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dimanche 29 juillet 2018

Comment l'affaire Benalla a (un peu) réconcilié Jean-Luc Mélenchon avec le Parti socialiste



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POLITIQUE
27/07/2018 16:16 CEST | Actualisé 27/07/2018 16:51 CEST

Comment l'affaire Benalla a (un peu) réconcilié Jean-Luc Mélenchon avec le Parti socialiste

Pas sûr que l'alliance de circonstance aille plus loin que la motion de censure.



POLITIQUE - C'est le signe que l'heure est grave. Même les ordonnances Travail ou la réforme de la SNCF n'avaient pas permis cette convergence. Il a fallu cetteaffaire Benalla pour entendre la gauche à l'unisson, demander la chute du gouvernement et se donner les moyens d'y parvenir. C'est l'objet de la motion de censure dont le principe a été acté ce vendredi 27 juillet à l'Assemblée nationale; elle n'a toutefois aucune chance d'être votée (pas plus que celle des Républicains), les députés LREM étant largement majoritaires.
D'abord unis avec la droite dans leur critique de l'attitude de l'exécutif, en bloquant les travaux de la réforme constitutionnelle, les groupes du Parti socialiste, du Parti communiste et de la France insoumise travaillent à l'écriture du texte qui devrait être débattu mardi en même temps que la motion de censure des Républicains.
"Nous considérons que le clivage gauche-droite a un sens dans notre pays", estime la présidente du groupe PS Valérie Rabault pour justifier sa démarche, parallèle à celle lancée par la droite. Son entourage précise que les socialistes ont d'abord voulu voir comment travaillerait la commission d'enquête. "La majorité ayant sabordé les travaux, on n'avait pas d'autre moyens pour alerter les Français", justifie un proche au HuffPost. Jeudi soir, un bureau national du PS a donc rapproché sa position de celle de la France insoumise; cela avait déjà été le cas dans le courant de la semaine quand le PS avait rallié l'idée de convoquer Emmanuel Macron devant la commission d'enquête.
Mélenchon précuseur
Concernant la motion de censure, cela fait une semaine que la France insoumise avait lancé l'idée. Jean-Luc Mélenchon fut le premier à réclamer une motion de censure, considérant que le gouvernement devait s'expliquer. C'était avant la mise sur pied de la commission d'enquête. Seulement les insoumis ne sont qu'une quinzaine, alors qu'il faut 58 députés pour la déposer. Unir la gauche était donc indispensable; il aura fallu de longues heures de tractations pour y parvenir.
"Ce n'est pas inédit, souffle-t-on dans le groupe socialiste. On a même l'habitude de le faire pour saisir le Conseil constitutionnel après le vote de certaines lois." Mais une motion de censure c'est autre chose. Notamment parce que le texte de la motion est plus politique et qu'il faut choisir un représentant pour la porter.
Lors du débat, seul un groupe aura un long temps de parole, les autres n'ayant qu'une poignée de minutes pour répondre. Alors qui la portera? Numériquement majoritaire, les socialistes ont d'abord estimé que c'est à eux que revenait le droit de la porter. Mais face au risque de voir l'initiative capoter, Valérie Rabault a lancé l'idée que ce soit le communiste André Chassaigne qui la signe en premier; histoire de ne pas avoir à trancher la rivalité avec Jean-Luc Mélenchon. "Je ne suis pas butée", lance-t-elle. Le leader insoumis a répété pour sa part lors d'une conférence de presse ce vendredi qu'il est favorable à un tirage au sort; à l'issue d'une réunion au sommet, décision a été prise de laisser le leader du groupe communiste être le premier signataire. Il apparaît comme le plus grand dénominateur commun.
Une alliance qui dépasse l'affaire Benalla?
Devant les journalistes (voir la vidéo en tête d'article), l'ancien candidat à la présidentielle a tenté de tirer les conséquences politiques de cette motion de censure de gauche. Il la voit comme "un événement politique à sa manière". "Une question politique est tranchée. La dernière fois que nous avons voté sur la confiance au gouvernement, cinq membres du groupe socialiste ont voté la confiance, trois contre et tous les autres se sont abstenus. Nous voyons que c'en est fini du ni Macron, ni Mélenchon", a lancé le député des Bouches-du-Rhône qui aime à souligner "l'absolu et total isolement politique de La République en marche".
Est-ce réellement le début d'une nouvelle ère? "Ce qui est sûr, c'est que la motion de censure va au-delà de l'affaire Benalla, répond-on au groupe socialiste. Elle illustre le piétinement du Parlement par l'exécutif qui était déjà visible dans la réforme constitutionnelle. Nous dénoncerons plus largement la reconcentration du pouvoir dans les mains du président."
Mais Olivier Faure, patron du PS, ne veut pas aller trop vite. "Nous avançons sur des bases différentes. Peut-être que ça préfigure d'autres rassemblements ultérieurs. Nous n'en sommes pas là", résume-t-il. Relancé, le député de Seine-et-Marne, confirme que le chemin est encore très long avant d'entrevoir un possible rassemblement des forces de gauche. "Évidemment, nous sommes prêts à avancer mais pas à n'importe quelle condition et pas au prix d'un reniement pour ce qui nous concerne", déclare-t-il. Autrement dit, ceux qui rêvent de la reconstitution de la gauche plurielle ne doivent pas crier victoire.

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