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dimanche 30 décembre 2018

La Tribune des Travailleurs - Le fil des informations - jeudi 22 novembre 2018


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22 novembre 2018 – Les syndicats de magistrats et d’éducateurs dénoncent le « coup de force » de la ministre de la justice Belloubet qui veut réformer la justice des mineurs par voie d’ordonnance. A deux jours de la fin des débats parlementaires, la ministre veut inscrire « dans le cadre de la loi pour la réforme de la justice, une habilitation à réformer l’ordonnance de 1945 par la création d’un code de justice pénale des mineurs ». Elle décide de « légiférer sur ce sujet sensible sans que personne n’ait été entendu», dénonce Anaïs Vrain, juge pour enfants et secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature.


22 novembre 2018 – A Bellac, en Haute Vienne, enseignants, parents et élèves du lycée Jean Giraudoux se sont rassemblés pour enterrer symboliquement leur établissement. A l’issue de la réforme du bac où les options seront à la carte, leur lycée ne pourrait proposer que 6 spécialités sur 11 à ses élèves. Parmi les options qui passeraient à la trappe, les sciences de l’ingénieur, l’enseignement numérique et les langues appliquées. « C’est une injustice territoriale. Les enfants des campagnes n’ont pas les mêmes chances que les autres. On ne veut pas que le nord de la Haute-Vienne devienne un désert scolaire ! », disent-ils.



22 novembre 2018 – L’ONG Sherpa a déposé une nouvelle plainte contre l’entreprise française de BTP Vinci dans le cadre des travaux lancés en vue de l’organisation de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar. La plainte, déposée avec le Comité contre l’esclavage moderne et six anciens employés, vise l’entreprise « pour travail forcé, réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel » et s’appuie sur les témoignages d’anciens employés indiens et népalais.


22 novembre 2018 – Depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes », le 17 novembre, de nombreux journalistes présents sur le terrain ont été victimes d’agressions physiques ou verbales de la part de certains manifestants. Quelques jours seulement après sa création, un groupe Facebook intitulé #Payetoiunjournaliste regroupe plus de 2 000 membres et des dizaines de témoignages faisant état de ces agressions ont été publiés sur cette page facebook..


22 novembre 2018 – Grève dans six des sept raffineries de pétrole ainsi que deux dépôts pétroliers à l’appel de la CGT et de FO. lls revendiquent dans un communiqué le « maintien de primes » et une hausse de 2 % et 2,5 % de hausse de la grille des salaires, alors que l’Union Française des Industries Pétrolières (UFIP) ne propose qu’un relèvement des salaires minimum conventionnels de 1,5 %, inférieur à l’inflation.

22 Novembre 2018 – Nouvelle journée justice morte dans les tribunaux, les avocats poursuivant leur mobilisation à la veille du vote de la loi conduisant à une justice « déshumanisée » servant une « logique purement comptable ».


22 novembre 2018 – Grève nationale des 650 000 fonctionnaires en Tunisie. A l’appel de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), ils revendiquent une hausse générale des salaires.

21 novembre 2018 – L’entreprise suédoise d’ameublement Ikea annonce la suppression de 7500 emplois dans le monde d’ici 2020 pour mettre l’accent sur le commerce en ligne.

21 novembre 2018 – Depuis un mois grève tournante des cinquante mille facteurs canadiens contre la dégradation des conditions de travail suite à une augmentation du nombre des colis qui s’est particulièrement accentuée depuis un mois avec la légalisation du cannabis.

20 novembre 2018 – Une grève reconductible massivement suivie a débuté à la bibliothèque de Jussieu et Paris Sorbonne à l’appel de la CGT et la FSU contre une augmentation hebdomadaire du temps de travail de 2h, sans contrepartie.


