Lu dans le DL du 8..11.2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Le jeune Macron,
fils de Pétain ?
Même un siècle plus tard, un certain passé ne passe toujours pas.
Dans le
cadre du centenaire de l’Armistice, il convient de célébrer « tous les chefs
militaires de l’époque ».
Dont Philippe Pétain, haute figure de la Grande Guerre.
C’est ce que veut faire Emmanuel Macron, sans occulter la part sombre du
personnage, à travers une cérémonie officielle. Il reçoit aussitôt une volée de bois
vert.
Une pluie d’invectives, à gauche, à droite, ça tombe comme à Gravelotte.
Benoît Hamon, par exemple, estime qu’on ne peut pas honorer « en même
temps » Simone Veil aux Panthéon et « un traître antisémite » aux Invalides.
Ainsi
se trouve posé, de manière caricaturale, l’inévitable « piège mémoriel ».
Pour une partie de l’opposition, le Président s’appliquerait à « réhabiliter le
pétainisme ».
Saluer le « vainqueur de Verdun », en somme, revient à applaudir
le dictateur de Vichy et la rafle du Vel d’Hiv’.
Frappé d’indignité nationale en 1945,
pour cause de collaboration avec les nazis, celui-ci devrait donc s’effacer de la
mémoire collective.
Son rôle décisif pendant la « Der des Ders », qui le fit passer
pour « un recours » en 1940, n’existe plus.
Point barre, descendez les couleurs !
De Gaulle, qui connaissait un peu le sujet, refusa le premier l’amnésie
générale.
À ses yeux, le maréchal a bien contribué à « sauver la patrie »
entre 1914 et 1918.
Rien ne saurait le priver de ce glorieux mérite.
Même si,
« par malheur, à l’extrême hiver de son existence, au milieu d’évènements
excessifs, l’usure de l’âge le mena à des défaillances condamnables ».
Et le
héros devint salaud.
La vie des hommes, et d’un pays, suit rarement une
trajectoire rectiligne.
Est-ce une raison pour ne pas s’en souvenir ?
Le courage
consiste plutôt à regarder notre Histoire en face.
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