Le 12 juin, Donald Trump aura une idée plus claire de ses chances d'obtenir une percée diplomatique avec la Corée du Nord. Ce jour-là, pour la première fois depuis la création de ce pays, il y a soixante-dix ans, son dirigeant retrouvera un président des Etats-Unis pour un sommet historique couronnant une série d'ouvertures de Kim Jong-un.
Au terme d'un suspens qu'il a pris soin d'alimenter, Donald Trump a dévoilé sur son compte Twitter, jeudi 10 mai, non seulement la date mais aussi le lieu retenu pour ce sommet, Singapour. La cité-Etat, située au sud de la Malaisie, présente l'avantage d'entretenir des relations diplomatiques avec les deux parties et son régime autoritaire offre toutes les garanties de sécurité.
" Nous allons tous deux essayer d'en faire un moment très important pour la paix dans le monde ", a ajouté le locataire de la Maison Blanche.
Le président américain a fait cette annonce quelques heures seulement après avoir accueilli sur la base militaire d'Andrews, dans le Maryland, dans la nuit de mercredi à jeudi, trois Américains retenus jusqu'à présent par le régime nord-coréen.
Kim Hak-song et Kim Sang-duk, qui travaillaient à l'Université des sciences et de la technologie de Pyongyang, le seul éta-blis-sement privé de la capitale nord-coréenne, avaient été arrêtés en 2017 et accusés d'
" actes hostiles " contre le régime. Le troisième ressortissant américain, Kim Dong-chul, un homme d'affaires également pasteur, arrêté en 2015, avait été pour sa part -condamné en avril 2016 à dix ans de travaux forcés après son arrestation pour
" espionnage ".
Changement de ton radicalLes trois hommes ont été libérés à la fin d'entretiens entre Kim Jong-un et le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, qui l'avait déjà rencontré, en avril, dans ses fonctions de directeur de la CIA. Ce geste calculé a valu au dirigeant nord-coréen de nouveaux compliments du président des Etats-Unis, qui a estimé que ce dernier s'était montré
" excellent " avec les détenus américains. Le 24 avril, M. Trump avait déjà loué son comportement, jugé
" très honorable ".
C'est un changement de ton radical après des mois de propos désobligeants qui accompagnaient une succession de tests nucléaires et balistiques, accélérés avec l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-un. Ces tests avaient entraîné, à l'initiative des Etats-Unis, l'imposition de sanctions économiques internationales sans précédent contre la Corée du Nord.
Washington considère que cette politique de la
" pression maximum " a obligé le dirigeant nord-coréen à se tourner vers la diplomatie. Ce dernier a sans doute été également aidé par l'élection en Corée du Sud, il y a un an, d'un président favorable à une ouverture vis-à-vis du voisin du Nord, Moon Jae-in, avec qui il s'est entretenu pour la première fois le 27 avril.
Les libérations ajoutées au gel des essais et à l'engagement nord-coréen d'aborder la question de la dénucléarisation de la péninsule ont alimenté l'optimisme de -Donald Trump. A l'occasion d'un meeting électoral dans l'Indiana, jeudi soir, le président a répété la formule utilisée en accueillant les trois Américains :
" Je pense que ça va être un très grand succès ", a-t-il assuré à ses sympathisants à propos du sommet à venir.
" Nouvelles bases "Jusqu'à présent, l'évolution du dossier nord-coréen ne peut que conforter Donald Trump dans ses intuitions en politique étrangère, qui tranchent avec la prudence observée par les administrations précédentes lors des tentatives avortées de négociations avec Pyongyang.
" Nous partons sur de nouvelles bases ", a-t-il déclaré en recevant les trois Américains.
" Je pense qu'il a fait cela parce que je pense vraiment qu'il veut faire quelque chose et amener sonpays dans le monde réel ", a-t-il ajouté dans une allusion à son futur interlocuteur.
Les petits pas effectués par Kim Jong-un et la rétribution symbolique que constitue, quoi qu'en dise Donald Trump, l'acceptation d'un sommet avec le responsable d'un pays qualifié d'
" Etat voyou " dans la vision stratégique présentée en décembre 2017 par la Maison Blanche ne constituent cependant que les étapes les plus faciles de la négociation à venir.
Alors que des élus républicains militent déjà pour qu'il obtienne le Nobel de la paix, le président a ironisé mercredi :
" Tout le monde pense que jelemérite, a-t-il déclaré en marge d'une réunion de cabinet.
Le prix que je veux est la victoire pour le monde (…)
parce que c'est ce dont nous parlons, donc, c'est le seul prix que je veux. "
Gilles Paris
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