Rouge est le drapeau des travailleurs


Publié le 
Par Daniel Gluckstein 

« Quelle que soit l’ampleur de la mobilisation », le 17 novembre « risque d’être marqué par une grande équivoque », écrivions-nous dans ces colonnes, à la veille de la journée de blocage des « gilets jaunes ». Les faits rapportés dans ce numéro de La Tribune des travailleurs confirment amplement ce pronostic.
  Certes, les slogans du type « Macron démission ! » reflètent un rejet sans précédent, dans toutes les couches de la population, du président-Bonaparte tombé de son perchoir, rejet qui avait déjà perturbé chaque étape de son « itinérance mémorielle » dans l’est et le nord de la France, au début du mois. Certes, parmi les manifestants, toutes les couches sociales étaient représentées, y compris des travailleurs, des chômeurs, des jeunes saisissant l’occasion d’exprimer leur rage contre le gouvernement.
Tout cela est vrai. Mais peut-on s’en tenir là comme le font partis et organisations de « gauche » et « d’extrême gauche » qui saluent le « succès du 17 novembre », les unes avec un enthousiasme délirant pour un mouvement dont elles disputent le leadership au Front national, les autres avec un engouement plus modéré mais réel ?
Pour notre part, nous avons – nos lecteurs le savent – un parti pris : aborder toutes les questions non sous l’angle du « peuple » (dont on nous a abreuvés tout le week-end), mais du point de vue des classes sociales et de la lutte qui les oppose.
Analysons la signification du 17 novembre sous cet angle. Que peut-on dire de la flambée des prix des produits pétroliers, à l’origine de l’opération « gilets jaunes » ?
Pour l’ouvrier ou l’employé dont le salaire est bloqué depuis des années ; pour le retraité dont le gouvernement s’acharne à amputer la maigre pension ; pour le chômeur dont la faible allocation est dans la ligne de mire de la réforme du gouvernement ; pour la mère de famille qui n’arrive pas à joindre les deux bouts, dire « non à l’augmentation des taxes sur les pétroliers », c’est une manière d’exiger plus de pouvoir d’achat des salaires, des pensions, des allocations.
Mais pour le patron de cette entreprise du bâtiment qui envoie 50 camions à un rendez-vous de blocage le 17 à l’aube (1), pour ces entreprises qui contribuent généreusement à la logistique de l’opération, pour les médias, propriétés de grands groupes capitalistes, qui n’ont cessé d’appeler aux blocages, et même de les coorganiser de fait, dire « non aux taxes » sur le pétrole est un premier pas qui, très vite, s’élargit : non aux taxes en général, non aux impôts, « l’État nous prend tout » pour payer des fonctionnaires fainéants, des chômeurs profiteurs, des services publics inutiles, des retraites scandaleusement élevées, et même pour aider les immigrés qu’« on ferait mieux de renvoyer chez eux ». Et puis, ajoutent les patrons et leurs acolytes tout de jaunes vêtus, « y a pas que les taxes : il faut payer pour la Sécu, pour les retraites, toutes ces charges sociales qui étouffent nos entreprises et nous empêchent de faire du profit. » Le petit patron qui tient ce langage a-t-il seulement conscience qu’il ne fait que reprendre… le programme de Macron, contre qui, pourtant, il manifeste ?
C’est ce discours qui a dominé les blocages ce week-end, généralement porté par des « gilets jaunes » expérimentés et organisés, souvent militants politiques de droite extrême et d’extrême droite venus avec leurs cargaisons de drapeaux tricolores et d’insultes racistes, leurs méthodes de terreur et leur haine de l’ouvrier.
Mais l’ouvrier, le chômeur, le retraité, la mère de famille, eux, ont besoin qu’on ouvre des écoles, des hôpitaux, des bureaux de poste et non qu’on les ferme ! Ils ont besoin de leur Sécu, de leurs retraites !
C’est là qu’est toute la duperie du 17 novembre. Sous le gilet jaune, l’ouvrier reste un ouvrier, et le patron un patron. Sans parler de ceux dont la chemise brune dépasse sous le gilet jaune (2) !
