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lundi 2 juillet 2018

Immigration : le nouveau consensus européen......Flux migratoires : la constante prudence de la France


1er juillet 2018

Immigration : le nouveau consensus européen

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Si les modalités sont floues, la philosophie, elle, est claire. L'accord auquel sont parvenus les Vingt-Huit, vendredi 29  juin à Bruxelles, consacre un tournant dans l'approche européenne de la gestion des flux migratoires : trois ans après la grande crise des réfugiés, qui avait suscité un élan de générosité en Europe du Nord et que les pays de première arrivée, riverains de la Méditerranée, avaient affrontée courageusement, l'Union européenne s'organise pour fermer ses portes et dissuader les candidats à l'émigration clandestine.
Si chacun des dirigeants est rentré chez lui, à l'issue de ce sommet de deux jours, en se déclarant satisfait malgré les failles évidentes d'un dispositif encore balbutiant, c'est parce qu'un consensus a été établi sur ce principe de base : l'Europe ne peut plus se permettre d'être grande ouverte, pas plus que ne se le permettent les Etats-Unis, le Canada, l'Australie ou la Russie. Elle doit continuer à accueillir des réfugiés, comme l'exige le droit international, mais ne veut plus accepter une immigration clandestine incontrôlée.
Tous les Etats membres n'ont pas la même motivation dans cette approche ; leurs divergences peuvent même être fondamentales. Les pays d'Europe centrale, emmenés par la Hongrie et la Pologne, refusent l'idée même d'une immigration susceptible de modifier la composition ethnique, culturelle ou religieuse de leur société. D'autres gouvernements, comme ceux de l'Italie et de l'Autriche, ont été récemment portés au pouvoir sur la promesse de ne plus laisser entrer un seul migrant. D'autres, enfin, comme ceux de l'Allemagne, de la France et de plusieurs pays du Nord, restent partisans de sociétés ouvertes, mais tentent désespérément d'endiguer la montée des partis populistes et de la droite radicale anti-immigration, à moins d'un an des élections européennes.
La tension sur la gestion des flux migratoires menaçait l'unité de l'Europe. Elle menaçait aussi la chancelière Angela Merkel, ouvertement mise en demeure par ses partenaires de la CSU de durcir sa politique sur l'immigration. Un compromis a donc été trouvé pour repousser ces deux dangers : il repose sur le renforcement des frontières extérieures de l'Union et sur l'ouverture d'hypothétiques centres de regroupement des migrants, à l'intérieur de l'UE pour ceux qui sont déjà arrivés, à l'extérieur pour les candidats au départ, où le tri serait fait entre demandeurs d'asile et migrants économiques. Le soldat Merkel est sauvé – au moins pour l'immédiat, et avec le concours précieux de l'Espagne et de la Grèce, ce qui ne manque pas d'ironie –, l'unité de l'UE est préservée, et les pays d'Europe centrale peuvent crier victoire, débarrassés de l'idée des quotas de répartition des réfugiés.
Est-ce à dire que la question est résolue ? Evidemment non. Donald Tusk, le président du Conseil européen, a reconnu que la mise en œuvre de l'accord serait " difficile " et qu'il était " bien trop tôt pour parler d'un succès ". Pour Emmanuel Macron, qui a été à la manœuvre pour dégager un compromis, le texte " ne règle en rien, à lui seul, la crise que nous vivons, qui est largement politique ".
Car cette crise n'en est qu'à ses débuts : la fermeture des portes peut rassurer les électorats européens, elle n'empêchera pas les candidats au départ de prendre la route. L'urgence immédiate passée, c'est un phénomène de fond que les Etats membres doivent à présent intégrer, quelles que soient leurs motivations, dignes et moins dignes.
© Le Monde


1er juillet 2018.

