Eric Wœrth a menti. Interrogé dans le cadre de l'affaire Bettencourt, le député Les Républicains de l'Oise avait affirmé qu'il n'y avait eu aucune circulation d'argent liquide durant la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, dont il était le trésorier. La justice s'était ensuite montrée clémente à son endroit en prononçant un non-lieu en 2013 sur les accusations de financement illicite de campagne par l'héritière de L'Oréal.
Mais ses propos étaient fallacieux et il a été contraint de le reconnaître, en mai 2017, devant les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption chargés des investigations sur l'argent libyen. Oui, il a bien manipulé des espèces lors de la campagne de M. Sarkozy pour un montant approchant, selon son estimation, près de 30 000 euros. Et celles-ci n'ont pas été déclarées dans les comptes de campagne. Convoqué lundi 28 mai par les juges chargés de l'enquête libyenne, il a été mis en examen pour
" complicité de financement illicite de campagne ".
Pour sa défense, il avait assuré qu'il s'agissait de dons anonymes déposés directement au siège de l'UMP. Rien à voir, selon lui, avec un quelconque argent venu de Tripoli dont il n'a jamais eu connaissance.
" Je pensais que cet argent provenait de personnes qui voulaient aider et qui ne voulaient pas apparaître. (…)
Cet argent me gênait, c'était plus encombrant qu'un don du ciel. Nous avons pensé à le détruire ou à le donner à une œuvre ", a-t-il affirmé. Des propos contredits par la responsable du courrier à l'UMP pendant la campagne, qui a assuré n'avoir jamais vu aucun courrier contenant des espèces. En tant que trésorier et président de l'association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, il a préféré, dit-il, distribuer cet argent aux salariés les plus méritants de l'équipe. Il assure avoir voulu
" gratifier toute une série de personnes qui avaient contribué à la campagne, peu importe le statut de rattachement des bénéficiaires. (…)
Il s'agissait de faire plaisir, de gratifier ceux qui avaient particulièrement participé à la campagne ou ceux qui avaient engagé des frais qui n'avaient pu être remboursés suffisamment ".
Et s'il n'a rien déclaré à la commission, c'est parce que ces gratifications sont intervenues après la campagne.
Message de soutienDes explications
" captieuses ", c'est-à-dire destinées à tromper, ont estimé les policiers, qui soulignent
" l'absence de sincérité des comptes de campagne ". Lucides, les enquêteurs notent toutefois dans un rapport qu'
" en raison d'un manque évident de sincérité dans les déclarations des différents protagonistes, il était utopique d'évaluer précisément l'ampleur de la distribution d'espèces durant et à l'issue de la campagne présidentielle 2007 de M. Sarkozy ".
Mardi, l'avocat de M. Wœrth, Jean-Yves Le Borgne, a affirmé que son client
" s'insurge contre la poursuite dont il fait l'objet, affirmant avec vigueur (…)
qu'il n'a rien à voir avec “l'affaire libyenne” ". Sollicité par M. Wœrth, le groupe LR de l'Assemblée nationale a manifesté soutien au président de la commission des finances, qui n'a pas l'intention de lâcher son poste.
" Face à cette nouvelle épreuve qui lui est imposée, les députés LR, connaissant la probité d'Eric Wœrth ainsi que son sens de l'intérêt général, lui renouvellent unanimement leur confiance et leur soutien et lui témoignent toute leur affection ", dit le groupe.
Simon Piel
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