Qui est responsable de cette extraordinaire confusion ? Le travailleur, le chômeur, le jeune, ainsi entraîné à agir, de fait, contre ses intérêts, aux côtés de ses ennemis de classe ? Non : sont responsables ceux qui ont rendu possible cette situation.
C’est un fait : les « dirigeants de gauche » qui ont appelé à voter Macron en 2017 se refusent depuis à l’action unie pour bloquer sa politique et le chasser, respectueux qu’ils sont de la Ve République, de ses institutions, de son calendrier électoral… et ils ajoutent aujourd’hui à la confusion en soutenant les « gilets jaunes ». C’est un fait, aussi : les dirigeants des centrales syndicales, s’ils ont résisté à raison aux pressions visant à les entraîner avec les gilets jaunes, persistent néanmoins à se « concerter » avec le gouvernement sur la contre-réforme des retraites (et les autres) au lieu d’organiser l’action de classe unie pour bloquer ces attaques destructrices.
Les militants du POID sont partisans de chasser Macron. Ils l’ont montré tout au long de la campagne pour l’unité « Macron, un an, ça suffit ! » qui a débouché, le 13 mai dernier, sur la manifestation de milliers et de milliers, sur ce mot d’ordre, à Paris, aux côtés de travailleurs et de militants de toutes tendances du mouvement ouvrier et démocratique.
Mais nous ne sommes pas des aventuriers. Chasser Macron, oui, mais pas pour le remplacer par n’importe qui. Chasser Macron, c’est aux travailleurs et aux jeunes, agissant sur le terrain de classe, qu’il revient de le faire, afin d’imposer la liquidation de la Ve République, l’élection d’une Assemblée constituante souveraine rompant les liens avec l’Union européenne, et l’avènement d’un gouvernement ouvrier à même de remédier aux souffrances qui écrasent le peuple travailleur.
D’un point de vue ouvrier, la question du pouvoir d’achat appelle des mesures connues. Faut-il les rappeler ? Citons par exemple : l’abrogation de la TVA (le plus injuste des impôts), de la CSG, et des exonérations de cotisations sociales accordées aux patrons ; l’augmentation générale des salaires, pensions et allocations pour rattraper le pouvoir d’achat perdu depuis leur désindexation des prix (1983) ; le blocage des prix des produits de consommation courante, des loyers et des charges et de la fourniture d’énergie ; le financement de toutes ces mesures par une augmentation de l’imposition des profits des grandes entreprises, à commencer par la confiscation pure et simple des 100 milliards de profits des entreprises du CAC 40 en 2018 ; etc.
Que les « partis de gauche » fourvoyés dans le 17 novembre rompent leur promiscuité avec les patrons, la droite et l’extrême droite ; que les dirigeants des organisations syndicales cessent de conforter le gouvernement en cautionnant la « concertation » et en appellent à la mobilisation contre les contre-réformes ; alors, sans doute, les conditions commenceront à se réunir, non plus pour l’équivoque « unité du peuple » du 17 novembre, mais pour l’unité ouvrière dans, par et pour la lutte de classe balayant le gouvernement et sa politique.
L’objectif de la classe ouvrière ne peut être de crier « Macron, démission ! » en compagnie de ceux qui, en réalité, réclament de Macron qu’il aille au bout de sa politique. L’objectif ne peut être que de chasser cette politique.
Les travailleurs n’ont rien à gagner à enfiler le gilet jaune, couleur des briseurs de grève.

Ils n’ont rien à gagner à brandir le drapeau tricolore, celui de la Ve République, et avant elle celui des versaillais qui fusillèrent 100 000 communards pour la défense de l’ordre bourgeois. Rouge est le drapeau qui flottait sur les barricades de 1848 et 1871 et dans les grèves générales de 1936 et 1968. Rouge est, dans le monde entier, la couleur de la classe ouvrière organisée pour le combat.
Rouge est le drapeau des travailleurs.

___

(1) Vu sur BFM TV, le 16 novembre.

(2) Uniforme des SA, sections d’assaut du parti hitlérien en Allemagne dans les années 1920 et 1930.


La Tribune des travailleurs, 21 novembre 2018 

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