Flux migratoires : la constante prudence de la France

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La crise de l'Aquarius a dessiné ces dernières semaines des lignes de fracture entre les Etats membres de l'Union européenne (UE). A côté des postures de refus de l'Italie et du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie), ou des ultimatums du ministre de l'intérieur allemand à la chancelière Angela Merkel sur la gestion des frontières, la France a pu apparaître comme portant une voix protectrice des valeurs de l'Union. Emmanuel Macron a ainsi fustigé la " lèpre " nationaliste, dénoncé l'" irresponsabilité " du gouvernement italien ou encore rejeté la proposition d'externaliser l'examen de la demande d'asile dans des plateformes de débarquement hors UE.
" Mais ce n'est pas parce que l'environnement s'affaisse que la position de la France prend de la hauteur, met en garde Jean-François -Dubost, responsable du programme protection des populations d'Amnesty International. Elle est plutôt d'une certaine constance ces dernières années. " M.  Macron ne se départit pas de la ligne qui prévaut depuis 2014. " Face à des pays de droite et d'extrême droite, la France peut plaider le respect des règles de l'UE, mais c'est la politique du même : on est toujours sur l'idée d'un contrôle fort des frontières ", observe Emmanuel Blanchard, président du réseau d'associations Migreurop.
Au sortir des discussions à Bruxelles, dans la nuit du 28 au 29  juin, le chef de l'Etat a salué sur Twitter un " accord trouvé " sur la base de " propositions françaises adoptées ". L'objectif qui, aujourd'hui, fait consensus en Europe, et auquel la France adhère, est bien celui de tarir les flux migratoires en amont de l'espace européen. Ainsi, la ligne française se retrouve dans les conclusions du sommet, qui prévoient en particulier de renforcer les contrôles aux frontières extérieures et d'aider financièrement les pays de transit tels que la Libye et ses gardes-côtes, la Turquie et les Etats du Sahel pour empêcher les départs de migrants en mer Méditerranée.
De la même manière, la Commission européenne a repris la proposition franco-espagnole de " hotspots " réactualisés, à travers des centres dans lesquels les migrants secourus verraient leur situation examinée. Le distinguo serait ainsi fait entre ceux, majoritaires, qui ont vocation à être renvoyés dans leur pays d'origine, et ceux relevant du droit d'asile, que les Etats membres se répartiraient sur la base du volontariat. La Commission a simplement rejeté le principe de centres " fermés "défendu par Paris et Madrid pour préférer le concept, flou, de lieux " contrôlés ".
En plaidant pour un mécanisme de répartition des réfugiés en Europe, Paris met en musique l'idée d'une solidarité autour de l'asile. C'est ce qui explique aussi que l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) se soit rendu à Valence (Espagne) pour examiner les demandes d'une partie des migrants de l'Aquarius ou à Malte, où le bateau Lifeline a débarqué avec plus de 200  personnes à bord. " Même si les chiffres ne sont pas significatifs, la France a toujours été bonne élève sur les missions de réinstallations et de relocalisations, convient Emmanuel Blanchard. Cela correspond à sa tradition d'asile. "
" pas un pays de première arrivée "Mais derrière cette solidarité, le gouvernement actuel, comme le précédent, a en réalité adopté une posture ferme sur le traitement des migrants. M.  Macron, comme son prédécesseur, rejette l'idée d'un système de relocalisation permanente des migrants et veut cantonner cette possibilité à des situations exceptionnelles d'arrivées massives. Le président français a aussi rappelé vendredi – alors que le ministre italien de l'intérieur, Matteo Salvini (Ligue du Nord), a déclaré que les ports italiens seraient fermés " tout l'été " aux ONG – que " la France n'est pas un pays de première arrivée "et qu'elle n'ouvrirait pas de centres de débarquement des migrants. " Quand on laisse passer l'Aquarius à 7  kilomètres des côtes françaises, il y a même un durcissement de ligne ", analyse Jean-François Corty, directeur des opérations internationales de Médecins du monde. Les propos du chef de l'Etat, accusant le bateau Lifeline de faire le" jeu des passeurs ", ont été perçus en ce sens.
Tandis que Rome demande l'abandon pur et simple du principe de la responsabilité du pays d'arrivée dans le traitement de la demande d'asile, Paris défend une ligne ferme sur l'application du règlement de Dublin. Le gouvernement pousse en faveur d'un allongement de la durée de responsabilité de l'Etat en charge de la demande d'asile d'une personne (de six mois à trois ou cinq ans) et de l'interdiction du versement de prestations sociales ailleurs que dans l'Etat membre responsable. " Le ministère de l'intérieur a peur de voir arriver les déboutés de l'asile en provenance de l'Allemagne et veut donc éviter les mouvements secondaires ", traduit M. Dubost. C'est aussi ce que laissent voir les quelque 50 000  procédures de non-admission réalisées tout au long de la frontière franco-italienne en  2017, principalement dans les Alpes-Maritimes.
" A l'échelle de l'Europe, la France essaye sûrement de trouver un compromis, mais celui-ci ne cesse de reculer, s'inquiète Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile. On est sur des bases de plus en plus conservatrices et c'est la notion d'hospitalité qui recule. Les promesses que laissaient entrevoir les discours d'Emmanuel Macron avant d'être élu ne sont pas au rendez-vous. " En janvier  2017, M.  Macron avait salué l'accueil par l'Allemagne de centaines de milliers de réfugiés, considérant que Mme  Merkel avait " sauvé " la " dignité " de l'Europe. Il prenait alors le contre-pied d'un certain nombre d'E

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