contredire l’adoption en force du projet gouvernemental, la parenthèse se referme dès après l’adoption du projet. S’opère alors un retour aux fondamentaux d’une stratégie brutale. Au point même que les recommandations émises par le SNMO se voient rangées au magasin des accessoires. | |
par Thierry Brugvin En 2023, lors des mouvements contre la réforme des retraites et contre les mégabassines à Sainte-Soline, la violence policière reprend contre les manifestants avec de surcroît l’usage destructeur et invalidant des LBD (lanceurs de balle de défense) et des grenades au TNT. À Sainte-Soline, les 25 et 26 mars, 200 manifestants ont été blessés, dont 40 grièvement. « Les autorités quant à elle font état de 28 blessés chez les gendarmes, dont deux graves, et de sept parmi les manifestants, dont trois graves » | |
par Anne-Laure Delatte L’économiste Anne-Laure Delatte vient de publier L’État droit dans le mur, Rebâtir l’action publique (Paris, Fayard, 2023). Nous lui avons demandé d’en présenter les grandes lignes, à la fois dans une perspective historique et dans une perspective politique face aux enjeux de transformation sociale et écologique. | |
par François Morin Quels sont les mots convenus du discours sur la dette publique et de ses différents dangers ? C’est, dit-on, un « fardeau » pour nos finances publiques et surtout un poids considérable pour les « futures générations ». De plus, avec la remontée des taux d’intérêt, la « charge d’intérêt » pour le budget va inévitablement devenir insupportable. Or, drame, le débat sur la dette est en grande partie anesthésié par l’ex « quoi qu’il en coûte » de la période Covid. Heureusement, les « agences de notation veillent » et font dorénavant entendre leurs voix. | |
par Michel Cabannes Dans les années 1980-1990, les réformes structurelles ont permis l’émergence du capitalisme néolibéral, financiarisé et mondialisé, en libérant le capital des contraintes publiques et sociales. La libéralisation a été rapide pour la finance et les normes administratives, progressive pour les échanges internationaux, le marché du travail, les monopoles sectoriels et les services publics. Les mutations ont favorisé la subordination des salariés aux entreprises et des entreprises à la finance. | |
par Gábor Scheiring La montée simultanée du populisme et le déclin de la démocratie libérale en Europe centrale et orientale contrastent de manière frappante avec l’optimisme qui prévalait au cours des décennies précédentes quant à l’avenir de la région. Sans exception, chaque pays d’Europe centrale et orientale a adopté un modèle de croissance dépendant des exportations dans les années 1990 (Ban et Adăscăli ei, 2022 ; Bohle, 2018 ; Schedelik et al., 2021). Ceț modèle a tiré parti de l’appétit des entreprises manufacturières exportatrices occidentales à la recherche d’opportunités de réduction des coûts de production pour renforcer leur compétitivité. | |
par Jean-Marie Harribey Au début du XXe siècle1, le sociologue Max Weber voyait émerger une classe moyenne constituée des travailleurs qualifiés nécessaires au développement du capitalisme. Loin de nier les classes sociales, il les caractérisait en premier par la capacité d’accéder à des biens ou des revenus et par la situation sur le marché du travail opposant propriétaires des moyens de production et non-propriétaires. Sur ce point au moins, un Weber sans doute plus complémentaire que contradicteur de Marx. Mais le concept de classe moyenne a joué depuis la seconde moitié du XXe siècle un rôle bien différent. | |
par Jean-Marie Harribey Le livre posthume de Michel Husson, qui nous a quittés il y a près de deux ans, est étourdissant et stupéfiant. Dans Portrait du pauvre en habit de vaurien, Eugénisme et darwinisme social (Lausanne, Paris, Page 2, Syllepse, 2023), il propose une histoire des idéologies qui entourent, depuis deux siècles et demi de capitalisme, l’existence des pauvres, des surnuméraires, des inutiles au monde. Ce livre est étourdissant par la somme documentaire explorée par l’auteur, toujours référencée avec précision. Il est stupéfiant aussi par l’étendue des informations révélant les dits et écrits des plus grandes notoriétés de la pensée économique et politique, souvent ignorés, et exhumés par Michel Husson pour montrer que l’idéologie se pare de vertus scientifiques qu’elle n’a pas et qu’elle traverse toute l’histoire jusqu’à nos jours. | |
| | | par Thierry Pouch Jacques Berthelot était de ceux qui, parmi les économistes, avaient une perception critique de l’économie en général, et de l’économie agricole en particulier. Diffusant depuis toujours une conviction selon laquelle le marché, le libre-échange, non seulement n’aboutissaient pas à des équilibres, mais étaient surtout préjudiciables au développement des sociétés situées dans l’hémisphère Sud du globe. Fin connaisseur du terrain, évaluant inlassablement les effets négatifs sur les pays en développement des politiques agricoles menées au Nord, et tout particulièrement dans l’Union européenne, il s’était lancé dans un travail de titan pour en administrer la preuve par le truchement d’un arsenal statistique dont on reconnaîtra longtemps l’utilité. | |
