Lu dans le DL du 22.11.2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Gilets jaunes,
l’insécurité routière
Tout ça, c’est la faute au gouvernement.
Pas l’actuel, notez, mais celui
de Sarkozy qui obligea chaque automobiliste à se doter d’un gilet jaune
à partir d’octobre 2008.
À l’époque, au nom de la sécurité routière, Karl
Lagerfeld se trouvait même réquisitionné pour vanter l’habit : « C’est
moche, ça va avec rien, mais ça peut sauver une vie. »
Dix ans plus tard,
la tunique présumée protectrice devient l’uniforme des révoltés de la
Macronie.
Résultat : deux morts et cinq cents blessés.
Sur le plan des
accidents, le bilan s’apparente à un désastre.
Et pour le reste ?
Là, on ne
sait pas trop, tant la pagaille brouille le paysage.
L’élan spontané de
citoyens ordinaires, exaspérés par le prix des carburants, a perdu sa
pureté originelle.
Phénomène inévitable.
Au fil des tentatives de récupération
politique, le jaune se teinte de rouge, de noir, de vert-de-gris…
Les troupes s’épuisent et s’effilochent, des casseurs s’invitent sur les
barrages.
On entend monter des demandes extravagantes, la démission
immédiate du Président ou la dissolution de l’Assemblée nationale. Sans
leader officiel, ouvert à tous les vents mauvais, l’atypique mouvement
risque de se radicaliser dans une violence anarchique. Déjà, au regard
de l’opinion, sa popularité décline.
Au lieu de laisser “pourrir” la
situation, pourtant, la classe dirigeante serait bien inspirée de répondre
à la détresse populaire. Tous les manifestants ne sont pas des “beaufs
anti-écolos”, ni des “ploucs” irresponsables. On voit surtout des
Français qui souffrent, pouvoir d’achat en berne, et que les inégalités
scandalisent.
À les traiter par le mépris, l’exécutif s’expose à faire
monter un peu plus les partis extrémistes aux prochaines élections.
Il
perdra alors dans les urnes ce qu’il gagne aujourd’hui à la pompe.
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