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samedi 8 décembre 2018

Le jeune Macron, fils de Pétain ? le 8.11.2018

Lu dans le DL du 8..11.2018


LE BILLET PAR GILLES DEBERNARDI 

Le jeune Macron, fils de Pétain ?

Même un siècle plus tard, un certain passé ne passe toujours pas. 
Dans le cadre du centenaire de l’Armistice, il convient de célébrer « tous les chefs militaires de l’époque ». 
Dont Philippe Pétain, haute figure de la Grande Guerre.
 C’est ce que veut faire Emmanuel Macron, sans occulter la part sombre du personnage, à travers une cérémonie officielle. Il reçoit aussitôt une volée de bois vert. 
Une pluie d’invectives, à gauche, à droite, ça tombe comme à Gravelotte. 
Benoît Hamon, par exemple, estime qu’on ne peut pas honorer « en même temps » Simone Veil aux Panthéon et « un traître antisémite » aux Invalides.
 Ainsi se trouve posé, de manière caricaturale, l’inévitable « piège mémoriel ». 
Pour une partie de l’opposition, le Président s’appliquerait à « réhabiliter le pétainisme ».
 Saluer le « vainqueur de Verdun », en somme, revient à applaudir le dictateur de Vichy et la rafle du Vel d’Hiv’.
 Frappé d’indignité nationale en 1945, pour cause de collaboration avec les nazis, celui-ci devrait donc s’effacer de la mémoire collective.
 Son rôle décisif pendant la « Der des Ders », qui le fit passer pour « un recours » en 1940, n’existe plus.
 Point barre, descendez les couleurs ! 
De Gaulle, qui connaissait un peu le sujet, refusa le premier l’amnésie générale. 
À ses yeux, le maréchal a bien contribué à « sauver la patrie » entre 1914 et 1918.
 Rien ne saurait le priver de ce glorieux mérite. 
Même si, « par malheur, à l’extrême hiver de son existence, au milieu d’évènements excessifs, l’usure de l’âge le mena à des défaillances condamnables ». 
Et le héros devint salaud.
 La vie des hommes, et d’un pays, suit rarement une trajectoire rectiligne.
 Est-ce une raison pour ne pas s’en souvenir ?
 Le courage consiste plutôt à regarder notre Histoire en face.

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