par Alain Caillé Le texte suivant a été rédigé pour servir de support à une communication présentée à l’Université d’été d’Utopia (coorganisée à Sète avec les convivialistes les 20-23 octobre 2022) sur le thème des raisons du déclin mondial des idéaux démocratiques et humanistes et des remèdes possibles à y apporter. Intervenaient dans la même session Elisabeth Dau et Patrick Viveret. L’état de santé d’Edgar Morin, également prévu dans cette table ronde, ne lui a pas permis de s’y joindre. La nécessité de présenter en une demi-heure tout un ensemble d’idées complexes à un public plus militant qu’académique explique le caractère extrêmement ramassé et cursif de l’ensemble. Sur chaque point abordé, il y aurait des dizaines, des centaines de références à mentionner. Il a fallu faire au plus court, et au plus simple possible. | |
par Catherine Samary Les priorités géopolitiques des États-Unis et de l’UE imposent à ceux-ci de critiquer les initiatives des dirigeants albanais du Kosovo qui suscitent des émeutes dans les communes à majorité serbe, se heurtant au déploiement des forces de l’OTAN (la KFOR). C’est une aubaine pour le dirigeant autocrate de la Serbie proche de Poutine, Aleksandar Vučić … alors qu’il se confronte à une fronde citoyenne intérieure majeure depuis un mois | |
par Pierre Khalfa Le dernier livre de Michèle Riot-Sarcey, L’émancipation entravée, L’idéal au risque des idéologies du XXe siècle1 est ambitieux. Il vise à dresser un bilan des mouvements d’émancipation sur quasiment deux siècles et à ouvrir une discussion critique sur les penseurs divers qui les ont accompagnés d’une façon ou d’une autre. L’auteure assume d’emblée un point de vue que résume son titre : l’émancipation aurait été entravée par les idéologies, en particulier celles portées par les partis politiques qu’elle considère indistinctement comme des « avant-gardes ». Disons-le tout net, la thèse, par son côté systématique et généralisé, ne convainc pas vraiment. Mais avant d’en venir à quelques exemples historiques, il nous faut traiter préalablement deux questions qui sont au cœur de son ouvrage, celle de l’idéologie d’abord, puis celle de l’utopie. | |
par Patrice Grevet Les catégories populaires rencontrent aujourd’hui de graves difficultés quant à leurs moyens quotidiens d’existence. L’inflation en cours les accentue alors que les dividendes versés aux actionnaires et les rachats d’actions qui font monter les cours de celles-ci atteignent des niveaux records. Des mesures immédiates sont nécessaires pour les salaires, les pensions, les indemnités de chômage, pour assurer une garantie d’autonomie, pour un départ à la retraite répondant aux besoins populaires. Les services publics de la santé, de l’éducation, de la culture, de la petite enfance, du soutien aux personnes âgées ont des besoins urgents de financement supplémentaire et de même pour le logement. | |
| | | | | | Adresse Attac, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris Directeur de la publication Jean-Marie Harribey Secrétariat de la rédaction Isabelle Bourboulon, Edgard Deffaud, Jean-Marie Harribey, Esther Jeffers, Éric Le Gall, Christiane Marty, Pascal Paquin, Dominique Plihon Responsables techniques Edgard Deffaud, Serge Gardien, Éric Le Gall, Pascal Paquin, Rémi Sergé Comité éditorial Sylvie Agard, Christophe Aguiton, Verveine Angeli, Paul Ariès, Geneviève Azam, Daniel Bachet, Adda Bekkouche, Catherine Bloch-London, Martine Boudet, Saïd Bouamama, Isabelle Bourboulon, Thierry Brugvin, Thierry Brun, Alain Caillé, Claude Calame, Christian Celdran, Francoise Clement, Pierre Concialdi, Jacques Cossart, Annick Coupé, Thomas Coutrot, Christian Delarue, Vincent Drezet, Cédric Durand, Guillaume Duval, Mireille Fanon-Mendès-France, Daniel Faugeron, David Flacher, Fabrice Flipo, Pascal Franchet, Bernard Friot, Jean Gadrey, Susan George, Jérôme Gleizes, Gérard Gourguechon, André Grimaldi, Janette Habel, Nicolas Haeringer, Jean-Marie Harribey, Esther Jeffers, Pierre Khalfa, Serge Le Quéau, Frédéric Lemaire, Christiane Marty, Gus Massiah, Antoine Math,Dominique Méda, Georges Menahem, Kako Nubukpo, Pascal Paquin, René Passet, Évelyne Perrin, Dominique Plihon, Thierry Pouch, Daniel Rallet, Jean-Claude Salomon, Catherine Samary, Serigne Sarr, Denis Sieffert, Vicky Skoumbi, Jean-Louis Sounes, Daniel Tanuro, Bruno Tinel, Michel Thomas, Éric Toussaint, Aminata Traoré, Stéphanie Treillet, Aurélie Trouvé, Patrick Viveret Le Comité éditorial rend hommage à ses membres disparus : Jacques Berthelot, François Chesnais, Michel Husson, Isaac Johsua, Jean Tosti. Contact avec la revue et soumission d’articles Les propositions d’articles nouveaux ainsi que les contributions répondant à des textes publiés dans les numéros précédents de la revue doivent être adressées au secrétariat de la revue : revue-cs- secretariat@list.attac.org La revue a noué un partenariat avec Mediapart à travers une « édition » créée sur son site. À chaque parution trimestrielle de la revue, un des articles est mis en ligne sur Mediapart. |
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